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Les cultivateurs d’arachides casamançais menacent de bloquer les exportations

Peanuts Wikimedia
Peanuts are a mainstay of Senegal’s economy
Les cultivateurs d’arachides et les producteurs d’huile d’arachide de la province de la Casamance, située au sud du Sénégal, ont menacé de bloquer les exportations d’arachides cultivées localement : selon eux, il n’y a pas suffisamment de noix pour alimenter le marché national et les exportations risquent d’affecter les moyens de subsistance des populations locales.

Les arachides sont disponibles pour l’exportation depuis deux ans ; les trois premiers pays importateurs pour la période 2006-2009 étaient le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Mauritanie. Les producteurs craignent une envolée des exportations en raison de l’intérêt montré par la Chine, la Russie et la République de Corée.

Dans le cadre d’une initiative ambitieuse pour la dynamisation de la production agricole, baptisée GOANA, le gouvernement s’est engagé à accroître la production d’arachides à un million de tonnes par an. Suite à une montée en flèche de la production en 2010, qui s’est traduite par un surplus de noix, le gouvernement a décidé d’ouvrir le marché aux exportateurs.

Lors d’une conférence de presse organisée le 4 décembre à Ziguinchor, la capitale provinciale, la SUNEOR, un producteur local d’huile d’arachide, a demandé au gouvernement de réexaminer la décision relative à l’ouverture du marché des arachides.

« L’ouverture des frontières pour l’exportation des graines d’arachides va menacer l’emploi. La production de cette année ne permettra même pas de répondre aux besoins locaux », a dit Bernard Kamony, secrétaire-général de la SUNEOR, lors de la conférence de presse.

La SUNEOR, qui transforme une grande partie des arachides sénégalaises, indique qu’elle a suffisamment de capacités pour traiter la totalité de la récolte d’arachides, mais suite à l’exportation d’une partie de la production de noix, elle devra se séparer des travailleurs saisonniers qu’elle a embauchés.

« La production nationale est inférieure à 800 000 tonnes, tandis que la demande s’élève à un million de tonnes. L’industrie locale … est prête à acheter la totalité de la production de graines d’arachides aux cultivateurs et même plus », a dit M. Kamony.

L’année dernière, les cultivateurs avaient accepté une augmentation du prix au producteur (de 175 francs CFA à 190 francs CFA), à condition qu’il n’y ait pas d’exportations d’arachides, a-t-il dit.

« Si les autorités ouvrent les frontières, nos emplois seront menacés, car la campagne passée, à Ziguinchor, nous n’avons travaillé qu’un seul mois pour la saison, et des milliers de pères de familles sont au chômage depuis mars 2012...

Menace de fermeture de la frontière

« Les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dictent la protection de l’industrie locale et les autorités doivent en tenir compte dans leurs prises de décision ».

M. Kamony s’est montré inflexible : « Si la décision d’ouvrir les frontières est maintenue, nous nous opposerons à l’État. Nous avons les moyens et les ressources humaines nécessaires pour fermer les frontières », a-t-il dit.

Les arachides représentent la culture de rente la plus importante du Sénégal et quelque 40 pour cent des terres cultivées du pays sont utilisées pour la culture des arachides, selon le Département américain de l’agriculture.

Le directeur de la SUNEOR, Samuel Ndour, a indiqué que l’État pourra ouvrir les frontières lorsque la production atteindra un million de tonnes. Mais, a-t-il prévenu : « Nous avons envoyé une lettre aux autorités. Si elles ne répondent pas, nous leur montrerons ce dont les cultivateurs locaux sont capables ... cela fait une trentaine d’années que nous travaillons dans ce secteur, et nous savons … ce qu’il faut faire pour les graines restent là où elles sont … L’État doit répondre à nos demandes. Si le gouvernement ne le fait pas, on est prêt à bloquer les camions pour empêcher les sorties».

Il a poursuivi : « On est aussi prêt à s’opposer aux étrangers qui sont là pour qu’ils nous laissent nos graines sur place. Si nous devons les trouver dans les villages pour les chasser... nous le ferons… Nous n’accepterons pas la disparition de notre industrie locale », a-t-il dit.

Toutefois, un groupe dissident au sein de la SUNEOR soutient les exportations étrangères, pensant que les cultivateurs peuvent bénéficier de prix plus élevés et de paiements plus rapides.

md/cb/aj-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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