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L’héritage du cyclone Bingiza

Flood waters in Madagascar after Cyclone Bingiza struck the Indian Ocean island of Madagascar on 14 February 2011 Hannah McNeish/IRIN
Flood waters in Madagascar after Cyclone Bingiza
Si l’on ne craignait guère les dégâts immédiats provoqués par le cyclone Bingiza après son passage à Madagascar, l’insécurité alimentaire devrait en revanche s’aggraver dans l’ensemble de l’île, dans le sillage du cyclone.

Le cyclone Bingiza a frappé le nord-est de l’île le 14 février ; les vents violents qui se sont abattus sur les habitations peu solides des communautés d’agriculteurs de subsistance et de pêcheurs ont fait au moins six morts.

« C’est la pire période de l’année pour un cyclone : même s’il survient en janvier, ils peuvent recommencer à cultiver des variétés de riz à cycle court, mais s’il survient en février, ils ne peuvent pas recommencer à temps pour pouvoir récolter en avril », a expliqué à IRIN Didier Young, coordinateur d’urgence chez CARE International.

La saison des cyclones dure d’octobre à avril, et bien que, comme l’a confirmé le passage de Bingiza, ces événements climatiques soient particulièrement fréquents en février, les effets du cyclone se feront encore sentir pendant plusieurs mois à Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde.

« Si le riz reste inondé pendant une semaine, cela va le gâter », a dit M. Young. Environ 80 pour cent des 20 millions d’habitants de Madagascar vivent de la riziculture.

Bingiza s’est abattu sur la région de Sava au lever du jour, ravageant également les plantations de vanille, une culture de rente, et détruisant les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs de la péninsule de Masoala.

« La région touchée est la zone productrice de poisson de toute la région de Sava ; elle fournit des homards et des calamars aux régions touristiques du sud, et du poisson le long de la côte nord-est. Si les routes sont coupées, ils vont devoir faire sécher leur poisson, ce qui rapporte beaucoup moins que de le vendre frais », a expliqué Dasy Ibrahim, chef de projet chez CARE International, à Antalaha.

Le cyclone a traversé l’île pour s’engouffrer dans le canal du Mozambique, puis il a rebroussé chemin et balayé les régions du sud de Madagascar, qui avaient été touchées par des inondations au cours des semaines précédentes.

« Toutes les rizières sont inondées et toutes les récoltes sont perdues », a dit M. Young. « Les dégâts sont bien plus graves dans le sud que dans le nord, et maintenant, Bingiza revient par ici, ce qui veut dire que la situation va considérablement empirer ».

Selon les informations dont dispose actuellement le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), Bingiza aurait fait six morts et privé quelque 7 500 habitants d’un logement convenable.
« Nous avons besoin d’aide pour tout parce que tout ici a été détruit », a déclaré à IRIN François Jean-Baptiste Zafy, enseignant au village de pêcheurs de Vinanivao, dans la région de Sava.

Plus de la moitié des habitations et plusieurs bâtiments publics du village de pêcheurs ont été détruits, et quelque 3 000 personnes sont désormais privées d’un logement adapté.

« Toutes les rizières sont inondées et toutes les récoltes sont perdues »
Les eaux de crue et les arbres déracinés ont détruit les routes d’accès et le pont, privant le village de pêcheurs d’un accès vital aux marchés et aux vivres. Selon M. Zafy, on ne peut se rendre au village que par bateau, et les habitants ont également besoin de médicaments, nombre d’entre eux tombant malades après le passage des cyclones.

« Avant même le passage du cyclone, le riz [l’aliment de base] avait déjà atteint environ  2 000 ariary (un dollar) le kilo dans cette région, et maintenant que la marchandise ne peut plus être acheminée, cela va être encore pire », a prédit Dasy Ibrahim.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a pré-acheminé des réserves de riz et de légumes en conserves, les cyclones étant des catastrophes naturelles prévisibles dans les villes côtières du nord de Madagascar.

La reconstruction

Les bâtiments de la ville de Mananara, traversée par le cyclone, ont subi des dommages structurels, mais la situation semble bien plus grave dans la campagne environnante.

« J’arrive de la brousse en moto : beaucoup d’habitations ont été détruites ; de nombreux habitants sont sans abri et bloqués sur place », a indiqué Dominique Chan, maire de Mananara.

« Les gens d’ici vivent des cultures de rente, comme la vanille, le clou de girofle, le café et le poivre, mais nous, à Mananara, nous dépensons ce que nous avons, alors quand ?une catastrophe? se produit, telle qu’un cyclone, les fermiers n’ont pas d’argent pour se ravitailler immédiatement en vivres ».

Selon Dominique Chan, il est peu probable qu’il y ait une récolte de vanille cette année, compte tenu des dégâts causés par les vents du cyclone Bingiza, et l’économie de la région entière s’en ressentira.

« Les dégâts sont bien moins graves que prévu pour un cyclone de cette force, mais dans les mois qui viennent, des répercussions négatives pourraient être observées en matière de nutrition, étant donné que certaines cultures telles que les clous de girofle et le riz ont subi des dommages », a déclaré à IRIN Jean Yves Suter, directeur pays de Medair, une organisation humanitaire.

La reconstruction des habitations a commencé à l’aide de matériel facilement accessible dans les forêts environnantes, mais les « plus vulnérables, notamment les personnes handicapées, les femmes célibataires et les personnes âgées, n’ont pas la force, ni l’aide dont ils ont besoin pour aller dans la forêt couper du bois ou ramasser les matériaux nécessaires pour reconstruire », a indiqué M. Young.

« Il nous est arrivé ?dans le passé? de nous apercevoir, plusieurs mois plus tard, que certaines de ces personnes vivaient à même le sol sous leur toit effondré ».

nm/go/he – nh/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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