1. Accueil
  2. Asia
  3. Cambodia

Les agriculteurs pauvres pénalisés par le coût des engrais

Le prix de plus en plus élevé des engrais pénalise près de la moitié des deux millions de fermiers que compte le Cambodge ; parmi eux, Lam Leng, 30 ans, exploitant agricole de la province de Kompong Speu, a révélé à IRIN qu’il avait été contraint de cueillir des fruits de palmiers à sucre pour nourrir sa famille, plongée dans la pauvreté.

Plus que l’explosion du prix des vivres, ce qui pénalise Lam Leng, c’est le prix élevé des intrants dont il a besoin pour cultiver son champ. Père de cinq enfants, celui-ci est désespéré.

Le prix des engrais ayant doublé, a-t-il indiqué, il n’a pas eu les moyens, cette saison des cultures, de se procurer des engrais chimiques pour entretenir sa rizière d’un hectare. Or, « sans engrais, la récolte de riz n’est pas bonne », a-t-il expliqué.

Sa rizière asséchée et infertile, Lam Leng a ajouté que sa femme s’était trouvée contrainte de chercher du travail dans une usine de textile, où elle passe de longues journées à confectionner des vêtements pour 50 dollars par mois.

Mais même avec ce salaire supplémentaire, la famille Leng arrive à peine à joindre les deux bouts. Pour Lam Leng, les viandes de porc et de bœuf ne sont plus qu’un souvenir lointain, a-t-il dit, et le fermier parcourt aujourd’hui les rizières pour y glaner les crabes et les grenouilles qui viendront ajouter un peu de protéines au régime alimentaire de sa famille.

Selon Yaing Saing Koma, directeur exécutif du Centre cambodgien pour l’étude et le développement de l’agriculture, environ 50 pour cent des quelque deux millions d’agriculteurs que compte le Cambodge ont été gravement touchés par la hausse spectaculaire du prix des engrais.

« Les petits exploitants ont besoin de crédits pour pouvoir se procurer des engrais », a-t-il indiqué, ajoutant que si le prix du riz restait élevé, les agriculteurs pourraient (peut-être) rentrer dans leurs frais.

L’arrivée sur le marché de semences plus efficaces et de technologies modernes pourrait permettre d’augmenter le volume de leurs récoltes de riz de deux à trois tonnes par hectare, a également indiqué Yaing Saing Koma, ajoutant que l’augmentation du volume des récoltes dépendait aussi de la fertilité des sols.

Au Cambodge, 78 pour cent des 2,5 millions d’hectares de terres agraires sont consacrés à la riziculture et environ six pour cent à la culture de fruits et légumes. Seize pour cent servent à la production de céréales, d’hévéa et d’autres cultures, selon les autorités agricoles.

Quelque 2,6 millions de Cambodgiens extrêmement pauvres

Selon une analyse réalisée en 2006 par l’Institut de recherche en politiques alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM), environ 2,6 millions de Cambodgiens vivent dans une pauvreté extrême et doivent se priver de nourriture, en raison d’une mauvaise gestion des ressources agricoles.

Environ 40 kilomètres à l’ouest de Phnom Penh, la capitale, à Samraong Tong, une commune de la province de Kompong Speu, les agriculteurs versent dans leurs rizières la bouse de vache qu’ils ont accumulée tout au long de l’année dans l’espoir que cela leur assurera une meilleure récolte.

Ces agriculteurs de subsistance disent en effet avoir été contraints de réduire leur utilisation d’engrais chimiques, dont les prix ont enregistré une hausse spectaculaire.

Mais s’il est vrai que la bouse de vache est efficace, les fermiers s’inquiètent à l’idée que la récolte sera nettement moins bonne que les années précédentes : à l’époque, ils pouvaient encore se procurer des engrais chimiques.

Por Bien, un fermier de 55 ans qui cultive un terrain de 1,5 hectare, a expliqué à IRIN qu’il lui était très difficile de s’acheter ne serait-ce que quelques sacs d’engrais pour sa rizière. Un sac coûtait 20 dollars l’année dernière, a-t-il indiqué ; aujourd’hui, il a doublé pour passer à plus de 40 dollars.

« Les engrais sont très chers ; comment pouvons-nous gagner assez d’argent pour nous en acheter ? », a demandé Por Bien, en transportant de gros tas de fumier dans son champ.

D’après Kith Seng, directeur du service de statistiques et de planification du ministère de l’Agriculture, le gouvernement n’a pas de fonds pour fournir des engrais ou des semences de riz aux fermiers défavorisés, sauf lorsque leurs rizières ont été dévastées par des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations…).

Les fermiers auraient également dû accumuler davantage de fumier pour se prémunir contre une incapacité à se procurer des engrais chimiques, a ajouté Kith Seng.

« Les agriculteurs doivent utiliser plus de bouse de vache à la place », a-t-il suggéré.

vr/bj/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join