D’après les résultats officiels publiés mardi, Mamadou Tandja, ancien colonel à la retraite, a remporté le deuxième tour des élections présidentielles en ayant obtenu 65,5 pour cent des suffrages contre 35,4 pour cent à son concurrent Mahamadou Issoufou -- qui réalise néanmoins un score plus élevé que prévu.
Tandja est le premier président du Niger a avoir terminé son mandat sans avoir été assassiné ou renversé par un coup d’Etat.
“Ce qu’il y a de remarquable dans ces élections, c’est que leur organisation s’est bien déroulée,” a commenté un observateur ouest-africain qui a requis l’anonymat. “Tandja a apporté la stabilité dans ce pays.”
Le Niger est l’un des plus pauvres pays du monde. Il occupe l’avant-dernière place sur une liste de 177 pays les plus pauvres classés selon l’indice de développement humain des Nations Unies.
Près de 60 pour cent des 11 millions d’habitants du Niger vivent avec moins d’un dollar par jour et l’économie du pays dépend essentiellement des maigres revenus de l’exportation du coton et de l’uranium. Selon les estimations des Nations Unies, seul un habitant sur cinq dispose d’un minimum de confort sanitaire et seuls quatre habitants sur dix ont accès à l’eau potable.
Mais des thèmes comme l’emploi et l’éducation ont été relégués au second plan dans la campagne du candidat Tanja qui a préféré axer son discours électoral sur la stabilité du pays.
Selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI), 45 pour cent des cinq millions d’électeurs appelés aux urnes ont voté samedi.
Commentant les premiers résultats qui laissaient entrevoir une victoire du candidat Tanja, le premier ministre, Hama Amadou, a fait remarquer qu’il s’agissait d’un vote de confiance au président sortant.
"Lorsque vous accomplissez correctement votre devoir, le peuple vous en est reconnaissant,” a commenté l’actuel premier ministre.
Les résultats obtenus par Mahamadou Issoufou, le concurrent socialiste et ancien premier ministre, sont cependant bien meilleurs qu’on ne l’espérait. Il a axé les thèmes de sa campagne sur la jeunesse, l’emploi et l’éducation au Niger, un pays où un tiers des enfants sont scolarisés.
Même si Tanja a bénéficié du report favorable des voix de quatre des candidats présents au premier tour, s'assurant ainsi une confortable victoire au deuxième tour, les votes en faveur d’Issoufou ont augmenté de 10 points au deuxième tour, passant de 24,6 pour cent à 34,5 pour cent lors du décompte final des suffrages, a indiqué la CENI.
Mais à en croire certains observateurs, les candidats malheureux du premier tour ont tout simplement cherché à monnayer leur soutien à Tanja.
“Les candidats battus au premier tour ont choisi de se ranger du côté de Tanja pour faire monter les enchères lors de l’attribution des portefeuilles ministériels,” a expliqué un observateur averti. “Il faudra donc être attentif à la composition du prochain gouvernement.”
Selon lui, le premier ministre Ahma Amadou, l’homme qui détient le réel pouvoir, sera probablement reconduit dans ses fonctions.
Consolider la démocratie
Soulignant la consolidation de la démocratie au Niger, qui organisait les premières élections multipartites depuis 1993, Miguel Trovouda, l’un des quelques 90 observateurs envoyés par l’Union européenne et l’Union africaine, a fait remarquer que l’organisation des élections et le déroulement du scrutin ont eu lieu dans des conditions "satisfaisantes et conformes à la constitution et au code électoral."
De vives félicitations ont été adressées à la CENI pour sa parfaite gestion du premier tour des élections présidentielles. La CENI avait la lourde tâche de collecter les résultats des 14 533 bureaux de vote alors que plusieurs de ces bureaux n’étaient même pas joignables par téléphone. Des hélicoptères ont dû être réquisitionnés pour récupérer les urnes dans un pays grand comme deux fois la France.
Dans la course aux 113 sièges que compte la nouvelle assemblée nationale, les six partis politiques ayant soutenu la candidature de Tanja remportent en tout 88 sièges et le parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) de l’opposant Issoufou n’en remporte que 28, a indiqué la CENI.
Le parti du président Tandja, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), remporte 47 sièges dans la nouvelle assemblée.
Dans l’assemblée sortante qui comprenait 83 sièges, le MNSD disposait de 38 sièges et le PNDS 17.
Agé de 66 ans, Tandja appartient à l’ethnie minoritaire des Kanori et a constamment été un acteur de l’histoire politique et militaire du Niger au cours des trois dernières décennies.
Il devient un personnage public à 36 ans en 1974 au lendemain du coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Seyni Kountche qui renversa le gouvernement du président Hamani Diori accusé de détourner l’aide alimentaire destinée aux populations du Niger.
Sous la présidence de Seyni Kountche, réputé pour son combat contre la corruption et sa rigueur dans la relance de l’activité économique, Tanja a été successivement responsable du programme de la lutte contre la désertification, ministre de l’Intérieur, puis ambassadeur du Niger au Nigeria.
EN 1990, Tanja est à nouveau nommé ministre de l’Intérieur par le nouveau chef de la junte militaire au pouvoir, le général Ali Saibou, avec pour mission de combattre l’insécurité naissante dans le nord du pays où des populations nomades s’adonnaient au trafic d’armes et commettaient des actes de banditisme. En 1991, Tanja a fait réprimer une manifestation de Touaregs qui a fait 63 morts.
Tanja a pris les rênes du MNSD en 1991, à une période où les autorités militaires préparaient la transition vers un gouvernement civil et où le Niger était en proie à de graves troubles politiques.
Candidat malheureux aux élections présidentielles de 1993 et 1996, Tanja est de nouveau candidat à la présidentielle de 1999 qu’il remporte après la mort du général Baré Maïnassara, assassiné par sa garde personnelle lors d’une cérémonie sur l’aéroport de Niamey.
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