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Amina Abdalla, « Il y aura la guerre…Les gens se battront à cause de l’eau »

[Kenya] Women queue for water in a drought-stricken district of Kenya. [Date picture taken: 02/23/2006] John Nyaga/IRIN
Women queue for water in this file photo: Many parents in Kilifi have stopped sending their children to school due to a scarcity of food and water
Amina Abdalla, 45 ans et mère de sept enfants, vit dans le district de Marsabit, au nord du Kenya, où la vie est une lutte quotidienne pour l’eau et les terres de pâturages qui y sont rares.

La famille de Mme Abdalla vit avec quelque 10 litres d’eau par jour, nettement moins que les 20 à 50 litres par personne et par jour recommandés par les Nations Unies. Elle a parlé à IRIN/PlusNews de son combat journalier pour avoir de l’eau.

« Quand c’est au tour de ma manyatta [petit village] d’aller chercher l’eau, je me lève à quatre heures du matin, pour être sûre qu’à midi j’aurai reçu ma part d’eau. En général, je trouve une queue déjà très longue et certaines personnes qui sont déjà dans la queue te disent qu’elles sont là depuis 3 heures du matin.

« Nous les femmes, nous venons parfois au point de vente d’eau avec des petits enfants et nous attendons notre tour toute la journée. Toute la journée, les enfants pleurent de faim sous un soleil brûlant, mais à ce moment-là, c’est l’eau qui est la priorité.

Pour le distributeur, peu importe la taille de la famille. Nous avons juste droit à cinq jerrycans de 20 litres et nous sommes censés faire durer ça pendant 10 jours avant de pouvoir venir en rechercher plus.

Quand je finis mon eau – ce qui est toujours le cas avant les 10 jours parce que j’ai une grande famille – nous achetons de l’eau aux vendeurs ambulants. Ils vendent un récipient de 20 litres à 50 shillings [0,54 dollar], ce qui est très cher, mais que puis-je faire d’autre ? Quelquefois, tu finis par dépenser l’argent destiné à la nourriture pour acheter de l’eau, parce que même si tu as à manger, tu ne peux pas le faire cuire sans eau.

J’ai appris à mes enfants à se laver à tour de rôle, deux par jour, quand j’ai l’eau. En trois jours, mes sept enfants sont lavés. Je dois réserver l’eau pour les choses vraiment importantes et pour ma famille, se laver chaque jour ne fait pas partie de ces choses importantes. La lessive n’est pas une obligation et il faut faire preuve de créativité et remettre les mêmes vêtements souvent pour économiser l’eau.

J’ai sept enfants mais il y aurait dû y en avoir plus : j’en ai perdu trois à cause du choléra parce que nous vivons dans un environnement sale à cause du manque d’hygiène … On ne peut pas avoir une bonne hygiène sans eau.

Il y a des puits creusés dans la forêt, mais une femme ne peut pas s’y rendre parce que si tu y vas, des hommes peuvent t’attaquer et te violer. Ceux qui viennent avec leurs troupeaux ne respectent pas davantage les femmes et ils nous forcent à laisser les points d’eau à leurs bêtes.

Ici à Marsabit, on aura la guerre un de ces jours, et ce ne sera pas pour les bêtes ni pour les terres… Il y aura la guerre parce que les gens se battront pour l’eau. »

ko/kr/mw –og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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