1. Accueil
  2. West Africa
  3. Niger

La vie devient de plus en plus difficile pour les populations nigériennes

Bien que le Niger soit en paix, ce vaste pays sahélien de l’Afrique de l’ouest est peuplé de 12 millions d’habitants et a de plus en plus de difficultés à faire face aux problèmes de pénurie alimentaire. Et pour sortir de cette situation, plus que des sacs de céréales, les populations nigériennes ont besoin d’un engagement à long terme de la communauté internationale pour les aider à sortir leur pays de la pauvreté chronique.

Pays le plus pauvre de la planète, selon les statistiques de l’ONU, le Niger s’est appauvri au cours des 30 dernières années et plus de 60 pour cent des Nigériens vivent avec moins de 1 dollar américain par jour.

« Nous sommes en paix au Niger, c’est vrai… mais nous avons faim », estime Issa Haladou, un habitant de la région de Zinder, l’une des plus touchées par la pénurie alimentaire cette année. « J’estime qu’on ne peut pas tout le temps nous aider avec quelques tonnes de céréales. Ce qu’il nous faut, c’est nous apprendre à nous passer de l’aide », a-t-il ajouté.

Avec de plus en plus de bouches à nourrir et une désertification qui chaque année gagne un plus de terrain dans ce pays aride, le Niger dispose cependant de quelques ressources naturelles lui permettant de lancer des projets de développement économique. Près de 80 pour cent des Nigériens vivent en zone rurale, et 97 pour cent des femmes sont impliquées dans des activités liées à l’agriculture de subsistance.

« Beaucoup de gens sont si pauvres au Niger que la plus petite crise se transforme en catastrophe humanitaire », a expliqué Toby Porter, directeur des opérations d’urgence à l’ONG Save the Children.

« Au Niger, il y a ni guerre, ni groupes rebelles, ni despotes, ni problèmes d’accès à l’aide humanitaire. Juste une pauvreté endémique », a-t-il précisé.

Les pénurie alimentaires…un problème récurrent...

Les pénuries alimentaires sont un problème qui se pose chaque année au Niger, de juin à août, pendant la période de soudure qui précède les prochaines récoltes. L’année dernière, les effets conjugués de la sécheresse et de l’invasion des criquets pèlerins - la plus grave que l’Afrique ait connue en 15 ans - ont considérablement accentué le déficit alimentaire du Niger.

A malnourished child at a Médecins Sans Frontières feeding centre, 12 August 2005, Maradi, Niger. The centre is filled with hundreds of children, many of whom were in a bad condition than they arrived. The children here are fortunate as they are recover
Chaque année, beaucoup d'enfants souffrent de malnutrition au Niger

Les images de nourrissons décharnés diffusées par les médias il y a un an ont permis de déverser des millions de dollars d’aide humanitaire au Niger.

Mais une année plus tard, les travailleurs humanitaires ont attiré l’attention de la Communauté internationale sur les problèmes liés à l’endettement des familles pendant la grave crise alimentaire et l’incapacité de ces dernières à reconstituer leurs réserves de nourriture.

Mi-avril, l’agence des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a résolu plus de 50 000 cas de malnutrition dont 15 pour cent concernaient des enfants souffrant de malnutrition sévère ou tellement affamés que leur vie était en danger.

Selon les statistiques du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA), la situation générale de la sécuritaire alimentaire dans plus d’un tiers du Niger reste précaire, et d’après certains témoignages, les réserves alimentaires se font chaque jour de plus en plus rares dans certaines localités.

...les épidémies...

Dans le même période, la méningite, une maladie endémique qui frappe particulièrement les pays sahéliens d’Afrique de l’ouest, a fait près de 154 morts au cours des quatorze premières semaines de l’année et touché 2 381 personnes, a indiqué OCHA. La région la plus touchée par l’épidémie est Maradi – l’épicentre de la crise alimentaire l’année dernière – ou près 1 320 cas de méningites ont été recensés.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les structures sanitaires sont très insuffisantes, aussi bien dans Niamey, la capitale, que dans les autres centres urbains, alors que dans la plupart des districts ruraux ces structures sont totalement inadaptées.

Résultat : le paludisme – une maladie curable - est responsable de la mort de 50 pour cent des enfants de moins de cinq ans.

Les maladies d’origine hydrique telles que le choléra et la typhoïde, en particulier, font des centaines de morts au Niger où, à en croire l’OMS, seuls 41 pour cent des Nigériens ont accès à l’eau potable.

...puis la grippe aviaire

Et la grippe aviaire vient s’ajouter aux nombreux problèmes de soins de santé et de sécurité alimentaire que connaît le Niger.

En février 2006, la présence du virus mortel H5N1 de la grippe aviaire a été détectée à Magaria, à 200 km à l’est de Maradi, près de la frontière avec le Nigeria où le premier cas de grippe aviaire en Afrique a été décelé.

Beaucoup de travailleurs humanitaires craignent que les campagnes sanitaires concernant l’abattage des volailles infectées ne soient pas assez persuasives. Par ailleurs, faute de moyens financiers, il a fallu plus d’un mois au gouvernement nigérien pour procéder à l’abattage des bêtes. Depuis, l’agence française de développement (AFD) a débloqué les fonds nécessaires, mais à ce jour, seuls 60 pour cent des 25 000 têtes de volaille infectées ont été abattues, selon OCHA.

Pour le FEWSnet, le réseau d’alerte précoce à la famine, la grippe aviaire constitue une menace sérieuse pour l’élevage de la volaille au Niger « et privera certainement les ménages démunis et les femmes, en particulier, d’une précieuse source de revenu ».

La baisse des prix du poulet, consécutive à la confirmation de l’épizootie, pourrait profiter aux éleveurs de bétail et entraîner une hausse du prix de la viande. Mais au Niger, très peu de personnes voient des effets positifs à l’épidémie de la grippe aviaire.

Les éleveurs nomades pourraient profiter de la hausse du prix de la viande, à cause de la grippe aviaire

« L’année dernière c’était la famine, cette année, nous avons la famine et la grippe aviaire. Dans la région de Magaria, et peut-être bientôt ailleurs, les populations, de peur de la grippe aviaire, ont commencé à abattre leur volaille, leur principale source de revenu », a expliqué Harouna Aboubacar, un habitant d’un quartier périphérique de Niamey.

« Si nous sommes confrontés à tous ces fléaux, je pense que ce n’est pas de notre faute », a-t-il ajouté.

Pour certains Nigériens, il faut agir sur la natalité pour que les choses puissent changer. Selon les Nations unies, les femmes nigériennes ont en moyenne huit enfants, le taux de natalité le plus élevé au monde, et un enfant sur trois meurt avant l’âge de cinq ans. En outre, seuls 17 pour cent des adultes savent lire et écrire et le taux d’illettrisme est encore plus élevé parmi les femmes.

« Au Niger, on fait trop d’enfants et les ressources pour les entretenir sont insuffisantes », a reconnu Mani Issaka, un fonctionnaire du ministère de la Santé.

« Mais un proverbe de chez nous dit que la bouche que Dieu fait ne manquera pas à manger ». Mais par les temps qui courent, ce n’est pas évident.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join