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Pleins feux d'IRIN sur le début des pourparlers de réconciliation

Un forum visant à trouver des solutions aux principaux problèmes politiques et sociaux de la Côte d'Ivoire a débuté mardi à Abidjan avec l'absence remarquée des trois politiciens les plus importants du pays.

Le Forum de Réconciliation Nationale, qui doit durer deux mois, implique les représentants des partis politiques, des communautés religieuses, des organisations non gouvernementales, des groupes des droits de l'homme et d'autres institutions. Son mandat est « d'analyser en profondeur la cause des
problèmes sociaux politiques qui dominent aujourd'hui en Côte d'Ivoire », a déclaré son président Seydou Elimane Diarra, aux centaines de délégués qui assistaient à l'ouverture de la session de mardi.

M. Diarra a lancé un appel aux trois grands absents, l'ex-président Henri Konan Bédié, le général Robert Gueï et le chef de l'opposition Alassane Ouattara à « faire montre d'humilité » en assistant aux discussions. «Les nations vous regardent », a-t-il déclaré.

MM. Bédié et Ouattara, chef du Rassemblement des Républicains (RDR ), ont invoqué des inquiétudes pour leur sécurité parmi les raisons de leur absence. Les deux vivent en exil en France: M. Ouattara depuis le milieu de l'an 2000 ; M. Bédié depuis son renversement en 1999.

M. Bédié, évincé du pouvoir par un coup d'état sanglant le 24 décembre 1999 qui a porté le général Gueï au pouvoir, est entré dans ce qui est indiscutablement l'une des périodes les plus turbulentes de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Elle a été ponctuée par des mutineries de l'armée, des assassinats et des coups d'état, des manifestations xénophobes, des violences électorales, des abus des droits de l'homme et une instabilité générale.

Durant cette période, les divisions ethniques et religieuses se sont approfondies, tandis que les relations avec les pays voisins et avec la communauté internationales se sont tendues.

Le forum se focalisera sur six thèmes: les problèmes politiques, la gouvernance, les problèmes socioculturels, la sécurité, l'immigration, les relations étrangères et l'image de la Côte d'Ivoire. « Rien ne sera tabou » avait assuré M. Diarra à l'hebdomadaire Jeune Afrique/l'Intelligent, il y a quelques semaines. Pourtant, l'organisation de la rencontre n'a pas été chose facile. L'un des obstacles a été le forum lui-même. D'aucuns ont affirmé que son mandat et son objectif ont été vagues. Plus encore, ses recommandations ne sont pas contraignantes.
Un autre obstacle a été l'opposition au choix de M. Diarra, nommé par le président Laurent Gbagbo pour présider les discussions. Il a été désigné en août mais jusqu'à la semaine dernière, il y avait encore des appels pour un nouveau facilitateur notamment Jean Jacques Bechio, un officiel du RDR qui a passé quatre mois en prison cette année pour complot visant à renverser le gouvernement. M. Bechio a affirmé que le forum avait besoin « d'un facilitateur internationalement connu ». Alors que le RDR assistait à la session d'ouverture, sa participation était en doute jusqu'à la dernière minute depuis qu'il a posé un certain nombre de conditions dont la réhabilitation de ses chefs, une reprise des élections législatives et la libération des détenus du RDR.

M. Ouattara, ancien directeur adjoint au Fonds monétaire international (FMI), a occupé le poste de premier ministre de la Côte d'Ivoire de 1990 à 1993. Cependant, en septembre 2000, la Cour suprême l'a disqualifié de la course
à la présidence sous prétexte qu'il n'était pas ivoirien de souche.

Le 22 octobre, l'élection présidentielle a été remportée par M. Gbagbo. Quand le 24 décembre, le général Gueï a autoproclamé sa victoire, des milliers de personnes sont descendues dans les rues. Plusieurs personnes ont été
tuées par les forces de l'ordre, mais M. Gueï a été contraint de renoncer au pouvoir.

Cependant, le 25 octobre, les partisans du RDR ont manifesté contre la disqualification de M. Ouattara et ont appelé à des nouvelles élections. Ceci a conduit à des affrontements avec les partisans d'autres partis qui, selon les organisations des droits de l'homme et d'autres sources, étaient épaulés par
les membres de la gendarmerie et de la police.

Le 27 octobre 2000, un jour après l'investiture de Gbagbo, les corps de 57 jeunes hommes ont été découverts dans une clairière à Yopougon, une banlieue d'Abidjan. Le RDR et les organisations des droits de l'homme ont annoncé que les corps appartenaient à des partisans du RDR et les personnes
avaient été tuées car elles étaient du nord, comme M. Outtara et les sympathisants de son parti.

De nouvelles protestations ont éclaté en décembre, quand M. Outtara a été disqualifié des élections parlementaires, une nouvelle fois pour des questions de nationalité.

Puis, au début de janvier 2001, le gouvernement a signalé qu'un coup d'état avait échoué. Les responsables du gouvernement l'ont mis sur le compte du RDR.

Les agitations de 2000-2001 ont fait 303 morts selon le bilan officiel, alors que des centaines de partisans du RDR ont été arrêtés. Certains ont été jugés. D'autres comme M. Bechio, ont été arrêtés puis relâchés sans être présenté devant le juge.

M. Gbagbo a annoncé au forum que les prisonniers politiques allaient être bientôt libérés. Il a demandé au RDR de rejoindre son gouvernement car « vous y avez vos sièges ». Le gouvernement est composé du Front Populaire Ivoirien (FPI) de M. Gbagbo, du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire et du Rassemblement
Démocratique Africain (PDCI-RDA) de M. Bedie, et du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT).

Des personnalités étrangères assistaient à l'ouverture de la session de mardi dont les présidents du Ghana, John Kufuor et du Mali, Alpha-Omar Konaré, le sous secrétaire général des Nations Unies, Ibrahima Fall et le ministre de la coopération française, Charles Josselin.

Des slogans sur les premières pages des différents quotidiens reflétaient l'espoir que le forum cicatrise les divisions de la société ivoirienne. «Main dans la main, construisons une Côte d'Ivoire unie», disait l'un, « Ne laissez pas la politique nous diviser » et « à côté du lit d'une mère mourante, ses enfants ne combattent pas, ils se réconcilient », lancent les autres.

La télévision officielle fait passer une voix pop dans laquelle les gens affirment vouloir que cela soit un succès.

Quelques observateurs ont exprimé le vœu que le forum donne aux participants au moins l'opportunité de s'exprimer ouvertement. Pour M. Diarra, cependant, cela ne serait pas suffisant. « Si le forum ne se termine pas par un réel pacte républicain, alors j'aurai peur pour mon pays », a-t-il commenté récemment.








This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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