Pour éviter que les économies familiales ne soient volées par les fonctionnaires, elle avait transformé leur argent en biens matériels qu’elle avait fait passer comme bagages à la frontière portuaire de Renk, au Soudan du Sud.
C’était il y a plus d’un an.
Depuis, Mme Laki a vécu dans un camp de transit sordide dans le comté de Renk, comme quelque 20 000 autres rapatriés, dont certains y vivent depuis deux ans. Sans les moyens de transporter leurs affaires plus loin, ils sont confrontés au choix difficile de rester à Renk ou de vendre tout ce qui reste de leurs biens familiaux pour se rendre à leur destination finale.
Mme Laki, comme beaucoup d’autres, attend avec ses affaires à Renk. Elle a raconté son histoire à IRIN.
« J’ai 60 ans et je suis originaire de Djouba. Nous sommes partis [au Soudan pendant la] guerre. Ensuite, [nous avons appris] que la paix était revenue dans le Sud et il nous fallait rentrer au pays avec nos enfants.
« J’ai les enfants de ma sœur, car tous dans [ma famille] sont morts. Mes deux sœurs, mon mari, mon frère et mes parents sont tous morts. Je suis la seule qui reste.
« [Avec] le peu d’argent que nous avions, nous avons dû louer le gros véhicule qui nous a emmenées ici. Je suis arrivée le 2 avril 2012.
« C’est une vie terrible ici, il y a tant de serpents qui remontent de la rivière. C’est terrible. Et puis, la pluie, le vent, les moustiques. Nous souffrons de tout cela.
« Et depuis que nous sommes là, on ne nous a donné aucune nourriture. Certains en ont eu, d’autres pas.
« Il n’y a aucun service. Depuis que je suis arrivée ici, je n’ai eu des céréales et un peu d’huile que [le] mois dernier. Il n’y a même pas de bâches pour les maisons.
« Nous allons partir, nous voulons partir. Nous voulons retourner dans notre propre pays. Nos enfants souffrent là-bas et nous, nous souffrons ici.
« Ils nous ont dit que des bateaux à vapeurs viendraient nous chercher. Ils nous ont dit et redit que nous allions partir mais nous attendons toujours.
« Notre argent du Nord, ils ne l’utilisent pas dans le Sud. [La] plupart des gens, [avec] le peu d’argent qu’ils ont, ils ont acheté des choses. S’ils amènent de l’argent, il leur sera pris pendant le trajet. C’est pour ça que les bateaux [barges de transport sur le fleuve du Nil] doivent venir récupérer les affaires.
« En tant que famille, comment vais-je pouvoir recommencer [une nouvelle vie] là-bas à Djouba ? Je suis une vieille femme, j’ai 60 [ans] maintenant. Je n’ai pas d’argent. Je prends ces [bagages] pour les enfants. Et puis à Djouba, s’il n’y a rien, je vendrai [nos affaires].
« En fait, nous devons en vendre [quelques-unes maintenant] mais [nous récupérerons] un peu d’argent et, avec, nous devons acheter de la nourriture. J’ai déjà vendu quelques chaises et un lit.
« Les cliniques ne sont pas bien ici. J’ai un cancer et des problèmes de dos, mais ils ne peuvent pas m’aider. »
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