Le retrait des réservistes a permis d'améliorer la sécurité bien que la situation demeure très tendue, selon des sources humanitaires présentes sur le terrain. Le gouvernement a également transféré certains policiers des deux communautés travaillant dans le secteur en raison de leur présumée partialité lors des accrochages.
Le commissaire local du district, James Waweru, a indiqué que 80 armes illégales ayant soi-disant servi durant les affrontements ont également été récupérées, a rapporté le Standard. Parmi ces armes illégales ont été retrouvées 60 armes fabriquées maison et 20 fusils d'assaut de toutes sortes, et plus de 14 personnes soupçonnées d'avoir joué un rôle dans les querelles tribales ont été arrêtées, a précisé M. Waweru. Cent huit personnes ont été tuées lors des affrontements depuis le mois de mars, a-t-il ajouté.
Plus de 50 personnes ont été tuées durant la dernière flambée de violence à Tana River, qui a commencé le 20 novembre dernier lorsque des fermiers Pokomo et des pasteurs Orma se sont disputés au sujet de leurs droits à la terre et aux ressources en eau. La situation s'était nettement calmée à la mi-décembre.
Tandis que les Pokomo accusent les Orma de laisser leur bétail empiéter sur leurs fermes et détruire leurs cultures, les Orma se plaignent du fait que les terres agricoles des Pokomo sont trop proches des rives du fleuve Tana, ce qui empêche les bergers d'utiliser le fleuve pour abreuver leurs bêtes.
La querelle est née en décembre 2000, à la suite d'un programme controversé d'adjudication de terres, permettant aux Pokomo d'obtenir des titres de propriété pour les terres qu'ils cultivent. Les Orma se sont opposés à ce programme car il risquait de restreindre leur accès aux terres de pâturages, selon des analystes régionaux.
L'adjudication des terres est un des principaux facteurs ayant déclenché les heurts, selon Pius Murithi, coordinateur adjoint au développement de l'ONG internationale CARITAS, activement impliquée dans les efforts de restauration de la paix sur le terrain.
Le processus d'adjudication des terres doit reprendre dès que le calme sera retourné dans la région, mais M. Waweru a indiqué lundi que le programme d'adjudication avait été suspendu jusqu'à nouvel ordre, tandis que les autorités attendent les résultats de consultations d'un groupe d'initiative de paix, a rapporté le Standard.
Le journal a également rapporté que Michael Kaseme, directeur auprès de l'Administration pour le développement côtier, appuie la thèse de M. Waweru selon laquelle les affrontements actuels ont été initiés et entretenus par la classe politique. M. Kaseme a accusé les dirigeants d'attiser les flambées de violence et selon lui, ils devraient être considérés comme les instigateurs présumés des émeutes, lisait-on dans l'article.
Réagissant aux accrochages de Tana River et aux récents affrontements dans la banlieue Kibera de Nairobi, l'Eglise catholique du Kenya a marqué lundi le début des fêtes de Noël en mettant en garde les politiciens contre toute forme d'incitation du public en prévision des élections générales de l'année prochaine.
L'archevêque Ndingi Mwana a'Nzeki a déclaré que l'Eglise dénoncerait les dirigeants proférant des propos incendiaires en public, et qu'elle userait de son pouvoir pour s'opposer à toute tentative visant à semer la zizanie parmi les Kenyans, a rapporté mercredi le quotidien Daily Nation.
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