Un vieil homme barbu s’est lancé dans une sévère diatribe contre des responsables d’agences humanitaires venus rendre visite à une communauté déplacée par le tremblement de terre, et qui vit sous des tentes de fortune, à Muzaffarabad, la capitale du Cachemire, administrée par le Pakistan.
« Nous n’avons pas d’eau, pas d’électricité depuis des semaines », a-t-il crié. « Il n’y a pas de toilettes non plus et les gens tombent malades à cause du froid et de la pluie ».
Près d’un an et demi après le tremblement de terre dévastateur qui a ravagé le nord-ouest du Pakistan, les survivants ont expliqué que vivre dans des abris, qu’il s’agisse de tentes ou de bâtiments préfabriqués, pouvait être insupportable par moments.
« Les organisateurs essaient de nous aider autant qu’ils peuvent, mais parfois les conditions de vie sont très rudes et nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes – à l’exemple de ces égouts à ciel ouvert qui se trouvent tout juste près de nos tentes », nous a confié de sa tente une femme d’un âge avancé, qui a préféré garder l’anonymat.
Les parents expliquent que leurs enfants essaient de vivre dans des habitations exiguës, dans des conditions d’hygiène déplorables et avec un cadre scolaire précaire.
« Je ne me sens pas bien, ici. Mes enfants n’ont pas assez d’espace et nous sommes inquiets à propos de leur éducation », a déclaré un autre homme âgé.
Sur la petite « place du village », formée par un ensemble de tentes alignées, l’octogénaire Roshan Bibi proteste auprès d’un responsable de l’organisation de secours qu’elle avait pris pour un médecin.
« Il fait excessivement froid et ma fille, qui est mère de quatre enfants, ne se sent pas bien. J’aimerais que vous la consultiez », a-t-elle demandé.
Reloger les déplacés
Le tremblement de terre de magnitude 7,6 qui a secoué le nord-ouest du Pakistan le 8 octobre 2005, a fait plus de 80 000 morts ainsi que des dizaines de milliers de blessés, et plus de trois millions de sans-abris. Des centaines de milliers de survivants ont été logés dans des tentes ou d’autres types d’abris provisoires.
Selon les Nations Unies, environ 35 000 d’entre eux sont toujours confinés dans 48 camps au Cachemire, un territoire administré par le Pakistan, la région la plus touchée, et dans certaines parties proches de la Province de la Frontière du Nord-ouest (NWFP) du Pakistan, un territoire limitrophe.
Yasir Josh, directeur adjoint du camp Al Harmain, a déclaré que le plus gros casse-tête du gouvernement et des organisations de secours était la question du relogement des personnes déplacées.
« Certaines d’entre elles n’ont pas de terre et n’ont nulle part où aller. D’autres ont des terres, mais elles sont situées dans la zone rouge –des zones considérées comme dangereuses car sujettes à des glissements de terrain-, a souligné M. Josh qui a précisé par ailleurs qu’un plan en plusieurs étapes avait été élaboré par les autorités pour reloger des victimes du tremblement de terre, avant fin mars 2007.
« Ce sera difficile de les reloger », a confié Naseer Ahmed Awan, président de l’organisation caritative Jammu Kashmir Welfare Association, une organisation locale. « Où vont-ils aller une fois qu’ils auront quitté ces camps ? Au moins ici ils bénéficient d’un abri et ont accès à l’éducation et aux soins médicaux », a-t-il avancé.
Selon Rehman Awan, un spécialiste en mobilisation sociale auprès du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU HABITAT) à Muzaffarabad, il reste un énorme travail à abattre avant de pouvoir offrir des habitations aux sans-abris.
« Selon des estimations du gouvernement, près de 1 200 familles réfugiées n’ont nulle part où aller. Et pourtant, rien n’est fait pour leur venir en aide », a-t-il déploré.
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