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Les villes des Philippines s’attaquent au changement climatique

A family from Davao that is staying put post-floods -- illegally Phuong Tran/IRIN
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Les villes des Philippines s’attaquent au changement climatique

Illégalité – une famille de Davao a décidé de rester chez elle après les inondations
DAVAO, 20 March 2013 (IRIN) - Interrogé sur la signification du mot « résilience », le responsable de l’aménagement urbain de Davao, deuxième ville des Philippines, a dit que, pour les Philippins, elle correspond au niveau qui doit être atteint par les eaux de crue pour qu’ils acceptent d’être évacués. « Lors des dernières inondations, l’eau devait monter jusqu’à la poitrine », a dit Roberto Alabado III, faisant allusion aux inondations de la mi-janvier. Celles-ci ont affecté des milliers de citadins, et surtout les habitants des bidonvilles, qui ont refusé d’être évacués avant d’avoir de l’eau jusqu’à la poitrine.

« C’est notre limite », a dit M. Alabado avec ironie.

Selon le gouvernement philippin, Davao est l’une des quatre villes sujettes à des risques élevés de catastrophes naturelles liées au changement climatique. Bopha, un typhon de catégorie 5 (vents d’au moins 250 km/h), a effleuré Davao avant de balayer l’île de Mindanao, située au sud de l’archipel, au début du mois de décembre. Il a fait environ 2 000 morts et disparus.

« C’est effrayant », a reconnu M. Alabado. « Peut-on réussir à tout faire ? Nous n’avons pas réglé [tous les] problèmes de ces 20 dernières années – comme l’assainissement – et maintenant il faut penser aux problèmes [liés au climat] des 20 années à venir ».

La majorité des initiatives prises par la ville en matière de catastrophes se sont axées sur la réponse. Cette réponse d’urgence, considérée comme la plus solide dans le pays, a contribué à renforcer la réputation de Davao (en 2002, elle a ouvert un service de réponse d’urgence « 911 », inspiré du numéro d’urgence mis en place aux États-Unis), mais les autorités ont finalement compris l’importance pour la ville de prévenir les catastrophes liées au climat, de s’y adapter et, si possible, de les éviter, a-t-il ajouté.

« La sensibilisation ne suffit pas », a dit Stephen Anderson, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le pays. « Les gouvernements locaux disposent d’une cartographie des risques climatiques menaçant certaines zones, mais il faudrait former des personnes à l’interprétation de cette cartographie, ce qui pourraient ensuite leur permettre de planifier une réponse aux dangers », a-t-il dit à IRIN, expliquant pourquoi le PAM, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), soutenait le « climate proofing » [amélioration de la résilience face aux risques climatiques] de quatre villes - Iloilo, Cagayan de Oro, Butuan et Davao – dans le cadre d’un programme d’adaptation au changement climatique. Financé par les États-Unis, ce programme aide les responsables de la ville à mener des évaluations de la vulnérabilité et à mettre en application des projets pilotes basés sur l’identification des risques climatiques.

Débats sur l’adaptation

Lors d’une récente réunion organisée par le PAM, des responsables locaux ont été invités à parler de ce que signifie le changement climatique pour la ville. Cette réunion n’était pas la chose la plus naturelle du monde, a dit M. Alabado.

« Avant, je pensais simplement qu’il fallait intégrer la cartographie des risques géologiques dans les politiques d’aménagement du territoire, et c’est comme si c’était fait. Aujourd’hui, nous savons que chaque secteur doit élaborer sa politique afin de créer une ville capable de s’adapter au changement climatique. Quel est le degré de vulnérabilité des services de soins de santé ? Quel est le risque d’avoir une épidémie de dengue ou de paludisme ? », a demandé M. Anderson.

« La tâche est immense », a dit à IRIN Emmanuel Jaldon, responsable du bureau de Réduction et de Gestion des risques de catastrophes de la ville. « Il y a eu des différends sur les meilleures approches pour répondre au changement climatique ».

Curer les canaux ? Planter du bambou et des hévéas pour prévenir l’érosion des sols ? Déplacer les habitants des bidonvilles ? Réhabiliter les berges de la rivière ? La ville a envisagé ses options et les a mises en œuvre – avec des succès variables.

À Matina Crossing, l’une des 182 unités administratives (« barangays ») de Davao, les responsables n’ont pas réussi à réinstaller les habitants des zones inondables (qui constituent la moitié de cette unité densément peuplée), même après les inondations de 2011 qui ont fait trois morts au sein de la communauté et ont totalement ou partiellement endommagé près de 12 000 maisons.

Samuel Bodionga, père de trois enfants, a décidé de rester plutôt que de se réinstaller à 20 km de là, sur le site de relogement proposé. « C’est difficile de vivre loin de la ville. Je ne veux pas dépenser mon argent dans les transports ou être loin du marché », a-t-il dit.

Outre l’évaluation des risques dans la ville et la cartographie des dangers, les pauvres disposent de leurs propres mesures d’évaluation des risques, a dit M. Alabado, responsable de la planification urbaine de la ville. « Ils risquent leur vie et leur maison pendant les inondations. Il est toujours préférable de se déplacer fréquemment d’un endroit que l’on connaît que de se réinstaller dans un endroit que l’on ne connaît pas... En fin de compte, il s’agit de parvenir à un équilibre entre [leur] sécurité et leurs droits de propriété ».

Prochaines étapes

En plus de chercher des dispositions permettant de rendre la réinstallation plus attractive, la ville réexamine sa politique d’aménagement du territoire, qui a été révisée pour la dernière fois en 1996 et adoptée en 2000.

Les responsables recensent le nombre de personnes qui, sur les 1,6 millions d’habitants que compte la ville (officiellement, mais officieusement, ce nombre pourrait être deux fois plus élevé), vivent dans les zones vulnérables aux inondations. Dès mars, ils essayeront de renforcer l’agriculture urbaine.

La ville a investi deux millions de dollars pour financer un super centre d’information, entièrement équipé de caméras de surveillance, qui émettra des alertes précoces en cas de catastrophes naturelles ou d’origine humaine.

Depuis plusieurs années déjà, la ville travaille avec les agriculteurs pour limiter le volume de déchets après récolte et promouvoir le compostage. Dans le cadre de programmes argent contre travail, les agriculteurs sont incités à utiliser des « cultures-abris » pour maintenir la fertilité du sol et à planter du bambou, des arbres fruitiers et des hévéas pour consolider les berges de la rivière.

« Nous cherchons des solutions douces », a dit M. Alabado, qui recherche les moyens de renforcer la résilience de la ville aux conditions météorologiques exceptionnelles, de décourager le développement dans les zones vulnérables aux inondations grâce aux restrictions imposées en matière de zonage, et de reloger les habitants des zones à risques. « Des solutions dures, comme les digues, ne feront que déplacer les risques ».

D’après plusieurs indices de risque, les Philippines sont l’un des pays – si ce n’est le pays – les plus vulnérables aux catastrophes naturelles dans le monde. Si l’on prend en compte les dix premiers mois de l’année 2012, les Philippines sont le deuxième pays le plus touché par les catastrophes naturelles (16 pour les Philippines, 18 pour la Chine) dans le monde et à la fin de l’année, le pays a vécu la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’année lors du passage du typhon Bopha (également connu sous le nom de Pablo).

pt/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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