« Je veux les envoyer à l’école mais comment pourrais-je payer ? » a dit Jean-Baptiste Sauver, cordonnier de métier, dont les cinq enfants étudiaient dans une école privée, pour un coût annuel d’un peu plus de 800 dollars.
« Maintenant mes clients sont soit morts, soit ils ont quitté la capitale pour rentrer dans leur village ou ils ont perdu toutes leurs affaires, y compris leurs chaussures. Les chaussures sont la dernière chose à laquelle les gens pensent, » a dit M. Sauver à IRIN.
Des sénateurs se sont opposés à la demande de rouvrir certaines écoles, arguant que cela n’était pas respectueux vis-à-vis des élèves et professeurs toujours ensevelis sous les bâtiments effondrés.
Mais le ministre de l’Education, M. Joël D. Jean-Pierre, a dit à IRIN : « La vie continue et les écoles peuvent être des lieux de guérison ».
Une guérison pour des gens comme Jude, le fils de M. Sauver âgé de 15 ans, et qui a perdu deux amis pendant le tremblement de terre.
« Quand mon père m’a dit qu’ils étaient morts, j’ai couru jusqu’à chez eux pour voir si c’était vrai », a-t-il dit à IRIN. « Leurs parents pleuraient… Je suis triste mais je ne peux trouver personne pour me consoler ».
«La vie continue et les écoles peuvent être des lieux de guérison» |
Ecoles privées
D’après les estimations du gouvernement, qui analyse actuellement une enquête sur les destructions, il y avait 10 000 écoles dans les zones touchées et 6 000 dans les zones non affectées. Selon les premiers résultats, 4 600 écoles ont été détruites ou sont dangereuses.
Renault Telfore, directeur de l’éducation primaire, a dit à IRIN que le gouvernement devait trouver les moyens de soutenir financièrement les élèves des établissements privés, qui représentent 85 pour cent des écoles d’Haïti.
« Nous ne pouvons pas dire que nous n’allons travailler qu’avec le système de l’école publique, car la plupart des enfants étaient dans le privé. Nous devons tous les faire revenir à l’école ».
L’UNICEF estime que la moitié des enfants en âge d’aller à l’école étaient dans des écoles privées avant le tremblement de terre. M. Sauver, le cordonnier, a dit à IRIN qu’il devait payer une école privée pour l’éducation de ses enfants parce qu’il n’y avait pas assez de places dans les écoles publiques. « Pour avoir une place, il nous aurait fallu payer quelqu’un travaillant dans une école publique, ce qui peut coûter plus cher que les frais de scolarité dans notre école privée ».
Photo: Phuong Tran/IRIN |
Les ruines d’une école dans le quartier de Martissant à Port-au-Prince |
Reconstruction
« Avant le tremblement de terre, nous avions déjà des problèmes avec la qualité des enseignants », a dit M. Telfore, le directeur de l’éducation. « Nous devons aménager le système pour mettre en place des critères, recruter de bons enseignants et les payer, afin que n’importe qui ne puisse pas enseigner ».
Il a dit à IRIN que les enseignants dans les écoles primaires gagnaient en moyenne 150 à 200 dollars par mois et les enseignants du secondaire, 500 dollars.
M. Telfore a dit qu’il y avait environ 20 000 enseignants dans les écoles publiques dans le pays, dont 7 000 à Port-au-Prince – « beaucoup d’entre sont peut être morts ».
L’UNICEF a commandé des tentes pour créer des écoles temporaires et évalue les sites abritant des familles déplacées pour voir lesquels ont assez d’eau pour subvenir aux besoins des écoles.
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