Le président congolais Denis Sassou Nguesso, dont le pays dépend essentiellement des revenus du pétrole, a indiqué qu’il approuvait la proposition de son homologue brésilien de faire des biocarburants le principal outil de développement.
« Lorsque le G8 [les huit pays les plus industrialisés de la planète] s’est réuni à Saint Petersbourg en 2006 et a invité les pays émergents, j’ai écouté avec beaucoup d’attention l’exposé du président Luiz Inacio Lula da Silva sur les biocarburants et j’ai tout de suite approuvé sa proposition », a déclaré M. Sassou Nguesso lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Lula au terme d’une visite de travail à Brazzaville, la capitale congolaise.
Les accords signés entre les deux pays devraient permettre au Congo de bénéficier d’une formation, de la technologie et des moyens financiers lui permettant de produire des biocarburants à partir de la canne à sucre et de l’huile de palme.
« A travers ce projet de biocarburants, l’Afrique s’offre une opportunité de développement, parce que même les sociétés qui produisent du pétrole ici, au Congo, pensent que nous pouvons nous engager sur cette voie », a-t-il poursuivi.
Les champions du biocarburant - produit à partir de la biomasse végétale - soulignent leur faible émission de gaz à effet de serre, par rapport aux carburants d’origine fossile.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), entre autres, a toutefois prévenu que la production de biocarburant pourrait présenter un risque pour la sécurité alimentaire des pays africains car des terres arables utilisées autrefois pour les cultures vivrières seraient affectées à la production de l’éthanol.
Au Congo, 70 pour cent de la population vit de l’agriculture. Et même si le pays est le quatrième pays exportateur de pétrole en Afrique subsaharienne – après le Nigeria, l’Angola et la Guinée Equatoriale –, un habitant sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté.
« Le projet de biocarburants intègre notre vision de développement et nous sommes fortement engagés », a indiqué M. Sassou Nguesso, soulignant que le Congo avait la possibilité de produire du palmier à huile dans cinq de ses onze départements.
Selon un rapport de la FAO publié en septembre 2007, les prix du maïs et du blé ont atteint en quelques mois des niveaux record, depuis l’année 2000, en raison de la forte demande en biocarburant ; une demande qui pourrait dans les 10 prochaines années faire grimper les prix au-delà de leur niveau historique et avoir un impact sur l’aide alimentaire.
Le prix du maïs jaune, par exemple, a doublé, passant d’une moyenne de 88 dollars américains la tonne en 2000, à 177 dollars la tonne en février 2007 ; quant au prix du blé, il est passé d’une moyenne de 119 dollars la tonne en 2000, à 277 dollars la tonne en août 2007, selon Agricultural Outlook 2007-2016, un rapport produit conjointement par la FAO et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Toujours selon le rapport, l’intégration des céréales dans la production d’éthanol a entraîné une réduction des surfaces réservées à la culture de plantes oléagineuses, en particulier aux Etats-Unis, au profit du maïs.
En conséquence, l’alimentation et l’énergie sont désormais en concurrence pour la même matière première. Les hausses du prix du pétrole enregistrées en 2006 et les importants programmes de soutien à l’industrie des biocarburants sont à l’origine des importantes quantités de maïs détournées au profit de la production d’éthanol aux Etats-Unis, a souligné le rapport.
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