1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Zimbabwe

Pas assez d’argent pour nourrir ceux qui ont faim

Le budget devant permettre au gouvernement zimbabwéen de nourrir au moins quatre millions de personnes identifiées comme étant en situation d’insécurité alimentaire est « une goutte d’eau dans la mer », selon certains analystes.

Samuel Mumbengegwi, le ministre des Finances, a annoncé au début du mois de septembre que le gouvernement avait alloué la somme de 347 milliards de dollars zimbabwéens (environ 1,02 million de dollars américains au taux pratiqué sur le marché parallèle) à l’achat de nourriture pour 600 000 ménages, qu’il avait identifiés comme souffrant de la faim, du fait des mauvaises récoltes, provoquées par la sécheresse et les graves pénuries de ressources.

Le budget alloué par le gouvernement permettra « d’acheter moins de choses », selon John Robertson, un économiste zimbabwéen, en raison de la dépréciation rapide du dollar zimbabwéen et de la pénurie de devises.

Les taux pratiqués sur le marché noir augmentent considérablement, puisqu’un dollar américain s’échange actuellement contre environ 340 000 dollars zimbabwéens, soit quelque 120 000 dollars zimbabwéens de plus qu’au moment de l’annonce des fonds supplémentaires consacrés à l’aide d’urgence.

Selon Renson Gasela, expert en agriculture et ancien directeur général du Comité de commercialisation des céréales (GMB), un organisme public, « en termes réels », la somme allouée par le gouvernement pour le déploiement alimentaire ne permettra pas d’acheter plus de quelque 40 000 tonnes de céréales.

Afin de prévenir une pénurie alimentaire généralisée, particulièrement à Masvingo et aux Matabeleland Nord et Sud, les provinces les plus touchées, le gouvernement a déjà acheté 500 000 tonnes de céréales à la Zambie et au Malawi ; il reste donc un déficit net de plus de 600 000 tonnes à combler pour satisfaire les besoins nationaux, selon The Herald, le quotidien national officiel.

M. Mumbengegwi a également alloué la somme de 800 milliards de dollars zimbabwéens (environ 2,3 millions de dollars) à l’importation de maïs ; une somme qui permettra également au GMB d’acheter des céréales aux paysans. Selon le journal, le budget alloué permettrait au gouvernement « de prendre les rênes en matière d’aide d’urgence aux victimes de la sécheresse, et de prendre de l’avance sur les organisations non-gouvernementales [ONG] et les bailleurs internationaux, tels que le Programme alimentaire mondial (PAM) ».

La somme semble toutefois dérisoire comparée aux 118 millions de dollars sollicités dans le cadre de l’appel lancé par le PAM en vue d’apporter une aide immédiate à 3,3 millions de personnes sur les 4,1 millions qui, selon les agences des Nations Unies, seront confrontées à de graves pénuries alimentaires d’ici au mois de mars 2008. Le reste sera assumé par plusieurs ONG, dont le Consortium pour l’aide alimentaire d’urgence en Afrique australe (C-SAFE).

Émettre des billets ?

« La réalité, c’est que les coffres de devises de la banque centrale ont été mis à rude épreuve et, comme c’est déjà arrivé par le passé, la Banque de réserves du Zimbabwe va se trouver contrainte d’aller récupérer les devises dont elle a tant besoin au marché noir », a expliqué M. Robertson à IRIN. Le facteur temps sera également crucial en matière d’approvisionnement alimentaire, étant donné que la valeur du dollar zimbabwéen se déprécie rapidement.

Selon les spéculations de M. Robertson, puisque le gouvernement est « lourdement accablé par les dettes intérieures et extérieures », il pourrait n’avoir « d’autre choix que d’émettre des billets et, par là même, d’accroître l’inflation ».

Si le Bureau central des statistiques, un organisme public, soutient que l’inflation est légèrement supérieure à 7 000 pour cent, selon le Conseil des consommateurs du Zimbabwe, un organisme de surveillance, elle aurait atteint plus de 13 000 pour cent. 

« La réalité, c’est que les coffres de devises de la banque centrale ont été mis à rude épreuve et, comme c’est déjà arrivé par le passé, la Banque de réserves du Zimbabwe va se trouver contrainte d’aller récupérer les devises dont elle a tant besoin au marché noir »

A la fin du mois de juin, le gouvernement a annoncé une réduction de 50 pour cent des prix et forcé les commerces à s’y conformer, mais l’entreprise a mal tourné puisqu’elle a abouti à des pénuries généralisées dans les magasins et le secteur secondaire, tandis que les différentes denrées apparaissaient sur le marché noir, à des prix exorbitants.

M. Gasela a expliqué que les silos du GMB étaient « quasi vides » car les paysans n’étaient pas disposés à céder le peu qu’ils avaient récolté au prix dérisoire proposé par le gouvernement.

Le gouvernement est donc revenu sur sa politique de contrôle des prix en août, et depuis lors, les prix ont de nouveau grimpé, compromettant davantage la sécurité alimentaire : à tel point que les pauvres n’ont désormais plus les moyens de se procurer les produits de base, tels que la semoule de maïs, le plat de base.

Le prix du maïs en dollar américain sur trois marchés surveillés - Harare, la capitale du Zimbabwe ; Bulawayo, dans le sud-ouest, la deuxième ville du pays ; et la ville de Mutare, dans l’est – a augmenté de 23 pour cent en moyenne, passant de 1,24 dollar le kilo en juillet à 1,52 dollar le kilo en août, selon le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS-NET) financé par USAID, et qui a utilisé le taux de change officiel révisé de 15 000 dollars zimbabwéens pour un dollar.

Les habitants des régions rurales se sont mis à travailler pour obtenir de la nourriture. Tapiwa Goronga, 48 ans, habite le district de Chikomba, au sud-ouest d’Harare ; il parcourt 15 kilomètres à pied trois fois par semaine pour se rendre au centre commercial du village, où il effectue diverses tâches pour le propriétaire d’un moulin, qui lui donne trois kilos de semoule de maïs en contrepartie.

« Je n’ai rien récolté cette année ; le moulin est mon seul espoir, sans cela, ma femme et mes quatre enfants mourraient de faim ».

f/jk/he/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join