« Nous ne pouvons pas toujours compter sur l’aide alimentaire », a-t-elle dit. « Nous devons nous suffire à nous-mêmes afin d’avancer ».
Le cyclone Nargis a détruit la maison de Sein Hla, tué cinq membres de sa famille et plus de 600 habitants de son village, Kun Thee Chaung, dans le district de Bogalay.
Aujourd’hui, le mari et le fils de Sein Hla cultivent six hectares de terre, tandis qu’elle vend des snacks dans la hutte provisoire que la famille a construite, mais ils sont maintenant endettés.
Les agriculteurs empruntent souvent de l’argent à des vendeurs de riz ou des propriétaires de rizeries afin d’acheter des semences de riz, des engrais et du carburant. D’après le rapport mensuel conjoint du gouvernement du Myanmar, de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est et des Nations Unies, l’accès au crédit à des conditions raisonnables ou le financement direct aideraient beaucoup les agriculteurs à remplacer les biens qu’ils ont perdus.
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Avant Nargis, les agriculteurs embauchaient un travailleur pour quatre hectares, le rémunéraient 1,50 à deux dollars par jour, et fournissaient également du riz et un logement à sa famille.
Mais aujourd’hui, les emplois sont rares et les moyens de subsistance des personnes retournées constituent un des problèmes les plus urgents depuis que le cyclone a dévasté le delta de l’Ayeyarwady en mai 2008.
Le rétablissement des « activités génératrices de revenus, [qui] est crucial pour les moyens de subsistance des ménages sans terre, est encore faible », a averti le rapport.
« Si le soutien aux activités constituant des moyens de subsistance n’est pas poursuivi, beaucoup de progrès réalisés depuis Nargis risquent d’être perdus », d’après le rapport.
Selon le gouvernement et des organisations humanitaires, 71 pour cent des membres des ménages sont dépendants du travail temporaire ou saisonnier.
Agriculteurs et pêcheurs
Les habitants du delta étant majoritairement agriculteurs ou pêcheurs, restaurer les moyens de subsistance permettrait non seulement de créer des emplois, mais aussi de produire de la nourriture qui servirait à une consommation immédiate, a dit Tesfai Ghermazien, de l’Organisation de l’alimentation et de l’agriculture (FAO) des Nations Unies au Myanmar.
« La solution durable est de les rendre productifs, pas [de distribuer] de l’aide alimentaire », a-t-il dit, notant que les distributions alimentaires doivent être accompagnées de la restauration des moyens de subsistance.
Depuis que la région a été frappée par la tempête de catégorie quatre, d’importants efforts humanitaires ont permis d’apporter une aide alimentaire à environ 1,1 million de personnes, et de reconstruire ou réhabiliter plus de 162 000 maisons, d’après un rapport publié cette semaine.
Photo: Mon Mon Myat/IRIN |
Des femmes achetant du poisson dans le village de Kun Thee Chaung, dans la commune de Bogalay. La pêche est une composante majeure de l’économie locale |
« Le monde a tourné son attention vers d’autres catastrophes, et c’est [une des raisons qui] expliquent pourquoi les financements ne nous parviennent pas », a dit Thierry Delbreuve, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Myanmar.
D’après lui, la population du delta est résiliente et, traditionnellement, ne choisirait pas de recevoir l’aide internationale.
« Si nous avons les fonds requis, cela leur donnerait l’impulsion [dont ils ont besoin] pour réellement reconstruire leurs vies », a-t-il dit.
D’après le rapport conjoint d’avril, environ 150 millions de dollars sont nécessaires pour restaurer les moyens de subsistance. Dans les 11 communes les plus affectées, les agriculteurs ont perdu 227 000 buffles et vaches, dont seulement 5 423 ont été remplacés au cours des deux dernières années. De tous les secteurs, l’agriculture est « celui qui est le moins financé, bien que les moyens de subsistance de 90 pour cent de la population du delta dépendent de l’agriculture et/ou de la pêche », a dit M. Ghermazien, de la FAO.
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