Bien que le Swaziland ait enregistré les plus mauvaises récoltes de son histoire et qu’il subisse actuellement les retombées des incendies qui ont détruit cultures et plantations, les bailleurs font la sourde oreille devant les appels à l’aide internationale lancés par le pays.
En juillet, les agences des Nations Unies ont lancé un appel en vue d’obtenir 18 millions de dollars pour pouvoir nourrir environ 40 pour cent de la population du Swaziland – qui compte un million d’habitants – confrontée à de graves pénuries alimentaires. Jusqu’ici, seuls 3,1 millions ont été mis à disposition, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
« Le peu de fonds versé à la suite de l’appel est extrêmement inquiétant. Les réserves alimentaires qui permettent aux populations de survivre commenceront à s’épuiser en septembre et il est fort probable que de nombreux ménages auront consommé les graines qu’ils auraient plantées au cours de la prochaine saison agricole, prolongeant ainsi leur situation d’insécurité alimentaire », a expliqué à IRIN Kelly David, directrice du bureau régional d’OCHA en Afrique australe.
« Sans aide, il n’y a aucun doute que les populations seront confrontées à des pénuries alimentaires graves le mois prochain [septembre] ».
A ce jour, le Programme alimentaire mondial a reçu environ 1,6 million de dollars pour financer ses opérations de secours d’urgence ; et des fonds tout juste supérieurs à 1,5 million ont été alloués à la promotion des programmes d’auto-alimentation tels que les cultures d’arrière-cours et les potagers communautaires.
Les bailleurs sont-ils épuisés par la sécheresse ?
« Le Swaziland souffre de sécheresse chronique depuis au moins 15 ans », a déclaré Chinwe Dike, représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), justifiant ainsi l’attitude de certains bailleurs, qui ont été pour le moins peu prompts à verser des fonds.
« Cela soulève une question importante : le problème de la sécheresse a toujours été traité comme une [situation] d’urgence, et aucune approche à long terme ou de développement n’a été adoptée pour lutter contre la sécheresse chronique », a-t-elle commenté.
« Aucune approche à long terme ou de développement n’a été adoptée pour lutter contre la sécheresse chronique » |
Mais le peu de précipitations enregistrées cette année a été décrit comme le plus grave de mémoire d’homme. « La sécheresse de 2007 est devenue une urgence et a été déclarée catastrophe nationale car, pour la première fois, le Highveld, normalement considéré comme le grenier du pays, a lui aussi été touché », a révélé Mme Dike à IRIN.
Les incendies qui ont ravagé le pays au début du mois d’août n’ont fait qu’ajouter aux souffrances du royaume montagneux, a-t-elle poursuivi. « Ces événements ont également été qualifiés de catastrophes par le gouvernement en raison de leur impact dévastateur sur l’industrie forestière du pays, et de la destruction de logements, et des pertes de bétail et de moyens de subsistance qu’ils ont occasionnées ».
Une situation aggravée, car sous-estimée
La sécheresse et les incendies ont rendu d’autant plus vulnérable une population qui se débattait déjà pour survivre. Bien que le Swaziland ait été qualifié de pays à revenu moyen, le gouvernement estime que les deux tiers de la population perçoivent moins d’un dollar par jour.
Cette classification, de l’avis de certains observateurs, empêche le Swaziland d’attirer l’attention des bailleurs. Les Nations Unies ont lancé un appel à hauteur de 18,9 millions de dollars, destinés à nourrir plus de 500 000 personnes touchées par la sécheresse dans les régions rurales et pauvres du Lesotho voisin, et ont déjà reçu 60 pour cent de la somme demandée.
Photo: WFP/FAO |
La pire récolte, de mémoire d'homme |
Comme l’a indiqué Mme Dike, « il est important de noter que bien que le Swaziland ait été qualifié de pays à revenu moyen, la plupart des indicateurs de développement humain sont ceux d’un LDC [pays les moins développés] ». Les richesses sont très mal réparties et la pauvreté est répandue dans les zones rurales.
A 0,609, le Swaziland présente un des coefficients Gini les plus élevés du monde, selon le PNUD. Le coefficient Gini utilise une mesure entre 0 et 1 pour déterminer la répartition des revenus – plus le coefficient est proche de 1, plus la société est inégale ; plus il est proche de 0, plus elle est équitable.
De plus, « ces catastrophes ont eu lieu dans [un] pays ravagé par le VIH/SIDA. Le Swaziland présente le taux de prévalence du VIH/SIDA le plus élevé au monde : le plus récent taux de prévalence sur l’ensemble de la population s’élève à 26 pour cent », selon Mme Dike.
« Les pressions et les tensions engendrées par ces événements se manifestent par une augmentation des cas de violence sexospécifique, par des crimes, et par une recrudescence de l’abandon d’enfants et des sévices infligés aux enfants ».
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