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Les populations payent les conséquences de la pénurie d’eau

Dans le village de Toroli, dans le centre du Mali, le jeune Amadou, 10 ans, juché sur son chameau, attend son père pour l’aider à aller chercher de l’eau, au lieu d’aller à l’école coranique.
 
Comme l’explique son père, Brahima Barry, un berger peulh, Amadou participe à la corvée d’eau pour les besoins de la famille car le puits est situé à plusieurs kilomètres de leur campement.

« Nous devons venir régulièrement faire le plein pour le bétail et la famille », a expliqué M. Barry. « Si l’eau était plus facile d’accès, ça changerait beaucoup de choses dans ma vie », a-t-il ajouté.

En raison de la rareté de l’eau à Toroli, une localité située à plus de 200 kilomètres de Mopti, la capitale régionale, Amadou s’absente de l’école pour aller au puits chercher ses provisions qu’il ramène au campement sur son chameau, après avoir effectué plusieurs allers-retours.

Mais cette eau, impropre à la consommation, peut nuire à la santé et peser sur le budget de la famille de M. Barry lorsqu’un de ses membres doit être soigné dans un dispensaire, pour des complications liées à la consommation de cette eau.

D’après le rapport de l’enquête démographique et de santé menée en 2005 par le gouvernement, au moins 50 pour cent des décès chez les enfants de moins de cinq ans sont dus à des maladies diarrhéiques et à la malnutrition.

Le problème de la pénurie et de la qualité de l’eau est récurrent en Afrique de l’Ouest et dans certains pays désertiques de la région sahélienne, en particulier au Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad.

Le 22 mars, les Nations Unies ont célébré la journée mondiale de l’eau dont le thème cette année était « faire face à la pénurie d’eau ». Le but de cette journée est d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes liés à l’eau.

« La corvée de l’eau occupe une grande partie du temps de la population », a expliqué Mathias Diassana, médecin chef du centre de santé de Koro, une bourgade située à 150 kilomètres de Mopti. « Il n’est pas rare de voir des femmes passer plus de cinq heures à récupérer de l’eau à usage domestique », quand les hommes s’occupent de puiser de l’eau pour le bétail.

Dans le village de Toroli, il y a deux puits. Deux forages ont également été creusés dans l’école et le centre de santé, et la qualité de l’eau y est meilleure. Toutefois, cette eau est payante, ce qui grève le budget de nombreuses familles au Mali où la plupart des habitants vivent avec moins de deux dollars par jour, selon les Nations Unies;
 
« Les populations n’ont pas les moyens de payer l’eau qu’elles consomment et elles ont encore moins les moyens de se cotiser pour contribuer à la construction de forages profonds, car cela coûte très cher », a expliqué le docteur Fayiri Togola, conseiller technique du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) auprès de la direction régionale de la santé de Mopti.

L’eau étant une denrée rare dans cette région sahélienne de Mopti qui s’étend sur 79 000 kilomètres carrés, les habitants recherchent des sources d’eau un peu partout. La nappe phréatique, quand elle existe, se situe généralement à plus de 60 mètres de profondeur, et certains points d’eau ont été asséchés du fait de la sécheresse.

« Dans cette région, il y a beaucoup de localités qui ne disposent pas de point d’eau, même certains centres de santé n’en n’ont pas », a déploré M. Diassana. « C’est pour cette raison que la population cherche des moyens de s’approvisionner dans d’autres endroits tels que les marres et les eaux stagnantes et cela pose de vrais problèmes de santé ».

Dans le centre de santé du village de Koro, a expliqué le docteur Diassana, la diarrhée est le motif de consultation le plus courant après le paludisme.
 
Avec l’appui de l’UNICEF, les agents des centres de santé de Mopti essaient de sensibiliser les populations pour les amener à changer de comportements.

« Nous pensons que pour faire face à ce problème d’eau, il faut d’abord enseigner aux gens les techniques d’épuration d’eau, même si elle n’est pas potable », a expliqué le docteur Togola. D’abord à l’école, car les enfants peuvent être un très bon vecteur de changement de comportement pour la communauté, a-t-il ajouté.

Amadou Mtogo, comme 10 autres habitants du village de Toroli, a été choisi il y a six ans pour faire de la sensibilisation auprès des populations en matière de santé et d’hygiène.

Malgré toutes ces initiatives et « une baisse de la mortalité infantile de 12 pour cent ces cinq dernières années », selon le docteur Togola, les populations fréquentent encore les points d’eau insalubres.

« Vous pouvez éduquer les gens aux bons comportements, mais s’il n’y a pas d’eau potable et facile d’accès, c’est insoluble. Comment voulez-vous que les gens changent, s’ils n’ont pas l’eau nécessaire pour s’alimenter et tenir une bonne hygiène ? Comment voulez-vous qu’ils envoient leurs enfants à l’école quand il faut trouver de quoi survivre au quotidien ? ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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