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Alerte à une situation alimentaire critique pour juillet

WFP will run out of food to distribute at the end of June, affecting the 3.2 million people who normally receive food aid Annasofie Flamand/IRIN
Les organisations humanitaires avertissent qu’une crise alimentaire risque de toucher le Yémen si les fonds internationaux consacrés à l’aide alimentaire ne sont pas considérablement accrus d’ici à juin 2010.

N’ayant reçu qu’un quart de son budget annuel pour 2010 (25,6 millions de dollars sur 103,2 millions), le Programme alimentaire mondial (PAM) explique qu’il aura épuisé, d’ici à la fin du mois de juin, les réserves de vivres qui lui permettent d’aider 3,2 millions de bénéficiaires.

Selon plusieurs organisations humanitaires et organisations non gouvernementales (ONG), les 250 000 Yéménites déplacés dans le nord et les 19 000 réfugiés principalement somaliens du sud sont les plus exposés à la faim.

« Si le PAM mettait fin à ses distributions alimentaires, ce serait le scénario catastrophe », a déclaré Kamel Ben Abdallah, directeur du service pour la Survie et le développement des jeunes enfants du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) au Yémen. « Sans distribution régulière de vivres, la situation se dégraderait sans aucun doute et ils [les réfugiés et les personnes déplacées] mourraient de faim ».

Selon Pablo Marco Blanco, responsable de Médecins sans frontières (MSF), l’arrêt des distributions alimentaires dans les camps de personnes déplacées du nord accélèrera le retour des familles déplacées dans leurs régions d’origine, dans le gouvernorat de Saada, où leurs besoins fondamentaux, notamment alimentaires, sanitaires et éducatifs, ne peuvent encore être satisfaits.

« La majorité de la population des [trois] camps d’al-Mazraq [dans le gouvernorat de Hajjah] obtient ses vivres grâce aux distributions du PAM ; donc, l’arrêt potentiel des distributions risque d’avoir de lourdes répercussions », a-t-il dit, ajoutant que MSF était prêt à développer ses services nutritionnels dans les camps, et notamment à procéder à des distributions alimentaires ciblées pour les plus vulnérables. « Mais nous ne pourrons pas combler le vide laissé par le PAM ».

Andrew Moore, directeur national de Save the Children, a expliqué que son organisme ne pouvait pas prendre le relais du PAM, dans le domaine des distributions alimentaires. « Nous n’avons pas assez de fonds ; notre programme sanitaire et nutritionnel, financé par les Etats-Unis, est un complément du PAM », a-t-il indiqué.

En février, en raison d’un manque de financements, le PAM a réduit ses rations alimentaires à 72 pour cent des besoins quotidiens en kilocalories pour les personnes déplacées et à 90 pour cent pour les réfugiés ; en mars, les rations des personnes déplacées ont légèrement augmenté pour couvrir 85 pour cent des besoins, tandis que celles des réfugiés diminuaient pour passer à 75 pour cent.

Ce n’est qu’en ayant emprunté 4,8 millions de dollars, puisés dans son Compte d’intervention immédiate (sorte de caisse de prévoyance pour les catastrophes), que l’organisme peut aujourd’hui distribuer des vivres jusqu’à la fin du mois de juin.

Un tiers de la population en situation « d’insécurité alimentaire »

Outre les personnes déplacées et les réfugiés, un tiers des 23 millions d’habitants du Yémen souffrent « d’insécurité alimentaire », et parmi ceux-ci, 2,7 millions se trouvent en situation « d’insécurité alimentaire grave », selon un rapport publié récemment par le PAM et intitulé Comprehensive Food Security Survey 2010 édition 2010 de l’Enquête détaillée sur la sécurité alimentaire.

Dans les cas « d’insécurité alimentaire grave », les ménages consacrent jusque 30 pour cent de leurs revenus uniquement à l’achat de pain. Ils ne suivent pas de régime alimentaire équilibré et se trouvent souvent contraints de sauter des repas.

« Si le PAM mettait fin à ses distributions alimentaires, ce serait le scénario catastrophe. Sans distribution régulière de vivres, la situation se dégraderait sans aucun doute et ils [les réfugiés et les personnes déplacées] mourraient de faim »
Le Yémen affiche un des taux de malnutrition les plus élevés du monde. Environ 46 pour cent des enfants yéménites de moins de cinq ans sont en insuffisance pondérale, le quatrième taux le plus élevé du monde, selon le Rapport 2009 sur le développement humain publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

En outre, environ 58 pour cent des enfants souffrent de malnutrition ou présentent un retard de croissance, un taux extrêmement élevé, surpassé uniquement par l’Afghanistan, selon l’édition 2009 du rapport Suivre les progrès dans le domaine de la nutrition de l'enfant et de la mère, publié par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

« Sans le PAM, nous allons avoir davantage de cas de malnutrition sévère », a prévenu M. Ben Abdallah de l’UNICEF. « Cela signifie que la charge de l’UNICEF va augmenter, alors que nous ne sommes déjà pas en mesure de nous occuper de tous les cas de malnutrition sévère au Yémen. Sans le PAM, la situation serait dramatique ».

L’insécurité alimentaire est un fléau de longue date, au Yémen, mais plusieurs facteurs ont récemment aggravé la situation.

D’abord, le Yémen a été gravement touché par l’augmentation des prix des produits alimentaires à l’échelle internationale, ces deux dernières années. Ensuite, les revenus pétroliers du pays sont en diminution. Enfin, la crise financière a eu des répercussions négatives sur les transferts de fonds effectués par les Yéménites expatriés.

« C’est la crise des trois F », a ainsi résumé Giancarlo Cirri, directeur national du PAM au Yémen, en allusion aux vivres, à l’essence et aux finances (food, fuel et finance, en anglais).

Le taux de croissance démographique (trois pour cent, un des plus élevés du monde) et les graves pénuries d’eau qui ont frappé le pays comptent également parmi les facteurs.

asf/ed/cb/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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