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Les stratégies de survie ne suffisent plus face à la crise alimentaire

Face à une crise alimentaire qui s’aggrave, les organismes d’aide humanitaire et le gouvernement swazi se débattent pour éviter une catastrophe majeure, et de plus en plus de Swazis n’ont d’autre choix, pour s’en sortir, que de réduire considérablement leur consommation alimentaire et de parcourir les champs à la recherche d’herbes sauvages comestibles.

Environ 40 pour cent du million d’habitants que compte le Swaziland sont confrontés à de graves pénuries d’eau et de nourriture. Pour survivre malgré le peu de nourriture disponible, la plupart d’entre eux réduisent leur faible consommation, une mesure qui menace déjà la santé de milliers de personnes, selon Comparaisons des mécanismes de survie 2006/2007, une étude annuelle, publiée récemment et réalisée conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

« Plus de 50 pour cent des adultes mangent moins. Plus de 60 pour cent limitent ou réduisent leurs portions repas. Et plus de 30 pour cent de la population sautent des repas entiers », peut-on lire dans le rapport. « Le nombre de personnes qui ne mangent pas pendant une journée entière ou qui consomment une culture verte [sauvage] a augmenté – plus de 30 pour cent des Swazis consomment plus que la quantité habituelle d’aliments sauvages ».

Samantha Simelane, veuve et mère de deux filles, fait partie de ces personnes. « Nous, les Swazis, nous mangeons cet umbhidvo [une variété locale d’épinard] depuis des générations », a-t-elle rapporté, en se frayant un chemin à travers un petit champ proche de sa ferme, à Sigombeni, une localité rurale située 20 kilomètres au nord de Manzini, la ville commerciale centrale.

Les plantes sauvages font depuis toujours partie du régime alimentaire de Mme Simelane, mais aujourd’hui ces racines et ces mauvaises herbes, consommées sans semoule de maïs, l’aliment de base des Swazis, sont souvent le seul repas que ses enfants et elle-même consomment chaque jour.

« Les enfants pleurent et disent qu’ils ont mal au ventre ; ça me fend le cœur », a-t-elle déploré. « Moi-même, je suis affamée, alors je me sens faible la plupart du temps, mais je dis à mes enfants que si nous mangeons le peu que nous avons au lieu de le faire durer, nous finirons sûrement par mourir de faim un jour ou l’autre ».

Au-delà de la sécheresse

La sécheresse qui perdure depuis 2002 s’est considérablement aggravée en 2007, tandis que le VIH/SIDA réduisait la production alimentaire en emportant des paysans adultes et des chefs de famille. Selon les estimations des Nations Unies, 33,4 pour cent des Swazis âgés de 15 à 49 ans sont séropositifs – le taux de prévalence du VIH le plus élevé du monde.

« Les foyers pauvres auraient recours à des stratégies de survie préjudiciables, notamment au commerce du sexe, ce qui engendre une plus forte incidence d’infections sexuellement transmissibles et de VIH », pouvait-on lire dans l’Appel d’urgence pour la sécheresse au Swaziland, lancé en juillet en vue de solliciter l’aide des bailleurs de fonds internationaux.

Le document indique en outre que « la sécheresse risque également d’avoir des répercussions indirectes sur la situation, déjà grave, en matière de VIH/SIDA ; l’on s’attend en effet à ce que les patients sous traitement antirétroviral interrompent la prise de médicaments en l’absence de nourriture ».

Dans un pays accablé par la pauvreté, où deux tiers de la population vivent en deçà du seuil de pauvreté, les statistiques officielles indiquent que 23 pour cent des enfants sont orphelins du VIH/SIDA. Or, le nombre d’orphelins en hausse ajoute au fardeau de leurs familles élargies, dont les ressources sont déjà insuffisantes, augmentant ainsi le nombre d’enfants en danger.

Entamer la récolte de l’année prochaine

Un grand nombre de petits foyers agricoles, qui représentent 80 pour cent de la population, ont été contraints de vendre leurs outils agricoles pour se procurer les médicaments dont ont besoin les membres de leur famille qui vivent avec le sida. « La vente de biens a augmenté, ce qui réduit les gains potentiels. Les paysans ne peuvent plus cultiver leurs champs parce qu’ils ont vendu leurs binettes et autres biens », selon le rapport publié par la FAO et le PAM.

Abdoulaye Baldé, représentant national du PAM, abonde dans ce sens. « Le VIH/SIDA est un des facteurs qui contribuent à la baisse de la production agricole. Parce que quand les gens sont malades, il n’y a pas assez de main d’œuvre pour labourer les champs, ni assez de fonds pour acheter des ressources agricoles, la priorité étant de se procurer des médicaments ou de fournir des soins de santé ».

« Selon une étude récente, si les tendances actuelles ne sont pas freinées, seul un enfant sur quatre né aujourd’hui au Swaziland atteindra l’âge de 40 ans », a-t-il expliqué à IRIN.

Agir

Au début de l’année, le PAM prévoyait que 220 000 personnes auraient besoin d’aide, mais l’agence a depuis lors revu ses prévisions à la hausse, portant à 365 000 le nombre de bénéficiaires de l’aide apportée à compter d’octobre 2007 et jusqu’à la prochaine récolte, en avril 2008. Dans le cadre de son appel à la communauté internationale, l’agence a sollicité « un total de plus de 15,5 millions de dollars […], l’aide alimentaire représentant environ 5,3 millions de dollars prélevés sur cette somme », a expliqué M. Baldé.

Les agences des Nations Unies au Swaziland ont réagi à la crise alimentaire en intensifiant leurs opérations pour aider le plus de personnes possible parmi les populations les plus vulnérables. La FAO distribue actuellement aux paysans des bons d’une valeur de 43 dollars l’un, et quelque 18 000 ménages du Lowveld en ont déjà reçus.

M. Baldé a félicité le gouvernement swazi, notant qu’il « s’était engagé à verser 23,6 millions de dollars après avoir qualifié la sécheresse de catastrophe nationale. Grâce au soutien du PAM à 365 000 personnes et aux distributions alimentaires du gouvernement, dont bénéficieront 190 000 personnes, 555 000 bénéficiaires recevront une aide dans les mois qui précèdent la prochaine récolte de maïs, en avril 2008 ».

Selon M. Baldé, « à court terme, la difficulté consiste principalement à convaincre les bailleurs d’accorder des fonds au PAM et aux agences des Nations Unies en général. A long terme, [...] il faudra déployer d’énormes efforts concertés pour tirer le Swaziland de sa situation actuelle d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité ».

Pour lui, le cocktail explosif VIH/SIDA/sécheresse/pauvreté est un « tsunami silencieux » qui ravage la majeure partie de l’Afrique australe, et « l’insécurité alimentaire au Swaziland est une question très complexe, qui découle d’une multitude de facteurs, devant tous être traités si l’on veut que la situation s’améliore ».

jh/tdm/he/oa/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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