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Les sécheresses successives menacent le mode de vie des populations nomades

[Mali] A nomad Tamashek hut in the centre of Goa. Many people have abandoned their traditional nomadic way of life after successive droughts killed off animal herds. IRIN
Une hutte nomade Tamashek dans le centre de Goa, au Mali. De nombreux nomades ont dû abandonner leur mode de vie traditionnel après des sécheresses successives qui ont décimé leurs troupeaux

Lorsque Tashcout Worra Kofan était encore une jeune femme, il lui arrivait de réunir ses enfants, de rouler les nattes de sa case qu’elle fixait sur les flancs des ânes et, avec sa famille et ses bêtes, elle parcourait la région semi-désertique de l’est du Mali à la recherche de pâturages.

Mais en 2004, la sécheresse a décimé les quelques bêtes qui lui restaient et l’a contrainte à abandonner sa vie de nomade.

Tashcout vit toujours dans sa case traditionnelle transportable, mais aujourd’hui elle s’est sédentarisée et ne quitte jamais Gao, la capitale la région et carrefour commercial situé près de la frontière nigérienne.

Un carton portant l’inscription USAID et un vieux sommier complètent le décor de cette case délabrée où tout laisse à penser que ses occupants vont se fixer dans cette ville.

« Auparavant, nous avions beaucoup d’animaux et nous nous déplacions avec eux. Mais toutes nos bêtes ont péri et je suis venue à Gao pour essayer de m’en sortir », a expliqué Tashcout.

« C’est pendant la saison sèche que les bêtes périssaient, et chaque année nous en perdions un peu plus », a ajouté cette vieille femme, qui a élevé cinq enfants dans les plaines arides du désert, au nord de Gao.

Aujourd’hui, Tashcout est grand-mère. Cette femme râblée, aux larges mains calleuses et à la chevelure grisonnante, porte les trois tresses traditionnelles qui recouvrent son front et ses deux oreilles.

« Lorsque j’ai épousé mon mari, nous avions 30 chèvres et deux ânes. Les chèvres ont eu des petits et nous nous sommes retrouvés plus tard avec près de 40 têtes de bétail », a-t-elle expliqué, toute rayonnante.

Tashcout Worra Kofan, au lever du soleil, devant sa case transportable, à Gao

« C’était la belle époque. J’étais jeune et très heureuse », a-t-elle lancé, avant de s’arrêter de balayer la devanture de sa case. Les premiers rayons de soleil commençaient à poindre et la chaleur était déjà accablante.

« Mais les animaux ont péri, la vie est devenue plus difficile et il est impossible de trouver assez de nourriture pour toute la famille », a-t-elle ajouté, en haussant les épaules.

En Afrique de l’ouest, de plus en plus de familles nomades ont été contraintes à abandonner leur mode vie traditionnelle en raison des années successives de sécheresse qui ont décimé leur précieux bétail.

Aujourd’hui, Tashcout est veuve. Elle vit avec ses filles et ses petits-fils, mais aucun d’eux ne travaille.

Tous les matins, elle balaye la devanture des maisons voisines, espérant obtenir en échange quelques pièces de monnaie, ou pile le mil qu’on lui a offert pour ses services.

Des effets comparables à ceux des deux grandes sécheresses des années 70 et 80

Les effets conjugués de la sécheresse de 2004 et de l’invasion acridienne, la plus grave que la région ait connue en 15 ans, sont comparables à ceux des grandes sécheresses des années 70 et 80.

« La situation est certainement plus grave que celle que nous avons connue il y a cinq ans. Les gens la comparent à celle des années 1973 et 1985 », a expliqué Mohamed Ould Mahmoud, le représentant pour le Mali de l’organisation humanitaire Oxfam, basée à Londres.

Dans le village tamachek de Marsi, à quelque 100 km au sud de Gao et à 80 km de la route bitumée, Mohammed A'hmed Ag Moya explique qu’il n’a jamais pu reconstituer le cheptel qu’il a hérité de son père avant la sécheresse de 1985.

La sécheresse a non seulement décimé le bétail, mais elle a aussi contraint les éleveurs à vendre leurs bêtes faméliques à des prix dérisoires pour pouvoir acheter de la nourriture.

« Lorsqu’il ne pleut pas et que nous n’avons rien à manger, nous sommes obligés de vendre nos bêtes pour survivre jusqu’aux prochaines pluies », a expliqué Mohammed, très heureux d’avoir encore cinq chèvres et un chameau.


Mahmoud Abdoulaye, à gauche, le chef du village de Marsi

Selon Christophe Breyne, coordonnateur technique de l’ONG française Actions contre la faim, les pluies qui ont fait pousser l’herbe des plaines entourant Marsi ont permis aux bêtes de reprendre du poids, de mieux se porter et même de se reproduire.

« Mais si les pluies s’arrêtent, la situation sera bien plus catastrophique l’année prochaine..... Nous devons restés vigilants », a indiqué M. Breyne.

La saison des pluies prend fin en septembre et les premières récoltes suivront peu de temps après. Mais à Marsi, où il n’y a ni électricité ni dispensaire, mais rien qu’une école coranique où les enfants apprennent à réciter le Coran, la population a le sentiment que la situation s’aggrave d’année en année.

« La vie de mon père était plus facile que la mienne », a déclaré le chef du village, Mahmoud Abdoulaye.

« Je ne sais pas ce qu’elle réserve à mes enfants. Ma vie serait peut-être meilleure si un de mes fils était magistrat à New York ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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