L’opération d’aide alimentaire destinée aux plus de 100 000 réfugiés bhoutanais qui se trouvent au Népal –l’un des drames de réfugiés les plus anciens d’Asie- est à présent compromise, si des donateurs ne débloquent pas rapidement une assistance dans cette zone.
Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), il faudrait cinq millions de dollars pour se procurer les réserves alimentaires nécessaires aux besoins des réfugiés en 2007. Le PAM dépense environ un million de dollars par mois pour les besoins alimentaires des réfugiés bhoutanais présents au Népal.
« Si nous ne recevons aucune contribution d’ici le mois d’août, il nous faudra commencer à diminuer les rations dès septembre, jusqu’à la réception de nouveaux dons », a dit Dominique Isabelle Hyde, directrice adjointe du PAM au Népal, à IRIN, lors d’une rencontre à Damak, dans le district de Jhupa, dans le sud-est du pays.
Elle a ajouté qu’il fallait environ six à huit semaines pour qu’une contribution en espèces puisse être convertie en produits alimentaires consommables par les populations bénéficiaires.
De telles nouvelles sont tout simplement désastreuses pour Tanka Bahadur Katwal et sa famille, qui vivent depuis 15 ans dans le camp d’extension Beldangi II, l’un des sept camps de réfugiés bhoutanais du Népal.
« Nous avons perdu notre maison ainsi que tout ce que nous possédions », a confié ce père de trois enfants, ajoutant : « [L’aide alimentaire] est tout ce qui nous tient en vie ».
Réfugié dans ce pays depuis le début des années 90, cet homme de 42 ans et tous les autres réfugiés bhoutanais, n’ont pas le droit de travailler légalement hors de leur camp, ni de posséder des terres, ce qui les rend fortement dépendants des rations de riz, de légumes secs, de sucre, de sel et d’huile végétale distribuées toutes les deux semaines.
Aide alimentaire du PAM depuis 1992
Le PAM fournit une aide alimentaire aux camps de réfugiés bhoutanais depuis 1992. La conséquence de cette situation est que l’état nutritionnel des réfugiés est bien au-dessus de la moyenne nationale au Népal.
Chaque mois, plus de 108 000 réfugiés sollicitent une aide alimentaire, dont environ 3000 femmes enceintes et allaitantes, des enfants et des personnes âgées.
« Une diminution de l’aide aurait des conséquences dramatiques pour ma famille et pour beaucoup d’autres au sein de ma communauté », a expliqué Katwal, précisant que les réfugiés aimeraient « que les rations soient augmentées ».
Mais cela risque fort de ne pas avoir lieu, car le manque de fonds est surtout attribué à la lassitude des donateurs, mais également au fait que l’on parle de plus en plus de processus de paix dans ce pays, après quasiment une décennie de conflit entre les forces gouvernementales et les rebelles maoïstes, conflit qui a causé la mort de 13 000 personnes.
« Les réfugiés dépendent de l’aide humanitaire fournie par la communauté internationale –et la nourriture est un élément basique et extrêmement vital », a déclaré Kaoru Nemoto, responsable du bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Damak.
« Ces personnes ont déjà connu des situations extrêmes », a-t-elle ajouté, en décrivant des cas où des rations de produits non alimentaires avaient déjà été réduites, dans le passé.
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