Malgré l’interdiction des autorités nigérianes, certains propriétaires de fermes avicoles continuent de vacciner les poulets contre le virus mortel de la grippe aviaire ce qui, de l’avis des experts, contribue à augmenter le risque de propagation de l’épidémie.
« Les vaccinations qui n’ont pas été faites correctement ont contribué à propager l’épidémie », a déclaré Mohammed Saidu, responsable du programme de lutte contre le virus H5N1, financé par la Banque mondiale.
M. Saidu et d’autres experts de la grippe aviaire sont inquiets de constater qu’à Lagos, la capitale économique, et dans le nord du pays, de nombreux propriétaires de grandes fermes avicoles achètent des vaccins importés sur des marchés locaux peu réglementés, où l’on trouve souvent des produits contrefaits ou défectueux.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont prévenu que l’utilisation de vaccins non homologués peut entraîner une mutation du virus H5N1 et créer une nouvelle souche, encore plus mortelle.
A ce jour, le Nigeria a officiellement interdit l’utilisation de vaccins pour combattre le virus H5N1. Grâce à l’abattage sélectif des volailles, la mise en quarantaine, la désinfection et la surveillance des zones affectées, le « Nigeria a réussi à réduire l’incidence de la maladie », a indiqué Joseph Domenech, le vétérinaire en chef à la FAO, dans un rapport.
Depuis que le premier cas de grippe aviaire a été détecté au Nigeria, en février 2006, plus d’un million de têtes de volaille ont été abattues dans l’ensemble du pays. Malgré tout, la présence de l’épidémie a été confirmée dans 22 des 36 Etats du Nigeria et des infections sont signalées, aujourd’hui encore, dans 14 de ces Etats.
Une personne est décédée en février dernier à Lagos après avoir été infectée par le virus de la grippe aviaire.
Des campagnes de vaccination ciblées
Selon la FAO, certains pays d’Asie et d’Afrique ont mis en place des programmes de vaccination efficaces qui requièrent, toutefois, un contrôle rigoureux.
La FAO a par ailleurs exhorté le Nigeria à recourir à des campagnes de vaccination dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la grippe aviaire.
« Le Nigeria devrait sérieusement envisager de procéder à des vaccinations ciblées, en cas de besoin, en utilisant des vaccins homologués et en mettant en place des procédures de contrôle rigoureuses », ont indiqué des représentants de la FAO, après une mission effectuée dans le pays au mois de févier.
Toutefois, explique M. Saidu, une telle initiative requiert des études plus poussées.
« Les résultats des études que nous menons actuellement dans le pays nous permettront de prendre les décisions appropriées, en toute connaissance de cause », a-t-il indiqué.
Selon Auwalu Haruna, président de l’association des éleveurs de poulets de l’Etat de Kano (nord), l’épidémie de grippe aviaire a contraint plus de 60 pour cent des membres de son association à mettre fin à leurs activités.
D’après lui, les éleveurs trouvent que les procédures de contrôle préconisées pour lutter contre l’épidémie sont fastidieuses et onéreuses.
« La plupart des éleveurs n’ont ni les moyens ni la volonté de les appliquer », a-t-il ajouté.
Comme d’autres éleveurs, M. Haruna pense que la vaccination est le meilleur moyen d’endiguer la propagation du virus.
« La maladie n’aura pas le temps de se propager car dès que le virus pénètre dans l’organisme du volatile, il est arrêté », a-t-il conclu.
Les conséquences sur les exportations
Malgré tout, la vaccination des volatiles pourrait avoir des conséquences sur les exportations de poulets du Nigeria, en particulier vers l’Afrique du Sud, a révélé un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture, sous le couvert de l’anonymat.
« Certains pays testent nos produits pour vérifier qu’ils ne sont pas infectés par le virus. Or, dès que vous vaccinez les volatiles, des traces du virus apparaissent et les pays importateurs décident ensuite de ne plus acheter nos poulets », a-t-il expliqué.
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