Deux mois après avoir été expulsés d’Iran, Mohammed Alim et sa famille de six, de nationalité afghane, vivent encore dans la précarité dans la province de Hérat, dans l’ouest afghan.
Ils vivent sous une tente dans le camp de Jami, environ 5 kilomètres au nord-ouest de la ville de Hérat, où la femme de M. Alim, Amina, et sa sœur Parwin, s’efforcent des heures durant d’offrir une éducation à leurs trois enfants âgés de cinq à 10 ans, qui ne vont pas à l’école.
« Hormis une tente et quelques ustensiles de cuisine, nous n’avons reçu aucune aide », a expliqué M. Alim, 42 ans, ajoutant que sa famille ne s’était jamais couchée le ventre creux par le passé.
Non loin de là, vit une autre famille afghane démunie. Elle ne peut pas retourner dans le sud de l’Afghanistan du fait de l’insécurité, du manque d’emplois et de toute une série d’autres problèmes.
« Nous avons laissé tous nos biens et nos revenus derrière nous, en Iran », a déploré Abdoul Gafour, membre d’une des familles. « Sans abri ni autres produits de première nécessité, il est très difficile de se construire une nouvelle vie ici ». Depuis le mois d’avril, quelque 200 000 Afghans qui vivaient illégalement en Iran ont été renvoyés dans leur pays d’origine, selon les autorités afghanes.
« Bon nombre de familles expulsées sont pauvres, sans qualification et en état de choc ; leurs vies ont changé en l’espace de quelques heures », a expliqué Fernando Arocena, représentant national de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Aide des Nations Unies
En juillet, les Nations Unies ont versé 5 millions de dollars par le biais du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour alléger les souffrances de milliers de familles afghanes expulsées d’Iran.
Le Fonds a permis à différentes agences des Nations Unies de promettre des aides humanitaires alimentaires et non-alimentaires aux plus vulnérables des personnes expulsées.
« Il s’agit d’une opération globale dans le cadre de laquelle l’OMS [Organisation mondiale de la santé] apporte une aide sanitaire, le PAM [Programme alimentaire mondial] distribue des produits alimentaires, l’UNICEF [Fonds des Nations Unies pour l’enfance] aide les enfants et l’OIM fournit des produits non-alimentaires et une aide en matière de transports », a expliqué M. Arocena.
Selon le représentant national de l’OIM, les familles expulsées ont bénéficié d’une aide qui tient compte de leurs besoins spécifiques.
Les plaintes
Néanmoins, dans les camps de transit des provinces de Hérat et de Nimruz, situées le long de la frontière iranienne, certaines familles déplacées se sont plaintes à la fois de la qualité et de la quantité de l’aide humanitaire qui leur a été apportée.
Photo: Gulam Rasool Hasas/IRIN |
Plus de 200 000 Afghans ont été expulsés d'Iran au cours des cinq derniers mois |
Shojauddin Shoja, conseiller du ministère afghan des Réfugiés et des Rapatriés, a également critiqué l’intervention des organisations humanitaires.
« Malheureusement, nous n’avons pas été consultés lorsqu’il s’est agi de déterminer les besoins urgents et les quantités [d’aide] requises », a expliqué M. Shoja à IRIN, le 13 août.
Les Nations Unies et l’OIM, quant à elles, disent travailler en étroite collaboration avec les autorités afghanes et les organisations non-gouvernementales (ONG) locales en vue de pourvoir aux besoins humanitaires des personnes expulsées les plus vulnérables.
Efforts diplomatiques
En avril, deux ministres du gouvernement afghan ont été limogés pour n’avoir pas su prendre en charge un afflux inattendu de dizaines de milliers d’expulsés. Entre-temps, les responsables afghans ont redoublé d’efforts diplomatiques pour encourager l’Iran à ralentir le processus d’expulsion des Afghans qui vivent et travaillent illégalement dans le pays.
La question a figuré à l’ordre du jour des pourparlers entre le président Karzaï et son homologue iranien M. Ahmadinejad, qui se trouvait à Kaboul le 14 août. « Le président Karzaï demandera l’expulsion humaine, progressive et digne des Afghans qui vivent en Iran », a ajouté M. Shoja.
Plus de 900 000 Afghans sont inscrits sur les listes de réfugiés en Iran et sont autorisés à vivre et à travail sur le territoire iranien, selon le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Néanmoins, des dizaines de milliers de citoyens afghans vivent aussi illégalement en Iran.
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