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De la soupe d’algues pour survivre

Zambezi river basin. Tomas de Mul/IRIN
Montrant sa minuscule parcelle le long du fleuve Zambèze dans le centre du Mozambique, Tome Lande explique comment les plants de maïs sur la partie haute des berges en pente ont séché sur place durant la sécheresse et comment ceux du bas ont été emportés par les inondations. Toute sa récolte a disparu et il ramasse désormais les algues qui se déposent sur les bords du fleuve pour se remplir l’estomac.

« Nous avons simplement ramassé les algues du bord du fleuve pour en faire une sorte de soupe. Je ne sais pas si c’est nourrissant mais, c’est [tout] ce que nous pouvons trouver à manger », a dit à IRIN M. Lande, un paysan du district de Tambara dans la province mozambicaine centrale de Manica. « J’ai aussi ramassé des fruits sauvages pour ne pas mourir de faim ».

M. Lande est l’un des 300 000 Mozambicains qui malgré la récolte de maïs presque record de 1 878 millions de tonnes prévue pour la saison 2010-2011, aura besoin de l’aide alimentaire jusqu’en avril 2011, selon la dernière évaluation commune de l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.

Quelque 50 km en aval de la parcelle de M. Lande, dans le district de Chemba, Danile Mustiço a inspecté sa parcelle dévastée par les flots du Zambèze. « Cela fait des jours que j’ai mal au ventre, parce que je n’ai rien à manger », a-t-il dit. Le Zambèze traverse tout le pays avant de se jeter dans l’Océan indien.

La sécheresse du début de 2010 « a été suivie dans beaucoup d’endroits par de fortes pluies… provoquant des sécheresse localisées », a constaté le rapport du 12 août de la mission conjointe [FAO/PAM] d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire.

« Dans les plaines inondables du Zambèze et sur les îles qui apparaissent en période de basses-eaux, les cultures tardives utilisant l’humidité résiduelle sont une pratique courante chez les agriculteurs. Cette année cependant, une grande partie de ces plantations ont été emportées par le déferlement des hautes-eaux relâchées par le réservoir de Cahora Bassa qui était exceptionnellement plein, en raison de pluies violentes en amont », a indiqué le rapport.

M. Mustiço a dit qu’il « n’avait rien récolté : le peu que nous allions récolter sur l’île dans la rivière a été emporté par l’eau relâchée lors de l’ouverture des vannes du barrage hydroélectrique. C’est vraiment en désespoir de cause que nous mangeons des algues ».

« le peu que nous allions récolter sur l’île dans la rivière a été emporté par l’eau relâchée lors de l’ouverture des vannes du barrage hydroélectrique. C’est vraiment en désespoir de cause que nous mangeons des algues »
La centrale hydroélectrique de Cahora Bassa a dit qu’elle continuerait à relâcher 4 500 mètres cubes d’eau par seconde pour soulager la pression et préserver ainsi l’intégrité de la structure du barrage.

« La population a perdu sa première récolte à cause de l’[épisode de sécheresse] et la seconde destruction [provoquée par les inondations] a rendu la vie encore plus difficile », a dit Gilbert Canheze, administrateur du district de Tambara. « Avec de tels niveaux de pauvreté dans le district, nous ne pouvons pas faire grand chose localement pour soulager la faim ».

Souffrir de la faim malgré l’abondance

Les 22 millions de Mozambicains sont censés pour la plupart subvenir à leurs besoins alimentaires de base, mais des poches d’insécurité alimentaire affectent 250 000 personnes dans le centre du pays et 50 000 dans le sud, selon les estimations.

« On a pu observer de grandes différences entre les régions », a noté le même rapport. Dans le nord, la production a augmenté de 12 pour cent en 2009, alors qu’elle a chuté de 38 pour cent dans le sud et de quatre pour cent dans les provinces centrales.

Le prix du maïs, l’aliment de base, reflète les disparités de la production : à Maputo, la capitale, située dans le sud, un kilo de maïs coûte 13,45 meticais (0,36 dollar) ; à Nampula, dans le nord, il ne coûte que 5,71 meticais (0,15 dollar).

Malgré les améliorations considérables des infrastructures – comme l’ouverture du nouveau pont sur le Zambèze en août 2009, qui a grandement accru la circulation des marchandises des zones de production excédentaire vers les zones en déficit – les coûts de transport maintiennent les prix élevés.

Le PAM a annoncé qu’il était en train de mobiliser quelque 5,3 millions de dollars pour l’achat de 6 500 tonnes de nourriture, afin d’aider à satisfaire les besoins initiaux. Comme l’a remarqué José Carlos, responsable du programme national pour la sécurité alimentaire et le VIH/SIDA au Mozambique, « plusieurs districts ont déclaré des poches de faim, mais nous ne savons pas avec certitude combien de personnes ont fini par manger des algues pour survivre ».

ac/tdm/he/og/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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