« Regardez ma ferme, à perte de vue la situation est bonne », a déclaré Sani Saadou, agriculteur du village de Dakoro. « S’il n’y a pas d’invasion de criquets pèlerins au dernier moment, je vais doubler, voire tripler la production de l’année dernière ».
Pays enclavé, situé dans le nord-centre de l’Afrique, le Niger avait fait la Une de la presse internationale l’année dernière à la suite de la grave crise alimentaire provoquée par les faibles pluies, l’invasion de criquets pèlerins et les prix très élevés des denrées alimentaires de base sur le marché.
La saison des pluies annuelle, qui s’étend généralement de juin à octobre, est le seul moment où les agriculteurs du Niger peuvent cultiver assez de nourriture pour les mois à venir.
« Il y a deux ans, nous avons réellement souffert de la faim. Presque une année sur deux, c’est tantôt la sécheresse, tantôt les criquets ou les rongeurs qui dévastent tout », indique M. Saadou, qui possède une ferme à 800 kms de la capitale, Niamey.
Mais les fortes pluies ont aussi leurs lots de désolation.
Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur les régions de Maradi, Dosso et Tillabery, au sud du pays ont provoquées des inondations faisant près de 47 000 sans-abris. Ces inondations ont également emporté des potagers et dévasté le cheptel.
Cependant, cette saison des pluies, qui a pourtant démarré en retard, a été particulièrement favorable pour les récoltes dans ce pays, en particulier dans le sud, de la ville de Tillabery (ouest), à Maradi et Zinder (est).
« Grâce aux bonnes conditions hydriques observées au cours de la troisième décade du mois de septembre 2006, l’état des cultures est satisfaisant au niveau de l’ensemble des régions du pays, en dépit des infestations maîtrisées et des inondations signalées », indique le dernier bulletin d’information agro-hydro-météorologique.
Les récoltes d'arachides et de sorgho ont également débuté dans les régions de Maradi, de Tahoua et de Zinder.
A en croire les villageois, le bon approvisionnement en céréales des marchés locaux a contribué à la baisse des prix qui ont été réduits de moitié dans certaines régions.
Dans la région de Boboye, à 140 kms à l'ouest de Niamey, le millet se vend à 250 francs CFA (0,48 cents américains) la mesure, au lieu d’un peu plus de 500 francs (1 dollar) il y a six semaines, a déclaré Hama Badjo, chef du village de Fotti-Deye.
Selon M. Badjo, ces prix pourraient encore baisser dans les prochaines semaines, ce qui rendra les céréales plus accessibles aux populations ayant souffert de la pénurie alimentaire l’année dernière.
Les pluies abondantes ont également bénéficié au bétail. L'eau est maintenant disponible dans tout le pays, permettant aux éleveurs d'abreuver leur bétail et leurs autres animaux, a indiqué le bureau météorologique.
« Cette année, nous n’aurons aucun problème pour nourrir nos animaux. Il y a de l’herbe partout et les mares regorgent d’eau », a indiqué Cheffou Hassane, un éleveur de la région de Dakoro, à 120 kms de Maradi.
La plupart des 14 millions d’habitants du Niger, un pays autrefois exportateur net de nourriture, vivent de l'agriculture de subsistance. Pourtant chaque année, le désert gagne un peu plus sur les terres poussiéreuses de ce vaste pays.
Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), près de 70 pour cent de la population du Niger vit en dessous du seuil de la pauvreté et 3,8 millions sont mal nourris.
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