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Quand donc faut-il planter ?

A woman stands outside her temporary home and dried up maize crop in Epworth, Harare, Zimbabwe. Like thousands of other Zimbabweans her family has been forced to move to Epworth and build a temporary home as ongoing economic problems throughout Zimbabwe m Kate Holt/IRIN
A woman stands outside her temporary home and dried up maize crop in Epworth, Harare, Zimbabwe
Quand une pluie légère est tombée pendant deux jours de suite à la fin du mois d’octobre 2010, Gabriel Musonza, un agriculteur de 65 ans d’un village situé à environ 70 kilomètres au nord-est de la capitale zimbabwéenne Harare, a pensé que c’était le début de la grande saison agricole.

Avec l’aide de ses trois petits-enfants adolescents, il a commencé à cultiver son champ de 12 hectares. Mais, deux semaines plus tard, la pluie avait cessé et les semences qu’ils avaient plantées n’avaient pas germé. Les températures ont alors commencé à monter en flèche.

« Avant, nous savions que la mi-septembre représentait le début des activités agricoles intenses, mais maintenant, il est extrêmement difficile de dire quand il faut commencer à planter », a dit M. Musonza à IRIN.

Ses récoltes des trois dernières années ont été faibles et le manque d’engrais, ainsi que les périodes de sécheresse prolongées, n’ont pas aidé.

En 2009, les pluies ont commencé début novembre dans cette région et elles se sont arrêtées vers la mi-décembre pour reprendre la deuxième semaine de janvier 2010, mais elles ne se sont pas transformées en averses régulières.

M. Musonza est loin d’être le seul fermier à avoir du mal à anticiper, en raison de ces pluies imprévisibles, la grande saison agricole, qui commence généralement en septembre et se termine à l’époque des récoltes, en mars.

La plupart des petits agriculteurs zimbabwéens comptent sur une pluviosité régulière. C’est également le cas des agriculteurs commerciaux, car leur matériel d’irrigation a été en bonne partie saccagé ou volé au moment du programme de redistribution des terres, en l’an 2000.

« Il n’est plus possible de prévoir avec exactitude quand il faudra commencer à planter et, dans la plupart des cas, les agriculteurs finissent par devoir replanter », a dit à IRIN Denford Chimbwanda, président de l’Association des producteurs de semences et de céréales (Grain and Cereal Producers Association, GCPA).

Dans un rapport rédigé pour la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le gouvernement zimbabwéen a dit qu’il s’attendait à ce que le changement climatique affecte la principale culture vivrière de base, le maïs, dont la production pourrait devoir être abandonnée dans certaines régions de basse altitude, dans le sud du pays.

« Obligés de s’en remettre au hasard »

Washington Zhakata, coordonnateur national sur le changement climatique pour le ministère de l’Environnement, a dit que la quantité de précipitations avait diminué au fil des ans au Zimbabwe et que cela expliquait en partie les pénuries alimentaires. Il a ajouté que les maladies liées à l’eau comme le paludisme et le choléra étaient en augmentation. « Entre 1900 et 2000, 51,4 pour cent de toutes les saisons des pluies ont connu des précipitations inférieures à la normale et les catastrophes naturelles comme les sécheresses et les inondations ont augmenté », a-t-il dit à IRIN.

Il a dit que son équipe était en train de concevoir un schéma d’adaptation national et que des projets avaient été mis en place dans les zones rurales afin d’évaluer le niveau de vulnérabilité des agriculteurs et de leur apprendre à s’adapter au changement climatique. « Le niveau de sensibilisation concernant le changement climatique est encore très bas ».

« Entre 1900 et 2000, 51,4 pour cent de toutes les saisons des pluies ont connu des précipitations inférieures à la normale et les catastrophes naturelles, comme les sécheresses et les inondations, ont augmenté »
M. Chimbwanda, de la GCPA, a dit qu’en raison de l’incapacité du gouvernement à enseigner aux agriculteurs comment s’adapter aux conditions climatiques changeantes, ces derniers ne savaient pas quelle variété de semences utiliser. « Les fermiers sont obligés de s’en remettre au hasard, car ils ne savent pas s’ils doivent planter des semences à longue ou à courte saison végétative ».

M. Chimbwanda a vivement conseillé aux agriculteurs de planter des petites semences résistantes à la sécheresse comme le millet, mais il a admis que comme la plupart d’entre eux étaient habitués à cultiver du maïs, l’idée ne s’était pas encore imposée.

Selon un rapport publié en septembre 2009 par le Centre de services pour la gouvernance et le développement social (GSDRC), un regroupement de 12 organisations dont le siège se trouve au Royaume-Uni, le changement climatique devrait menacer fortement la production de maïs. Cette baisse de production devrait affecter les industries liées à l’agriculture et l’économie en général. Le rapport a également remarqué que peu de recherches sur le changement climatique avaient été menées au Zimbabwe au cours des cinq années précédentes.

Initiatives d’auto-assistance

En raison de la rareté des programmes agricoles financés par le gouvernement, des initiatives d’auto-assistance ont commencé à voir le jour au Zimbabwe.

Après avoir lui-même bénéficié du programme de sensibilisation d’une organisation non gouvernementale, Kuziva Chiriga, chef de village, ancien instituteur et agriculteur à temps partiel âgé de 62 ans, donne aux habitants de son village situé à environ 50 kilomètres au sud d’Harare, des informations sur le changement climatique.

« La plupart des gens pensent encore que l’évolution des précipitations est le résultat d’un mauvais sort jeté sur nous par les dieux traditionnels », a dit M. Chiriga à IRIN. « Ils sont convaincus que la meilleure façon de retrouver des précipitations fiables est d’apaiser nos ancêtres, mais même en faisant ça, les résultats ne sont pas probants, d’où le cycle de la faim ».

M. Chiriga enseigne aux villageois les méthodes de diversification des cultures et de conservation des sols, mais les préparations à la saison agricole de 2010-2011 sont désorganisées en raison de l’imprévisibilité des précipitations et du manque de ressources.

« La plupart des villageois d’ici disent qu’ils n’ont pas assez d’argent pour acheter suffisamment de semences et d’engrais », a dit M. Chiriga. Un sac de 25 kilos de semences de maïs coûte environ 25 dollars et la même quantité d’engrais environ 40 dollars. Ces prix sont exorbitants pour les villageois.

Les efforts du gouvernement

Le ministère de l’Environnement a mis en place des programmes visant à aider les citoyens à s’adapter aux faibles précipitations. Selon M. Zhakata, du ministère, l’un de ces programmes, qui consiste à enseigner aux agriculteurs de la province orientale de Mashonaland des méthodes de récupération de l’eau de pluie et d’agriculture, a stimulé les rendements.

« Nous encourageons les agriculteurs à renouer avec les filets de sécurité traditionnels comme le “zunde ramambo” [culture, récolte et stockage des produits agricoles pour un usage communautaire] et les cultures intercalaires… Le gouvernement est également en train de revoir les programmes scolaires pour s’assurer que le changement climatique soit enseigné aux élèves du primaire à l’université », a dit M. Zhakata.

Selon le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWSNET), les périodes de sécheresse de la dernière moitié de la saison des plantations de 2009-2010 ont compromis la sécurité alimentaire. En octobre 2010, on comptait au moins 600 000 personnes bénéficiant de programmes d’aide alimentaire.

fm/jk/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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