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Répartition des revenus pétroliers dès le début des exportations

Le Tchad, pays enclavé et un des plus pauvres d'Afrique, est devenu cette semaine exportateur de pétrole lorsque le pétrole brut a commencé à couler de son oléoduc, long de 1 070 km, vers le terminal d'exportations flottant au large de la côte du Cameroun.

Il est prévu que la production des champs pétroliers du bassin de Doba, dans le sud du Tchad, passe de 50 000 barils, initialement, à un maximum de 225 000 barils par jour pendant 25 à 30 ans.

ExxonMobil, la société qui exécute le projet, estime que le boom pétrolier injectera dans les coffres de l'Etat tchadien plus de 2,5 milliards de dollars en revenus et royalties.

Le consortium pétrolier, composé des compagnies pétrolières américaines ExxonMobil et Chevron, de Petronas (Malaisie) et de la Banque mondiale, a commencé à pomper du pétrole de l'oléoduc lundi.

Si l'on en croit Michel Gallet, l'administrateur général de la COTCO, l'entreprise opérant l'oléoduc, le premier pétrolier chargé de pétrole brut tchadien devrait prendre la mer dans trois mois au terminal d'exportations du port de Kribi, à onze kilomètres au large du Cameroun.

Ce n'est pas pour autant que ce pays sahélien de huit millions d'habitants, en proie à la guerre civile pendant une bonne partie de ses 43 ans en tant qu'Etat indépendant, va devenir riche et baigner dans l'abondance du jour au lendemain.

A l'heure actuelle, le Tchad dépend de l'agriculture de subsistance, de l'élevage et de l'exportation du coton pour générer un produit national brut de juste 267 dollars par tête. La Banque mondiale estime que quatre-vingt pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Le président Idriss Déby, qui dirige depuis treize ans cette ancienne colonie française, est considéré par les diplomates comme étant à la tête d'un des gouvernements les plus corrompus d'Afrique. Et bien qu'officiellement, il tolère les partis d'opposition et organise régulièrement des élections, à l'heure du bilan, son administration fait piètre figure en matière de démocratie et de liberté de la presse.

Il n'en reste pas moins que la Banque mondiale et trois des plus grandes sociétés pétrochimiques mondiales ont investi 3,7 milliards de dollars pour développer les énormes réserves pétrolières du Tchad, après avoir établi un cadre juridique qui garantit - théoriquement du moins - que les revenus pétroliers du pays serviront à des projets de réduction de la grande pauvreté au lieu d'achats d'armes ou de l'enrichissement d'individus de l'élite régnante.

Si cela se produit, ce sera un petit miracle. Les diplomates et le Fonds monétaire international se demandent où va chaque année le million de dollars de revenus pétroliers de l'Angola. Et la population de la Guinée équatoriale attend toujours de partager les bénéfices de la production de pétrole qui permettent au président Teodoro Obiang et à ses collègues au gouvernement de mener un train de luxe.

Cependant, en décembre 1998, la Banque mondiale qui a investi 200 millions de dollars dans le projet de développement du pétrole tchadien, ainsi que les sociétés pétrolières partenaires, ont persuadé le parlement tchadien de passer une loi sur la gestion du revenu réservant 95 pour cent des futurs revenus publics issus des projets pétroliers à la promotion du développement économique et social.

En vertu de cette loi, 80 pour cent de toutes les royalties et des dividendes issus du projet pétrolier seront réservés aux dépenses pour les secteurs de l'éducation, la santé, aux services sociaux, au développement rural et à l'aménagement de l'eau. Dix pour cent seront placés dans un fonds fiduciaire pour les générations futures, et cinq pour cent seront alloués à des projets de développement dans la région de Doba productrice de pétrole, de sorte que la population locale tire un profit direct de la manne pétrolière.

Les communautés locales se sont en effet plaintes du peu de profit qu'elles tiraient des revenus pétroliers, ce qui a donné lieu à de violents conflits dans la région du Delta du Niger, au Nigeria, et dans l'enclave angolaise de Cabinda, qui regorge de pétrole.

Les déboursements du Compte spécial des revenus pétroliers tchadiens seront contrôlés par un comité spécial de vérification constitué de représentants du gouvernement, du parlement, de la cour suprême et de la société civile. Celui-ci devra autoriser toutes les dépenses issues du fonds pétrolier.

Des vérifications annuelles des revenus pétroliers publics et de leurs dépenses seront publiées.

La Banque mondiale escompte donc que le Tchad, en dépit du fait que son gouvernement soit l'un des moins prometteurs d'Afrique, devienne un modèle de transparence et de responsabilisation publique quand il s'agira de dépenser les futurs revenus pétroliers.

"Je suis rassuré que les structures soient en place pour garantir que les ressources pétrolières conduisent à une réduction visible de la pauvreté dans les prochaines années et rehaussent les niveaux de vie dans le pays", a déclaré Grégor Binkert, l'administrateur de la Banque mondiale dans la capitale N'Djaména.

Callisto Madavo, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, est également un brin optimiste. "Ceci constitue une occasion unique d'améliorer le niveau de vie dans l'un des pays les plus pauvres du monde', a-t-il conclu.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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