« Nous l’appelons chera udye [creuser ou mourir de faim], ce qui veut dire qu’il faut creuser la terre durcie par le soleil à mains nues et ensuite planter le peu de semences disponibles. Si vous n’arrivez pas à faire ça, vous mourrez de faim », a dit Evelyn Imbayago, 44 ans et mère de quatre enfants.
Chaque jour, sur son chemin pour aller s’occuper de sa minuscule parcelle de culture d’arachides en train de germer, elle passe à côté d’une grande partie de ses terres qui sont en jachère. Cette année, elle n’avait pas d’engrais et seulement une petite quantité de semences ; il n’y a pas de bœufs pour tirer la charrue. Alors, pour faire ce qu’elle devait faire, elle a creusé un petit trou, avec une houe, pour chaque semence, a-t-elle dit à IRIN.
Le manque de traction animale et d’intrants essentiels sont des problèmes courants dans cette région sujette à la sécheresse, et la récolte de cette année promet d’être difficile pour la plupart des fermiers de la région.
Sauros Debwe, 52 ans, qui cultive aussi à Mandamabwe, a dit à IRIN que les fermiers qui avaient des bœufs demandaient maintenant 25 dollars pour labourer une seule acre (0,4 hectare), ce qui est hors de prix.
« Dans le passé, nous pouvions payer en nature ceux qui avaient des animaux pour la traction animale, mais cette fois il n’y a pas grand-chose dans les greniers – nous devons compter sur l’aide en graines fournis [par les donateurs] pour survivre. Maintenant il n’y a rien à mettre de côté et à échanger pour le labourage ».
M. Debwe a dit que la plupart des fermiers ne pouvaient pas se permettre d’attendre jusqu’à ce que l’aide arrive, et qu’ils avaient creusé de petits trous pour les plantations dans l’attente des premières pluies.
Une saison de sécheresse en prévision
Cette année, Mme Imbayago a décidé de passer de la culture du maïs, l’aliment de base traditionnel, à celle des arachides, qui poussent bien dans le sol sablonneux, même sans engrais chimiques. « Je peux vendre les arachides ou faire du beurre de cacahuète pour la vente, et ensuite utiliser l’argent pour acheter des aliments en maïs », a-t-elle dit.
Elle n’a reçu encore aucune assistance cette année. « Nos donateurs traditionnels ne sont pas venus, et le gouvernement a lui aussi échoué à nous aider depuis que les pluies ont commencé à manquer. Je ne sais vraiment pas comment je vais faire ».
La saison dernière, lorsque la plupart des fermiers de subsistance se sont battus pour nourrir leur famille et que les agences d’aide ont dû intervenir avec de l’assistance alimentaire, elle a été soutenue par Care International, une organisation d’aide humanitaire travaillant pour augmenter la sécurité alimentaire et soulager la pauvreté dans cette région. Les semences et l’engrais qu’ils lui ont donné ont permis, à elle et sa famille, de passer l’année.
Après des mois d’hésitations incessantes, le gouvernement zimbabwéen a annoncé en novembre un nouveau programme de subventions pour les intrants. Selon le journal d’état Herald, l’initiative rendrait les semences disponibles au prix très réduit de un dollar par kilo de semence de maïs ou de sorgho, et de sept dollars pour un sac de 50 kilos d’engrais par le biais du Grain Marketing Board (GMB), un organisme paraétatique qui possède le monopole.
« Nous ne savons pas si cela va aider », a dit Kainos Muponda, le responsable du village de Mandamabwe.
« Peu d’entre nous ont ce genre de somme. En plus, il faut aller jusqu’à la ville de Masvingo, où se trouve le dépôt de GMB, ce qui occasionne des coûts additionnels pour les trajets et le transport ».
Le Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) a estimé qu’environ 1,9 million de Zimbabwéens auront besoin d’assistance alimentaire durant le pic de la saison de famine entre janvier et mars 2010.
OCHA a lancé le 7 décembre 2009 un appel international pour 378 millions de dollars pour acheter de la nourriture et des médicaments, et soutenir la santé, l’éducation et les installations sanitaires dans ce pays dont l’économie est en ruine.
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