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La guerre est finie, mais la reconstruction du pays tarde à démarrer

[Liberia] Residents are slowly returning to Kolahun in Lofa County, but rebuilding the smashed up war damaged town is a huge task. [Date picture taken: 12/12/2005] Ansu Konneh/IRIN
Residents are slowly returning to Kolahun in Lofa County, but rebuilding the war-damaged town is a huge task.

Après quatre années passées dans un camp de réfugiés en Guinée, Jangar Kollie a choisi de retourner dans sa ville natale de Kolahun, au nord du Liberia où, comme dans la plupart des autres villes du pays, tout est à reconstruire.

« Lorsque je suis revenu à Kolahun, je n’ai retrouvé aucune de mes trois maisons. Elles ont toutes été incendiées. J’avoue que j’ai fondu en larmes. Tout ce que j’avais gagné avant la guerre avait été investi dans la construction de ces maisons, mais aujourd’hui je dois tout recommencer », a confié Jangar Kollie, la cinquantaine, père de deux enfants et ancien acheteur de cacao.

Kolahun était autrefois une ville agricole prospère de quelque 10 000 habitants. Située dans le comté de Lofa, cette localité s’est vidée des ses habitants au cours des dernières années de la guerre, après avoir subi de nombreux bombardements. Et dans cette ville fantôme, il ne reste plus que quelques pans de murs criblés de balles au milieu d’une végétation luxuriante.

« Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Je peux toujours construire de nouvelles maisons si paix perdure. Je suis très heureux que la vie ait repris à Kolahun », a-t-il ajouté, en s’asseyant sur le sol de sa maison en ruine.

La ville de Kolahun était le fief du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), une de la faction armée qui a attaqué les forces fidèles au président Charles Taylor à la fin des années 1990.

Les élections présidentielles organisées en novembre dernier ont permis de tourner la page des quatorze années de guerre civile qui ont ravagé le Liberia, et les 15 000 casques bleus de l’ONU présents dans ce pays d’Afrique de l’ouest ont rétabli la sécurité dans le pays, désarmé et démobilisé plus de 100 000 ex-combattants.

« Après la restitution de nos armes, nous espérions tous qu’on nous proposerait une formation ou un emploi. Mais ces promesses n’ont pas été tenues. La plupart de nos amis ex-combattants, sont désoeuvrés », a indiqué Moses Daheneh, ancien membre du LURD qui, résigné, traîne lui aussi dans les rues Kolahun.

« Nous nous faisons un peu d’argent en aidant les gens à débroussailler leur maison. Il nous arrive parfois de chasser le gibier dans la forêt », a ajouté Moses Daheneh, la trentaine, vêtu d’un t-shirt tout élimé.

Mais aucun habitant de Kolahun ne s’est plaint du comportement de Daheneh et de ses amis et, à en croire, le maire de la ville, Samuel Kollie, il est même difficile d’identifier les ex-combattants au sein de la population.

Tous les habitants sont solidaires parce qu’ils sont confrontés au manque d’infrastructure et de services de base à Kolahun et chaque jour, de plus en plus de gens reviennent pour participer à la reconstruction de la ville.

« Chaque semaine, près de 25 personnes rentrent d’exil ou des camps des déplacés », a expliqué le maire Kollie.

Selon les Nations unies, plus de 271 000 personnes ont été rapatriées des camps de déplacés vers leurs villages et les villes au Liberia, alors que 42 000 réfugiés ont été rapatriés des camps implantés dans la sous-région.

Mais des dizaines de milliers de réfugiés libériens rechignent à quitter leur pays d’adoption où ils ont vécu pendant une décennie ou plus, se sont mariés et ont fondé des famille, pour redémarrer une vie dans des villes et villages qui portent encore les tristes stigmates de la guerre.

« Je ne peux pas revenir au Liberia. Ma maison a été incendiée et ma sœur assassinée », a expliqué Darling Peah, une réfugiée libérienne vivant au Ghana et qui avait récemment confié à IRIN qu’elle n’envisageait pas de retourner au Liberia tant que la situation n’améliorerait pas.

Le Comité International de la Croix Rouge aide les rapatriés à reconstruire leurs maisons dans le comté de Lofa, mais certains ont choisi de construire des abris de fortune avec des branches de palmier coupées dans la forêt.

Toute la famille prend part à la construction d'une case en branches de palmier coupées dans la forêt voisine

« Nous sommes tenus de construire ces cases pour offrir un toit à nos familles », a expliqué Sékou Kromah, père de cinq enfants, en posant sa machette pour s’éponger le front et faire une pause pour s’abriter du chaud soleil de midi.

Le toit des tôles métalliques de la seule école de Kolahun brille au soleil. Les murs ont récemment été reconstruits grâce à un financement du gouvernement américain.

A l’intérieur des classes, les élèves sont assis sur des piles de briques. A l’école de Kolahun, il y a ni chaises ni tables. L’’école manque de livres et d’enseignants qualifiés et la craie aussi fait parfois défaut.

Wilfred Ballahy y travaille comme maître adjoint, mais il doute que Kolahun puisse retrouver sa vitalité et son âme d’antant parce que les gens ne resteront pas.

« Comment voulez-les vous que les rapatriés aient envie de rester avec tous ces problèmes » ?


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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