Avec un total d’environ un milliard de dollars prévus cette année – destinés essentiellement à soutenir l’éducation nationale dans les pays en développement, par le biais de financements directs, d’une assistance technique et de programmes de distribution de manuels scolaires, de construction d’établissements scolaires et de formation d’enseignants -, le Royaume-Uni est un des premiers bailleurs de fonds, aux côtés des Pays-Bas et de la Banque mondiale.
Tout en admettant que DFID avait réussi à aider les pays en développement à augmenter leurs taux d’inscription à l’école primaire et à améliorer les possibilités éducatives des filles, le Bureau d’audit a indiqué que la qualité de l’enseignement et les taux de réussite scolaire restaient extrêmement faibles : l’aide a permis d’assurer la quantité, mais pas la qualité.
Le rapport cite différentes études, réalisées au Ghana, selon lesquelles les enfants arrivés à la moitié de leur cursus primaire avaient un moins bon niveau en mathématiques et en anglais en 2007 qu’en 2005.
Abandons
Les taux d’abandon sont également très élevés : dans certaines régions parmi les plus pauvres de l’Inde, trois quarts des enfants arrêtent l’école avant la fin de leur cursus ; selon le ministère éthiopien de l’Education, 18 pour cent des élèves arrêtent l’école au cours de leur première année.
Ces conclusions n’ont rien de surprenant pour Elin Martinez, conseiller en plaidoyer éducatif chez Save the Children UK. ; M. Martinez a expliqué à IRIN que l’organisme incitait les gouvernements à déterminer combien d’enfants scolarisés arrêtaient ensuite l’école.
Bien que davantage de filles aillent à l’école, « nous devons également nous intéresser à d’autres catégories désavantagées : les enfants handicapés, les enfants des minorités, les enfants qui n’apprennent pas dans leur langue maternelle ; ils représentent une proportion importante des enfants qui arrêtent l’école ».
Selon M. Martinez, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) définis par les Nations Unies concentrent l’attention des gouvernements sur des statistiques, quand ceux-ci « devraient se demander si ces enfants acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour vivre ».
Le rapport était très critique sur la qualité de l’enseignement et des enseignants. Une étude réalisée en Inde a en effet révélé que chaque jour, 25 pour cent des enseignants étaient absents ; en Ethiopie, des fonds importants ont été consacrés à l’éducation primaire, mais les élèves les moins bons ont été choisis pour être formés à l’enseignement.
Certains problèmes sont la rançon du succès : l’augmentation du taux d’inscription à l’école primaire a mis à rude épreuve le système scolaire et ouvert la porte des établissements scolaires à des enfants issus de familles plus pauvres et moins instruites, qui ont souvent besoin d’une aide supplémentaire.
« Certains problèmes sont assez insolubles », a dit Mark Andrews, directeur des études de rentabilité au Bureau d’audit. « Mais nous nous inquiétons de la manière dont DFID formule ses préoccupations, et de ce sur quoi il porte son attention. Je pense que DFID a une influence assez considérable, et nous cherchons à faire en sorte qu’il engage ce dialogue avec les gouvernements partenaires ».
DFID verse des fonds, mais les systèmes éducatifs nationaux relèvent de la responsabilité de leurs propres gouvernements. Malgré tout, M. Martinez pense que DFID pourrait avoir beaucoup de poids. « DFID pourrait avoir davantage son mot à dire, par exemple, dans la manière dont sont formés les enseignants, et dans la manière dont ils sont traités par leurs ministères. Les enseignants jouent un rôle tout à fait crucial dans la qualité de l’enseignement, et le coût des enseignants représente une très large portion du budget de l’éducation, dans n’importe quel pays ».
Etre attentifs
Plus sur l'Ecole |
Le silence met les filles en danger |
« Bien que nous soyons auditeurs, ce n’est pas que nous fassions simplement preuve d’avarice », a expliqué M. Andrews. « Dans certains pays, la rémunération inabordable des enseignants va agir comme un frein sur le système ».
Le Bureau d’audit a essentiellement critiqué DFID pour n’avoir pas toujours été attentif à la rentabilité des activités qu’il finançait. Même en collationnant certains coûts, notamment les frais de formation des enseignants dans les différents pays, d’importantes variations de coûts n’ont pas pu être expliquées.
DFID « ne dispose que d’informations fragmentaires sur la minimisation des coûts occasionnés par les paies, le matériel et les infrastructures scolaires, et sur la maximisation des résultats obtenus, notamment les enseignements tirés et les heures de présence », pouvait-on lire dans le rapport.
DFID a accepté ces critiques. M. Mitchell est en poste depuis à peine plus d’un mois, et le rapport portait sur les résultats obtenus sous le gouvernement précédent. « Ce rapport démontre pourquoi ce gouvernement a raison de s’intéresser avant tout aux résultats », a-t-il déclaré. « La rentabilité, la transparence et l’efficacité restent mes priorités premières ».
eb/he/nh/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions