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Le leader de l’opposition revient au pays dans un contexte de tension

[Guinea] Alpha Conde, the leader of the main opposition party Guinean People's Rally (RPG), returned to Conakry on July 3, 2005 after two years of self-imposed exile. RPG
Retour à Conakry du leader de l'oppositon, Alpha Condé
Après avoir passé deux ans à l’étranger, Alpha Condé, le principal adversaire politique de Lansana Conté, le président guinéen à la santé défaillante, est retourné à Conakry ce week-end, sous les acclamations de milliers de Guinéens, furieux de la hausse du prix des denrées alimentaires, et des conditions de vie déplorables dans cette nation d’Afrique de l’Ouest.

Condé, le leader du principal parti d’opposition, le Rassemblement du peuple guinéen (RPG), avait été l’adversaire de Conté lors des premières élections présidentielles multipartites en Guinée, en 1993.

Lors du scrutin de 1998, il devait être encore une fois le principal rival du président en exercice. Cependant, juste avant les élections, il avait été arrêté près de la frontière ivoirienne et accusé de recruter des mercenaires en vue de renverser Conté.

Le leader de l’opposition a passé deux ans et demi en prison avant de se voir accorder la grâce présidentielle. Toutefois, n’étant pas autorisé à mener des activités politiques, il a décidé de lui-même de partir en exil à Paris.

Dimanche, Condé est retourné à Conakry, la capitale guinéenne, pour le plus grand plaisir des partisans du RPG qui se sont amassés par milliers sur le bord de la route qui conduit à l’aéroport, tous vêtus du T-shirt jaune du parti, à l’effigie de Condé.

« Je ne pouvais pas rater cette occasion », a expliqué Fanta Kaba, une sympathisante. « Désormais, notre situation va s’améliorer. Pour l’instant, nous sommes gouvernés par une bande de bras cassés ».

La foule semblait acquiescer. « Nous avons faim, Alpha Condé, fais quelque chose », ont-ils scandé.

Le prix du riz, la nourriture de base en Guinée, affiche une nouvelle fois une hausse spectaculaire. Aujourd’hui, le Guinéen moyen n’a plus les moyens de s’acheter la précieuse denrée. Sur le marché libre, le sac de 50 kg a presque doublé au cours des douze derniers mois. Il se vend désormais à 100 000 francs guinéens (22 dollars américains) – soit à peu près la moitié du salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire.

Et les prix des denrées alimentaires ne sont pas les seuls à atteindre des sommets. Le prix de l’essence a augmenté de 55 pour cent en mai, ce qui a eu un impact immédiat sur le prix des transports en commun. Les syndicats ont réagi en exigeant que les salaires soient multipliés par quatre.

Entre-temps, l’inflation augmente rapidement, grevant davantage les maigres revenus des happy few guinéens qui ont un emploi. Selon le Fonds monétaire international, l’inflation s’élevait à 28 pour cent en avril. Il y a deux ans, elle ne dépassait pas les 9 pour cent.

Par ailleurs, la tension monte dans ce pays où la moitié de la population (huit millions) vit avec moins d’un dollar par jour.

La police a déclaré que deux camions de riz, escortés par des gendarmes, avaient été pris d’assaut vendredi soir par des bandes de jeunes. L’incident a entraîné la fermeture du marché principal, samedi.

Les attaques de ce week-end ne sont pas sans rappeler les troubles qui avaient ébranlé l’ensemble du pays en juillet 2004, et au cours desquels plusieurs centaines de personnes avaient pillé des camions de riz dans le centre de Conakry et des bandes de jeunes s’étaient livrées à des actes de vandalisme, menaçant de briser des pare-brises si les conducteurs refusaient de leur donner d’argent.

La semaine dernière, Conté, qui souffre de diabète aigu et ne peut plus marcher seul, a prié les commerçants de baisser les prix. Il semblerait qu’il n’ait paas été entendu.

Les transactions sur le riz

L’association des vendeurs de riz a annoncé dimanche que le sac de 50 kg de riz serait à présent vendu à 75 000 francs guinéens (17 dollars américains).

« Je supplie tous les commerçants de s’en tenir à ce nouveau prix pour éviter d’essuyer les foudres d’une population entière d’affamés », a déclaré Mamadou Diallo, le secrétaire général de l’association.

Les commerçants avaient affirmé la semaine dernière que leurs prix étaient élevés en raison du manque de devises disponibles à la banque centrale aux tarifs officiels. Selon eux, ils seraient donc contraints d’acheter des devises fortes sur le marché parallèle, à des taux gonflés par l’inflation.

Sur le marché noir, le taux a enregistré une hausse spectaculaire : le dollar est passé de 2 800 à 4 450 francs guinéens au cours des douze derniers mois.

Diallo a déclaré dimanche que le gouvernement fournirait des devises aux importateurs par l’intermédiaire des banques commerciales.

Reste à savoir si le nouveau prix du riz suffira à apaiser la colère populaire. Le président Conté avait adopté une tactique semblable en 2004, mais celle-ci n’avait connu, à l’époque, qu’un succès temporaire. Les prix étaient remontés, entraînant le licenciement de 100 représentants du gouvernement.

C’est dans ce contexte d’instabilité qu’arrive Condé, le poids lourd de l’opposition.

« En vous déplaçant si nombreux, vous avez montré que lorsque le RPG se dresse, c’est la population entière du pays qui se dresse », a déclaré Condé dimanche, à l’attention de la foule.

« D’aucuns ont dit que l’opposition était anéantie, d’autres, que nous étions à bout de souffle. Aujourd’hui, pourtant, nous avons montré au monde entier que l’opposition était bel et bien vivante et active. Ensemble, nous pouvons sauver ce pays. Il y a eu trop de souffrances », a-t-il poursuivi.

Des représentants du parti ont déclaré à IRIN que Condé, qui a aujourd’hui près de 70 ans, avait quitté Paris pour la Guinée afin d’organiser son parti en vue des élections municipales, qui auront lieu entre le 1er septembre et le 31 décembre 2005.

Selon les analystes, l’avenir de la Guinée dépend de ces élections municipales, qui devront être un succès si la Guinée veut éviter de devenir le prochain Etat « raté » d’Afrique de l’Ouest.

Dans un rapport sur la Guinée publié le mois dernier, l’International Crisis Group a insisté sur le fait que l’opposition, qui avait boycotté les dernières élections présidentielles en 2003, devait absolument participer aux prochaines élections municipales.

« En refusant une nouvelle fois de participer, elle perdrait sa légitimité », selon la cellule de réflexion bruxelloise.

Quant aux diplomates, aux travailleurs humanitaires et aux représentants des Nations unies, ils se montrent tous préoccupés par la santé défaillante du président Conté et s’inquiètent d’une éventuelle vacance. Aujourd’hui âgé de 71 ans, le président, un ancien colonel, est à la tête du pays depuis 1984, date à laquelle il avait pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat.

La Guinée dispose d’un tiers des réserves mondiales de bauxite, le minerai de l’aluminium. Le pays possède également de l’or, des diamants et de grandes réserves, encore inexploitées, de minerai de fer. En outre, grâce à une forte pluviométrie, il a un grand potentiel agricole.

Malgré tout, selon les diplomates et les travailleurs humanitaires, l’incompétence du gouvernement et la corruption omniprésente ont plongé le pays dans un déclin économique qui dure depuis des années. D’après l’Indice de développement humain des Nations unies, la Guinée figure parmi les 20 pays les plus pauvres du monde.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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