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Risque de « pénuries alimentaires » pour les personnes de retour pour le référendum

Southern Sudanese women drag bags of grain to a central collection point dropped by WFP chartered airplane in the village of Pochalla, Jonglei state Peter Martell/IRIN
South Sudanese women drag bags of grain to a central collection point in the village of Pochalla, Jonglei state
Plusieurs mois avant que le Sud-Soudan ne procède à un référendum sur la sécession éventuelle avec le Nord, des responsables ont averti que nourrir l’afflux attendu de personnes retournées allait poser des problèmes.

« Beaucoup de gens sont arrivés juste avant le recensement, et beaucoup encore juste avant les élections », a dit Matthew Abujin, le secrétaire de la Commission sud-soudanaise pour les secours et la reconstruction (Southern Sudan Relief and Rehabilitation Commission ou SSRRC) en charge de l’Equatoria central. « Avec le référendum, nous attendons des retours massifs. Personne ne veut rester du mauvais côté de la frontière ».

La région s’apprête à voter le 9 janvier 2011, en conformité avec l’Accord de paix de 2005 qui a mis fin au conflit entre le Nord et le Sud. Selon les observateurs, le Sud va très probablement voter pour se séparer du Nord et devenir un pays indépendant, ce qui va provoquer des difficultés supplémentaires.

Beaucoup de Soudanais du Sud doivent encore rentrer dans leur région d’origine. Dans l’Etat de Gedaref au Nord-Soudan, vivent plus de 200 000 personnes déplacées, dont beaucoup ont exprimé le désir de rentrer chez elles. « Il faut déployer des efforts et des plans communs … pour rapatrier les [personnes déplacées] avant le référendum », a dit à la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS/UNMIS) Augustino Areeno, conseiller pour la paix et l’unité du gouverneur de l’Etat.

En Equatoria central, quelque 25 000 personnes sur les 47 579 qui sont enregistrées comme déplacées sont actuellement rentrées. Nombre de ces personnes retournées ont toutefois trouvé à leur retour un pays affamé.

« Je prévois une augmentation des besoins alimentaires », a dit Alghassim Rhasim Wurie, coordinateur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Sud- Soudan. « L’an dernier, la sécheresse a touché la région, y compris l’Ethiopie et le Nord-Soudan. Et il y a l’insécurité ».

Après les élections d’avril, des affrontements à Khorfulus ont rendu nécessaire des distributions alimentaires d’urgence. Entre le 7 et le 10 juin, le PAM a distribué 73 tonnes à environ 4 500 personnes à Khorfulus et 26 tonnes supplémentaires à plus de 1 600 habitants du comté de Canal (Pigi).

Environ 13 000 personnes ont été déplacées par les violences dans le comté de Khorfulus, a dit en juillet à IRIN le porte-parole de la MINUS au Sud-Soudan, Joe Contreras.

Nourrir les réfugiés de retour

Le PAM nourrit une partie des personnes retournées mais est confronté à de nombreux problèmes. Il avait prévu de diviser par deux le nombre des bénéficiaires en juillet, mais le programme a pu finalement se poursuivre quand le Royaume-Uni a fait don de 40 000 tonnes de nourriture d’une valeur de 30 millions de dollars. Cette quantité peut nourrir 5,3 millions de personnes pendant un mois. « Ce don est arrivé à un moment crucial, où nous allions devoir réduire nos rations », a dit M. Wurie.

C’était au moment où le conflit qui a suivi les élections d’avril, l’afflux des réfugiés, les pluies tardives et les inondations menaçaient de causer de sévères pénuries alimentaires dans ce vaste maquis quasiment inexploité.

« Avec le référendum, nous attendons des retours massifs. Personne ne veut rester du mauvais côté de la frontière »
« C’est la responsabilité du gouvernement que d’assurer la stabilité », a déclaré le ministre britannique chargé de l’Afrique et des Nations Unies, Henri Bellingham, pendant une récente escale à Juba dans son tour de quatre nations du continent africain, au cours duquel il a annoncé l’aide humanitaire du Royaume-Uni. « Cette région possède de nombreux cours d’eau. Elle devrait être [auto]-suffisante en agriculture ».

Des pluies peu fiables

Selon la SSRRC, le déplacement des personnes et les conflits ethniques ont diminué dans le Sud et les récoltes de cette année auraient dû être abondantes. Mais les pluies qui auraient dû venir à l’aide des agriculteurs ont été peu fiables, ou ont été désastreuses.
« Les pluies ont commencé tard », a dit M. Abujin. « Elles ont été très fortes et par endroits, elles ont détruit les cultures ». L’ampleur de la pénurie alimentaire sera connue après l’évaluation prévue pour septembre. Selon le PAM, l’Equatoria oriental, les Lacs et Bahr el-Ghazal ont été les plus touchés.

Les populations les plus vulnérables, selon le réseau des systèmes d’alerte précoce (FEWS Net) sont celles des Etats du Jonglei, du Warap, du Bahr el-Ghazal du Nord et de l’Equatoria oriental où l’insécurité alimentaire s’ajoute aux pénuries de la période de soudure et est exacerbée par l’insécurité et le déplacement forcé.

« La population est importante, la consommation aussi », a dit Angela Bayo, coordinatrice de la SSRRC pour l’Equatoria oriental. « Et les choses sont devenues très chères ».

Ceci pourrait faire encore monter des prix alimentaires déjà élevés. « Dans certains endroits, on peut acheter une vache contre un sac de sorgho, ce qui veut dire que les prix alimentaires sont parfois très élevés », a dit M. Wurie.

Officiellement on craint qu’une flambée des prix ne signifie que les personnes retournées seront les plus durement touchées. « Elles sont arrivées après les pluies – trop tard pour se mettre à cultiver, sauf de la patate douce qui pousse en deux mois », a dit M. Abujin, en montrant les personnes retournées dévorant des yeux les piles de nourriture au centre de distribution de Juba, la capitale du Sud. « Certains d’entre eux ont trouvé leurs terres occupées », a-t-il ajouté.

Certains sont impossibles à employer car leurs compétences sont rouillées. « Je ne sais pas si je vais pouvoir trouver du travail », a dit Margaret Kiden, une personne retournée qui avait fait une formation d’infirmière de trois ans et obtenu son diplôme au Juba Teaching Hospital en 1983. Mme Kiden a travaillé pendant 15 ans mais après son arrivée à Khartoum, elle n’a plus jamais travaillé.

« S’il y a quoi que ce soit comme travail pour moi », a-t-elle ajouté, « je le ferai ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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