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Chute des ventes de volailles et faible sensibilisation à la grippe aviaire

Deux jours après la confirmation officielle de la présence du virus mortel H5N1 de la grippe aviaire, à 12 km de Ouagadougou, la capitale burkina bè, les ventes de volailles ont chuté, et aucune mesure d’abattage systématique, de mise en quarantaine et de vaccination des volailles n’a été prise par les autorités pour empêcher la propagation de la maladie.

Les habitants des 23 villages du département de Saaba et ceux de Ouagadougou ont été informés de la présence du virus sur le territoire national par les médias et par le bouche à oreille. Cependant, selon Madi Compaoré, président du comité de gestion du Centre Médical de Saaba, et d’un comité servant de trait d’union entre la communauté et le personnel médical, bien que beaucoup de personnes se rendent compte que leurs volailles peuvent en mourir, elles ne réalisent pas que la maladie est transmissible à l’homme.

« Beaucoup de gens assimilent la grippe aviaire à la maladie de Newcastle par méconnaissance et il va donc falloir informer et sensibiliser les populations, étant entendu qu’il existe des possibilités de contamination de l’homme par le virus H5N1 », a t-il déclaré à IRIN. A sa connaissance, aucune campagne de sensibilisation et d’information à la maladie n’a été organisée dans la région.

« Nous sommes au début des actions de riposte contre la maladie », a-t-il ajouté. « Nous espérons que des mesures seront prises dans ce sens ».

Jeanne Ouédraogo, agent public de l’Etat Burkinabé en service à Saaba, a été informée par la presse de la présence de la grippe aviaire sur le territoire. Depuis lors, elle ne consomme plus de poulets.

« Moi j’évite de manger la viande de poulet par simple précaution. Ne connaissant pas très bien la maladie, je m’interdis donc la viande de poulet jusqu'à nouvel ordre », explique t-elle.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les volailles et œufs bien cuits ne représentent aucun risque sanitaire pour l’homme, sachant que la transmission n’est possible que dans le cas d’un contact direct avec les bêtes infectées.

Les abattages systématiques n’ont pas encore commencé

Si la consommation de viande de poulet a chuté, contrairement aux abattages massifs qui ont eu lieu en Europe, les autorités burkina bè ne semblent pas avoir pris des mesures visant à imposer l’abattage systématique des têtes de volailles, les contrôles sanitaires ou une meilleure protection des populations. Les marchés regorgent encore de volailles et les petits élevages privés, courants dans la région, n’ont pas encore été contrôlés.

Ainsi, à Saaba, les vendeurs exposent à même le sol et à l’air libre leurs poulets. Pas de mesure d’hygiène ni de grille de protection ; aucun changement de comportement n’est constaté à leur niveau et à les entendre, aucune activité de sensibilisation n’est menée à leur attention.

Or, dès l’annonce lundi par le ministre burkinabé des ressources animales, Toémoko Konaté, de la détection du virus de la grippe aviaire au Burkina Faso, le gouvernement avait promis de prendre une série de mesures, mais à ce jour, celles-ci se sont limitées à la mise en quarantaine et la désinfection de la ferme où les premières têtes de volaille mortes ont été détectées parmi des pintades de l’élevage.

Mercredi soir, une mission conjointe de la FAO et de l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE) est arrivée à Ouagadougou pour évaluer l’impact de l’épidémie et apporter des conseils au gouvernement.

Le gouvernement de Taïwan a également annoncé hier qu’il dépêcherait vendredi une équipe médicale ainsi que des vaccins au Burkina Faso.

Le Ghana voisin a fermé ses frontières à toutes les importations de volailles en provenance du Burkina Faso.

Selon Bernadette Yameogo, Inspectrice de l’enseignement de Base et de l’Alphabétisation à Saaba, les enfants représentent une population particulièrement à risque.

« Je suis doublement inquiète parce qu’il y a des écoles primaires qui pratiquent l’élevage de volaille » a – t- elle- déclaré.

Mme Yaméogo exhorte donc le gouvernement à lancer une campagne de sensibilisation.

«Le gouvernement devrait intensifier la sensibilisation des populations à la base, pour qu’elles connaissent mieux la maladie afin de pouvoir se comporter en conséquence. »

Les vendeurs de volailles évaluent déjà les pertes

La baisse des ventes de poulet affecte directement les populations qui vivent du commerce de volailles.

« C’est la catastrophe », a déclaré Boureima Zongo, qui a établi son commerce de volaille dans un marché périphérique de Ouagadougou, proche de Saaba.

« Je n’ai pas d’autres activités en dehors du commerce de volaille, que j’exerce depuis 35 ans. Maintenant que la grippe aviaire est au Burkina, que vais-je devenir ? Avant que la grippe aviaire n’arrive sur notre territoire, je pouvais écouler 300 poulets par jour ; aujourd’hui, il m’est difficile de vendre 10 poulets par jour».

M. Zongho doit nourrir une famille composée de trois femmes et de 18 enfants.

Ousseïni Sanfo, est vendeur de volaille au marché de Saaba depuis près de 20 ans affirme que depuis lundi midi, il n’a vendu qu’un ou deux poulets par jour, au lieu de la douzaine habituelle.
« Les gens s’abstiennent de consommer le poulet, à cause de cette maladie venue des pays dits développés », a-t-il déclaré, reconnaissant n’avoir jamais entendu parler de la grippe aviaire, mais plutôt de la maladie de Newcastle.

Le prix des poulets a pourtant chuté. Ainsi, avant lundi, le prix d’un poulet variait entre 1 000 Francs CFA (1,80 dollars américains) et 2 000 Francs CFA. Maintenant, il tourne autour des 800 Francs CFA, voire moins.

L’Etat a annoncé mardi qu’il indemnisera certains propriétaires de têtes de volailles, à hauteur de 1 500 Francs CFA (2,80 dollars américains) par volaille.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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