De plus en plus « urbains », les jeunes manifestent souvent une certaine réticence à aider à creuser et à sarcler, même pendant les vacances. Certaines familles doivent payer des travailleurs journaliers pour le faire.
« Je cultive une surface [beaucoup plus] réduite [qu’auparavant], parce que je dois payer des gens pour s’en occuper », a dit Catherine Badiane, une cultivatrice dans la cinquantaine qui a perdu son mari il y a plusieurs années. « Je paie chaque année des gens pour cultiver mes champs. Mes fils, qui vivent presque tous à Dakar, refusent de revenir cultiver. Quand je leur demande de venir, ils disent qu’ils sont trop occupés... »
Cultiver dans l'insécurité |
Les défis de l’humanitaire en Casamance |
Une mine en moins, des hectares de terre cultivable en plus |
Le taux de pauvreté en Casamance est l’un des plus élevés du Sénégal. Il atteint plus de 60 pour cent, et près de la moitié des ménages sont vulnérables à l’insécurité alimentaire, selon une étude réalisée en 2007 par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
Malgré la pauvreté et le chômage, il n’est pas toujours facile de trouver des gens qui ne font pas partie de la famille pour travailler sur une exploitation, ont indiqué des habitants. Presque chaque jour – en particulier pendant la saison des pluies – des femmes attendent les journaliers le long d’une route située en périphérie de Ziguinchor.
Photo: Nancy Palus/IRIN |
Le PAM et l’ONG PADERCA en Casamance aident les villageois à protéger les rizières de l’eau salée |
Rizières
Abdel Kader Coly est expert en agriculture auprès de l’ONG PADERCA (Projet d'appui au développement rural en Casamance). En collaboration avec le PAM, PADERCA aide les communautés à réaménager les rizières où s’est infiltrée l’eau salée. Selon M. Coly, il est très important de convaincre les jeunes de revenir s’occuper des terres.
« [Nous] investissons beaucoup dans des projets d’infrastructures [agricoles]… On est en train d’aménager des vallées », a indiqué M. Coly. « A terme, on va arriver à récupérer beaucoup de terres. Mais … la majorité de la population travaille avec des moyens rudimentaires, c'est-à-dire des [outils] traditionnels… [Le problème est que] les populations qui sont là pour mettre la terre en valeur sont des populations [vieillissantes]. On rencontre de moins en moins de jeunes [prêts à le faire] ».
D’après lui, la mécanisation est essentielle. « [Il peut s’agir de] la traction bovine, du motoculteur, du tracteur... Il faut sérieusement penser à la mécanisation pour … réussir à vraiment valoriser ces terres. Si cela réussit, cette région à elle seule peut non seulement couvrir [ses] besoins en riz, mais également [ceux] d’autres régions, pour contribuer largement à l’autosuffisance en riz du Sénégal ».
Mais ceux qui bénéficient d’autres opportunités semblent réticents à retourner travailler dans les champs : « C’est un dur métier de cultiver la terre avec le ‘kadiandou’ [longue pelle traditionnelle], en particulier dans les rizières pendant la saison des pluies. Ça prend beaucoup d’énergie. On se rend même parfois malade », a dit Matar Diémé, qui, à 27 ans, travaille comme apprenti dans le bâtiment à Ziguinchor.
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