Dans le rapport d’une mission d’évaluation de la situation alimentaire effectuée le mois dernier dans le pays, les techniciens du Système d’alerte précoce (SAP) du gouvernement malien estiment que plus d’un million de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence.
« Nous avons trouvé que 101 communes réparties sur l’ensemble du pays, avec une concentration particulière à Mopti, Tombouctou et Gao, ont connu des chutes importantes de production et de revenus en cours d’année et risquent de connaître une période de soudure plus précoce et dure que d’habitude, » a déclaré à IRIN depuis Bamako Mamy Coulibaly, Responsable technique du SAP.
La commune de Mopti, à l’est de la capitale Bamako, abrite le delta du fleuve Niger et est le grenier à riz du pays. Celle de Tombouctou, la plus étendue du pays, est coincée entre la Mauritanie à l’Ouest et l’Algérie au Nord-est ; Gao, à l’aspect désertique, abrite le point du Fleuve Niger qui rejoint le Niger voisin.
L’organisation non-gouvernementale Oxfam qui a effectué, début février, une mission de suivi de la situation alimentaire dans la région de Gao, a conclu à une détérioration de la situation alimentaire des populations depuis le mois d’octobre dernier.
Sous l’effet combiné d’une infestation acridienne d’ampleur et de pluies inégalement réparties au cours de la campagne agricole, les populations avaient perdu une bonne partie de leurs récoltes de mil, sorgho et fonio ainsi que les pâturages.
« Dans des villages au nord de Bourem (à 450 km au nord est de Bamako) en zone pastorale, nous avons trouvé de nombreuses carcasses d’animaux autour des villages, des populations amaigries exprimant leur détresse et souhaitant partir, une surconcentration du bétail dans les zones proches du fleuve Niger », a expliqué à IRIN Hélène Berton, Coordinatrice sécurité alimentaire pour Oxfam.
D’après les informations communiquées par les trois partenaires locaux de l’ONG basée en Grande Bretagne, dans la seule région de Gao, près de 100 000 personnes auront besoin d’aide alimentaire d’ici à deux mois, en pleine période de soudure, a précisé Berton.
Pablo Recalde, le représentant du Programme Alimentaire Mondial au Mali, a confirmé la détérioration de la situation alimentaire au Nord du pays.
« La situation alimentaire au nord du Mali est beaucoup plus grave que ce à quoi on s’attendait au vu des prévisions de production données par le CILSS pour cette campagne agricole », a-t-il déclaré à IRIN jeudi par téléphone depuis Bamako.
Au mois de novembre, le Comité Permanent Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), avait estimé au mois de novembre que la production céréalière du Mali serait relativement bonne dans l’ensemble du pays.
Elle avait tout de même prévenu que certaines zones connaîtraient des déficits localisés.
« Tout le long du 15e parallèle, la situation est préoccupante, le bétail meurt, les prix du mil et du sorgho sont déjà très élevés, on assiste à une descente précoce des troupeaux du nord vers le sud, ce qui accentue la pression sur les disponibilités de fourrage », a expliqué Recaldo. « On assiste par ailleurs à un exode de relativement long terme ».
Le 15e parallèle traverse les régions de Kayes, près de la frontière avec le Sénégal, Mopti, et le sud de Gao.
Le PAM, comme OXFAM ont conclu qu’il était nécessaire de mettre en place des programmes d’aide alimentaire aux populations en concertation avec les autorités maliennes.
« Le PAM vient d’approuver une opération d’urgence de distribution de 12 000 tonnes de vivres aux populations les plus démunies ainsi qu’une assistance en vivres contre travail pour les autres », a expliqué Recaldo.
OXFAM, pour sa part, a décidé de fournir des rations alimentaires complémentaires à 2100 familles de la région de Gao pendant deux mois.
Mais les organisations travaillant sur le terrain ont du mal à mobiliser des fonds pour une opération peu médiatisée, et Oxfam a jusque-là dû financer ses opérations d’assistance sur fonds propres.
Le PAM quant à lui n’a reçu que de faibles contributions pour financer son programme d’urgence, a déploré Recalde, ajoutant que le pays souffrait du « syndrome du tsunami » à travers lequel les fonds qui en d’autres temps seraient allés à l’Afrique ont été envoyés aux pays d’Asie du Sud-est ravagés par un raz-de-marée meurtrier à la fin du mois de décembre.
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