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Inquiétudes autour des conditions de sécurité et d’une « chasse aux sorcières » à N’Djamena

Les églises, les maisons et les hôpitaux sont toujours bondés dans cette ville frontalière du Cameroun, située sur les rives du fleuve Chari, et où 20 000 à 30 000 Tchadiens ont trouvé refuge après le déclenchement des combats à N’Djamena, le 2 février.

Bien qu’ils n’aient à parcourir qu’une courte distance pour traverser le pont métallique qui enjambe le fleuve et se retrouver en territoire tchadien, les réfugiés préfèrent attendre de voir si le calme est bien revenu dans leur pays, car on ne sait toujours pas où se trouvent les quelque 3 000 rebelles qui ont lancé une offensive contre la ville.

« J’ai trop peur que les rebelles reviennent », a affirmé Alfred Pour Innocent Nodjigoto, qui a rejoint avec sa femme le flux des habitants de N’Djamena qui se sont réfugiés à Kousseri, lundi 4 février, profitant pour ce faire de ce qui devait être une trêve, et non la fin des combats de rue entre les rebelles et l’armée.

« J’ai vu des cadavres pourrir au soleil dans les rues de N’Djamena. J’ai trouvé refuge à Kousseri et j’attends de repartir, mais pas maintenant », a-t-il affirmé.

Crainte d’une chasse aux sorcières

À N’Djamena, la vie reprend son cours normal. Les rues sont débarrassées des cadavres et les magasins rouvrent, malgré le couvre-feu imposé par le gouvernement de 20 heures 30 à six heures du matin.

Cependant, les déclarations faites par le président tchadien Idriss Déby lors de la conférence de presse du 6 février selon lesquelles certains rebelles, qui avaient attaqué la ville, étaient revenus à N’Djamena et étaient entrés au Cameroun ont fait craindre que les civils puissent être pris pour cible dans le sillage des affrontements.


Photo: Dany Danzoumbe/IRIN
Réfugiés tchadiens fuyant N'Djamena, le 4 février. La plupart d'entre eux sont allés au Cameroun, mais d'autres se sont dirigés vers le Niger, le Nigeria et la République centrafricaine

Dans un communiqué publié le 7 février, Tawanda Hondora, adjoint au directeur Afrique d’Amnesty International, a indiqué que l’organisation de défense des droits humains, sise à Londres, était « très préoccupée » de ce que les autorités tchadiennes étaient « sur le point de lancer une chasse aux sorcières de grande envergure contre des membres présumés de l’opposition armée ».

Toujours selon le communiqué d’Amnesty, l’organisation aurait été informée que l’armée se serait livrée à l’exécution de membres de la communauté ethnique qui aurait dirigé l’offensive sur N’Djamena, jetant ensuite leurs corps sans vie dans le fleuve Chari.

« Amnesty International a reçu des informations qui laissent penser que l’armée tchadienne poursuivra les arrestations illégales de civils et de membres de la société civile, notamment de journalistes et de défenseurs des droits humains », pouvait-on lire dans le communiqué.

Quant au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui est actuellement en contact avec les prisonniers de guerre au Tchad, il a déclaré dans un communiqué que plusieurs membres de l’opposition civile à N’Djamena avaient été arrêtés dans le sillage de l’offensive du week-end dernier.

L’aide humanitaire

Parallèlement, les travailleurs humanitaires continuent de se précipiter à Kousseri, une ville industrielle délabrée, située sur les rives du fleuve Chari, alors même que le mouvement des réfugiés, qui avaient fui la ville les 5 et 6 février, s’inverse, ceux-ci commençant à retourner dans leur pays au compte-goutte. Les premiers convois d’aide humanitaire sont arrivés mercredi, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Des vivres, des bâches, des moustiquaires et d’autres produits sont acheminés vers Kousseri depuis un autre site de l’est du Cameroun, qui abrite actuellement des réfugiés de République centrafricaine et depuis d’autres régions.

Quant à la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), elle a dit procéder actuellement à la construction de 500 latrines pour éviter une crise sanitaire dans cette ville surpeuplée.

« Certains vivent dans des hôtels ou sont hébergés par des parents, alors que d’autres sont plus visibles dans les rues »
Le HCR, pour sa part, a affirmé qu’il se préparait à transférer une partie des réfugiés dans un camp plus permanent, à 32 kilomètres de Kousseri.

Réfugiés

D’après Stéphanie Savaraud, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Kousseri, la ville abrite des réfugiés issus de toutes les couches socio-économiques. « Certains vivent dans des hôtels ou sont hébergés par des parents, alors que d’autres sont plus visibles dans les rues », a-t-elle fait remarquer.

Les champs et les rues situés aux alentours de l’église catholique de Kousseri sont envahis par les réfugiés qui se reposent à l’ombre des arbres, pour se protéger du soleil brûlant de midi. Pour Alfred Da, qui s’est enfui avec sa femme et ses enfants, les nuits sont très froides. « Ce sont les intempéries que je crains pour ma famille », a-t-il déploré. « Nous dormons à la belle étoile ».

D’après le CICR, des réfugiés ont également été déclarés dans d’autres pays voisins du Tchad : au Niger, au Nigeria et en République centrafricaine, un pays d’où plus de 50 000 réfugiés ont fui au cours des dernières années pour s’installer au Tchad.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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