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Des villageois isolés pourraient être confrontés à une grave pénurie alimentaire

Dans une embarcation en bois chargée de vivres et de carburant, Sœur Ruth a entrepris un voyage de près de cinq heures qui lui fera traverser la rivière et la mer pour venir en aide aux populations des villages du nord de la Guinée-Bissau, totalement isolés par les récents combats et les mines antipersonel.

Partie de la ville portuaire de Cacheu, dans le nord du pays, sa pirogue descendra la rivière Cacheu, puis naviguera sur l’océan Atlantique avant d’arriver dans la ville de Suzana.

Les communautés vivant à la périphérie de Suzana et de Varela, deux localités du Nord-Est du pays, sont isolées depuis que les combats qui ont éclaté entre l’armée nationale et les rebelles sénégalais ont rendu impraticable la route reliant les deux villes à la ville frontalière de Sao Domingos, à quelque 40 km à l’Est. Pour les agences humanitaires, cette situation pourrait priver les populations locales de nourriture.

« Le problème fondamental est que la ville de Suzana est totalement isolée », a déclaré Sœur Ruth, qui appartient à la Congrégation des sœurs adoratrices du sang du Christ, installée à Suzana. « Actuellement Suzana vit une situation de famine. Et comme les véhicules ne peuvent plus se rendre ici pour fournir les marchés et les commerces, la population est en difficulté ».

Sœur Ruth est partie de Bissau, la capitale, avec un camion chargé de vivres et elle a parcouru près de 80 km pour se rendre Cacheu où des sacs de riz, du carburant et d’autres provisions ont été chargés dans la pirogue.

Selon les agences humanitaires, il est difficile d’établir le nombre précis des personnes en difficulté à Suzana et Varela.

« Cela reste un mystère. Mais nous essayons d’établir le nombre exact des personnes vulnérables », a déclaré un collaborateur du Comité international de la Croix Rouge en Guinée-Bissau, une organisation qui apporte déjà une aide aux milliers de personnes déplacées par les récents combats.

Les affrontements entre les les troupes bissau-guinéennes et une faction dissidente du MFDC - Mouvement des forces démocratiques de Casamance – ont contraint plus 5 000 personnes à fuir leur domicile. Pour échapper aux attaques d’un groupe rival, les combattants de cette faction dissidente sont entrés en territoire bissau guinéen à partir de la Casamance, la région sud du Sénégal.

Selon les estimations du personnel humanitaire présents dans la région, près de 2 000 déplacés se sont réfugiés dans la ville de Cacheu et quelque 1 500 autres dans la localité d’Ignore. Par ailleurs, beaucoup de personnes se seraient réfugiées dans les forêts de la région.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déjà fourni cinq tonnes de nourriture – du riz, de l’huile végétale et un mélange hautement nutritif de maïs et de soja, et du sucre - aux déplacés, y compris aux 500 personnes qui ont fui vers le nord et traversé la frontière pour se réfugier dans le sud du Sénégal.

La Guinée-Bissau se remet difficilement de longues années d’une guerre civile et la population de ce petit pays ouest africain vit essentiellement de l’agriculture et de la culture de la noix de cajou, en particulier.

Mais les nouveaux combats ont éclaté au moment où les villageois préparaient les récoltes, ont confié de nombreux habitants désabusés. Depuis des années, les affrontements armés et les mines antipersonnel disséminées de part et d’autre de la région frontalière du Sénégal et de la Guinée Bissau ont empêché les populations locales de cultiver leurs champs qui constituent généralement leur seule source de revenus.

Les paysans installés côté sud de la frontière ont également souffert des deux décennies d’une guérilla déclenchée en 1982 par le mouvement séparatiste du MFDC qui exigeait l’indépendance de la Casamance.

Mais depuis la signature en décembre 2004 d’un accord de paix entre le MFDC et le gouvernement sénégalais, la population, qui n’aspire qu’à la paix et la stabilité, a progressivement repris le chemin des champs.

« On veut bien aller en profondeur, mais on a encore peur », a expliqué Djilang Yaffa, membre d’une coopérative de fermes de femmes casamançaises. « Et puis on ne sait pas s’il y a encore des mines dans ces endroits ».

Selon des sources militaires bissau guinéennes, les combattants de la faction dissidente du MFDC ont disséminé de nouvelles mines antipersonnel dans la région.

« Les récents affrontements interviennent à un très mauvais moment pour la Guinée-Bissau, puisque les organisations humanitaires présentes dans le pays tentent d’aider le pays à s’en sortir », a déclaré Marcus Prior, le porte-parole du PAM pour l’Afrique de l’ouest.

« Nos principales préoccupations sont la sécurité des populations prises au piège dans les combats et l’assurance que leurs besoins seront couverts dans les jours et semaines à venir ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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