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Trop faibles, les séropositifs peinent à obtenir une aide alimentaire

A Nairobi City Market trader shows his goods on March 7, 2011. FAO has said that the number of malnourished people in the world has fallen to 925 million people last year from an estimated 2009 peak of 1,023 billion, but that even this new figure is unacc Siegfried Modola/IRIN
A Nairobi City Market trader shows his goods
Chaque matin, Julia Aukot parcourt 17 kilomètres à pied pour se rendre à Isiolo, à l’est du Kenya, à la recherche de travail afin de nourrir ses six enfants et son mari souffrant ; le voyage est éprouvant, mais en tant que seul soutien de famille, elle n’a pas le choix.

« Ici au village, il n’y a [absolument] rien à faire pour gagner de l’argent ou acheter de la nourriture. Alors chaque matin à 6 heures, je me rends à Isiolo, où je fais de menus travaux pour des gens et… où j’achète de la nourriture pour mes enfants et mon mari », a raconté cette femme de 39 ans à IRIN/PlusNews.

Lorsqu’elle ne trouve pas de travail, Mme Aukot fait la manche dans les rues d’Isiolo, ce qu’elle trouve profondément humiliant, ou se rend dans un abattoir voisin pour récupérer le peu de viande qui reste sur les carcasses.

« Une fois qu’ils ont pris la bonne viande sur les animaux, je les suis avec un couteau et je découpe la viande qu’il reste dans les peaux », a-t-elle ajouté. « Lorsque j’en ai récupéré suffisamment, je la ramène à la maison et nous la mangeons ; mes enfants et mon mari se sont habitués à manger la viande sans ugali [un aliment de base kényan fabriqué à partir de maïs]. Je n’ai pas de quoi acheter de la farine de maïs ».
Un sac de 90 kilos de maïs, qui coûtait 2 500 KSH (27,10 dollars) en 2010 coûte désormais pas moins de 4 800 KSH (52 dollars).

Autrefois, le mari de Mme Aukot l’aidait, mais la mauvaise alimentation de la famille ces derniers temps l’a considérablement affaibli. Il suit un traitement antirétroviral, et le manque de nourriture exacerbe les effets secondaires des médicaments, ce qui l’empêche de contribuer aux revenus de la famille.

« Il est malade, ce n’est pas de sa faute ; s’il ne mange pas, les médicaments ne peuvent pas l’aider », a indiqué Mme Aukot. « Je ne peux pas m’asseoir et le regarder dépérir… il est si faible, pour moi il n’y a pas de différence entre lui et les enfants ».

En raison notamment d’une période sèche prolongée, quelque 3,6 millions de Kényans ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Mme Aukot et sa famille ont droit à cette aide, mais le piètre état des routes empêche la nourriture d’arriver jusqu’à leur village. La plupart des villageois marchent jusqu’à Isiolo pour obtenir l’aide alimentaire, mais les plus faibles n’ont souvent pas l’énergie nécessaire pour s’y rendre.

« Nous disposons de nourriture pour les personnes dans le besoin, mais l’accès à certaines zones est tout simplement trop difficile », a expliqué un travailleur humanitaire à IRIN/PlusNews. « Lorsque la nourriture leur parvient enfin, beaucoup sont déjà repartis sans rien à manger pour plusieurs jours ».

Lillian Naseo, une travailleuse sociale communautaire d’Isiolo, mendie de la nourriture auprès d’autochtones charitables pour la partager ensuite avec les personnes atteintes du VIH et les tuberculeux.

Trop faibles pour marcher

« Ils ne peuvent pas marcher pour aller chercher de la nourriture, pas uniquement pour eux mais aussi pour leurs familles, alors je mendie pour eux… Je vais dans les restaurants et, lorsque l’on me donne des restes, je les leur apporte », dit-elle. « Mais ce n’est pas suffisant, car je ne connais pas toutes les personnes séropositives de la région d’Isiolo ».

Selon les représentants locaux de la santé, le taux de prévalence du VIH à Isiolo est supérieur à 4 pour cent.

Junnius Mutegi, responsable régional en nutrition pour la région de Garba Tula, au nord est du Kenya, a dit : « La vie est dure pour tout le monde, mais lorsque l’aide alimentaire ne parvient pas à temps aux personnes vivant dans ces zones rurales, beaucoup de séropositifs trouvent qu’il est très difficile de survivre, car ils ne peuvent pas se rendre jusqu’aux centres d’approvisionnement pour obtenir de la nourriture. Soit vous la leur amenez, soit ils meurent de faim ».

À un carrefour poussiéreux de Garba Tula, Hawa, une femme séropositive de 41 ans, mendie de l’argent et de la nourriture aux passants. Elle est trop faible pour travailler, et faute d’un réseau de soutien solide, elle dit qu’elle a pour seules options de mendier ou de mourir ».

« Je dois manger, mais je ne peux pas travailler. Je dépends donc de l’aide alimentaire, mais elle ne vient pas tous les jours, alors je me suis installée en ville pour mendier », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews. « Je ne peux pas mendier au village, car tout le monde est comme moi… eux aussi ont besoin de nourriture ».

D’après M. Mutegi, la situation exige que de nouvelles solutions soient trouvées pour garantir l’accès des plus vulnérables à l’aide alimentaire.

« Je pense que la situation exige que l’on innove, afin que même lorsque les routes sont mauvaises on puisse utiliser des chameaux ou des ânes pour garantir que l’aide alimentaire parvienne en temps voulu à ceux qui en ont besoin », a-t-il dit. « Les personnes atteintes du VIH et sous traitement antirétroviral ont vraiment besoin de nourriture… Sans quoi ils risquent de commencer à ne plus respecter leur médication, et ce serait grave si on en arrivait là ».

*nom d’emprunt

ko/kr/am/mw-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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