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Bon système d’alerte précoce, mais réponse tardive

Nomadic people leaving with their food aid in Diffa region, Niger Catherine-Lune Grayson/IRIN
Le système malien d’alerte précoce des crises est vanté dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest pour sa précision et son efficacité mais pour certains, l’alerte pourtant donnée au bon moment sur l’impact de pluies médiocres sur les terres de pâturage et la disponibilité de l’eau cette année n’a pas nécessairement été suivie d’une réponse rapide de la part du gouvernement ou de la communauté internationale.

Au Niger voisin, le Premier ministre Mahamadou Danda a demandé à la communauté internationale une aide d’urgence pour enrayer la crise d’insécurité alimentaire en mars 2010, mais le gouvernement du Mali ne l’a pas fait.

Le représentant d’une ONG, qui préfère garder l’anonymat, a dit à IRIN : « Le gouvernement du Mali était réticent à admettre la crise… D’un côté de la frontière, le gouvernement a déclaré une crise, tandis que de l’autre – à quelques kilomètres de distance – le gouvernement n’a rien dit, et pourtant il s’agissait des mêmes populations vulnérables confrontées aux mêmes problèmes de subsistance et souffrant du même manque de pluie ».

La décision du gouvernement pour réagir à la situation était fondée autant sur la politique que sur l’information, a dit à IRIN le responsable d’une autre ONG.

Le Système d’Alerte Précoce du Mali (SAP) a été créé en 1986 : Il consiste à mettre en place dans chaque subdivision administrative du Mali des équipes d’experts issus des ministères de l’Elevage, des Eaux et Forêts, et de l’Agriculture, ainsi que des responsables élus et des représentants des partis politiques. Ces équipes discutent du niveau des précipitations, de la santé animale et de la disponibilité de l’eau, rédigent un rapport qu’ils envoient aux autorités régionales et au gouvernement central, a expliqué le coordinateur SAP de la capitale Bamako, Mary Diallo.

Ce système SAP s’est aussi allié avec l’ONG Action contre la Faim (ACF) afin de mettre au point un logiciel pour prendre des photos satellite capables d’identifier les différent types de biomasse, ce qui permet de voir les quantités de végétation poussant dans des zones spécifiques. « Ces photos signifient que nous pouvons confirmer ou infirmer l’information que nous recevons des équipes techniques », a dit M. Diallo à IRIN. Bientôt les photos révèleront également la présence d’eau, ce qui aidera les agences à mieux prédire les routes empruntées par les éleveurs.

Le chef de mission d’ACF au Mali, David Kerespar, a dit à IRIN : « Le système d’alerte précoce a indéniablement contribué à fournir des informations pertinentes qui nous ont donné une idée des vulnérabilités du Mali cette année. Ces informations ont été utilisées par la Commission à la sécurité alimentaire en vue de cibler et d’adapter sa réponse ».

La politique face à l’information

Le système SAP marche parce qu’il est « technique, pas politique », a rappelé M. Diallo. « Nous disons la vérité au gouvernement et suggérons ce qu’il doit faire pour éviter la famine. Nous ne sommes pas là pour faire plaisir aux autorités, ou à nos partenaires ».

Malgré cela, le gouvernement a mis du temps à réagir à l’information et a décidé de ne pas déclarer une situation d’urgence, a dit le représentant de l’ONG. Le gouvernement a certes lancé des mesures pour aider les populations du nord, mais « il manquait au message transmis aux agences et aux médias internationaux l’élément d’alarme, et la réponse des donateurs, en conséquence, a été assez limitée ».

Parce qu’il n’y avait pas ce sentiment d’urgence, les agences des Nations Unies se sont aussi senties beaucoup plus concernées par la situation au Niger qu’au Mali, a dit le travailleur humanitaire. « Ils ont suivi la ligne adoptée par le gouvernement ».

Au Niger, après le coup d’Etat de février 2010, « tout a fondamentalement changé » en ce qui concerne l’ouverture du gouvernement face à l’ampleur de la crise, a dit à IRIN un travailleur humanitaire. L’administration précédente avait été réticente à admettre publiquement l’ampleur du désastre, comme cela avait déjà été le cas en 2005 ; on estime que plus de sept millions de personnes sont touchées par les pénuries alimentaires.

Il existe des systèmes d’alerte précoce au Niger mais ils ne sont pas aussi avancés que ceux du Mali, a dit ACF. L’organisme envisage d’étendre son système satellite au Niger.

L’ampleur des besoins était, et est encore, nettement plus grande au Niger qu’au Mali, où 258 000 personnes, selon les estimations, souffrent d’insécurité alimentaire. Mais les organismes humanitaires, dont le Comité international de la Croix-Rouge, ont dit à IRIN qu’ils auraient aimé élargir l’échelle des projets d’assistance au nord du Mali, compte tenu des ressources.

Les agences des Nations Unies n’ont pas fait de commentaires. Mais au plus fort de la crise, la responsable du Programme alimentaire mondial, Alice Martin-Dahirou, avait dit à IRIN que les agences avaient activement soutenu les efforts du gouvernement et avaient pris des initiatives pour rassembler tous les acteurs concernés afin de discuter d’un plan d’action.

Selon M. Diallo, la réponse gouvernementale était fondée sur les résultats du SAP. Le gouvernement et les donateurs ont distribué des céréales et des aliments pour animaux, et ont aidé au déstockage des animaux malades affectés par la sécheresse de 2009.

La récolte de 2010 devrait être bonne dans la plupart des régions concernées, suite à des pluies satisfaisantes. Une mission d’évaluation annuelle des récoltes par le Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (le CILSS) est actuellement en train d’évaluer les perspectives et devrait bientôt publier ses résultats.

aj/sd/cb/og/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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