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Les récentes attaques font craindre de graves représailles

L’attaque lancée le week-end dernier contre deux villages de l’Est du Tchad a été la plus meurtrière des six derniers mois, mais les humanitaires craignent des représailles plus graves qui pourraient provoquer l’exode de milliers d’autres personnes.

« Il n’y a pas eu d’attaques d’une telle envergure depuis octobre 2006 », a déclaré mercredi Matthew Conway, porte-parole du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

« Nous redoutons que cela ne déclenche une série de représailles de la part d’une communauté qui chercherait à se venger des agressions qu’elle a subies ».

Selon le HCR, les attaques perpétrées contre les villages de Tiero et Marena ont fait plus de 70 blessés et au moins 65 morts, rien que dans le village de Tiero.

« Nous craignons que ce bilan ne s’alourdisse au fur et mesure que accéderons à d’autres zones » a dit M. Conway.

« D’après certaines informations, de nombreux villageois se cacheraient dans la brousse. Des assaillants tendraient des embuscades pour tenter d’éliminer tous ceux qui auraient échappé à la première attaque. D’autres sources affirment même que des villageois se sont réfugiés au Darfour. Et pour qu’ils aient fui au Darfour dans les circonstances actuelles, c’est qu’ils devaient être bien désespérés », a-t-il ajouté.

La région du Darfour, au Soudan voisin, est en proie à une crise depuis près de quatre ans. Les milices janjawid y pratiquent la politique de la terre brûlée, responsable, selon des agences humanitaires et organisations de défense des droits de l’homme, de plus de deux millions de déplacés et de dizaines de milliers de morts.

Le gouvernement tchadien a accusé lundi les milices janjawid d’être les auteurs des attaques perpétrées le week-end dernier contre les villages de Tiero et Marena, bien que pour les travailleurs humanitaires, l’identification des assaillants ne soit pas évidente.

« Certains témoins et survivants ont affirmé qu’il n’y avait pas que des étrangers dans les rangs des assaillants », a fait remarquer M. Conway. « Des membres d’autres communautés tchadiennes étaient impliqués dans ces attaques et certains assaillants étaient connus de leurs victimes. D’autres rumeurs laissent aussi entendre que les récentes attaques sont des représailles à des meurtres commis par le groupe pris pour cible ce week-end ».

D’après le HCR, entre 2 000 et 3 000 personnes sont arrivées au camp de réfugiés de Goz Amir, près de la ville de Koukou, à environ 45 kilomètres des deux villages, et des vivres et autres produits leur ont été distribués. Le camp abrite déjà plus de 19 000 réfugiés soudanais. Le gouvernement tchadien, pour sa part, a affirmé que les violences du week-end on fait près de 8 000 déplacés.

Des survivants des récentes attaques ont raconté aux HCR et aux agences humanitaires que des hommes, montés sur des chevaux et des chameaux, avaient encerclé leurs villages et ouvert le feu sur les habitants. La plupart des personnes accueillies à Goz Amir sont des femmes et des enfants.

Il est difficile pour l’instant de faire une bonne évaluation de la situation, car les gens sont éparpillés un peu partout, a dit M. Conway. En outre, beaucoup de personnes ont été enterrées dans des fosses communes et il n’est pas possible d’établir un bilan précis des pertes humaines.

Selon les Nations Unies, au moins 140 000 déplacés tchadiens et 235 000 réfugiés soudanais vivent actuellement dans les zones arides de l’Est du Tchad, et les organisations de secours d’urgence et agences humanitaires éprouvent d’énormes difficultés pour leur porter assistance en raison de l’insécurité qui règne dans la région.

Le mois dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait envisagé d’envoyer au Tchad une mission de maintien de la paix pour protéger les civils et surveiller la frontière jusqu’à la fin du conflit.

La proposition de la mission des Nations Unies avait aussitôt été rejetée par le gouvernement tchadien qui avait affirmé, qu’en dehors d’une force de police civile, il n’accepterait aucune présence militaire sur son territoire.

L’organisation britannique de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a exhorté mercredi le gouvernement tchadien à accepter le déploiement d’une force onusienne dans l’Est du Tchad.

« Le gouvernement tchadien n’est manifestement pas en mesure d’assurer la protection de la population civile affectée par la crise dans la région est du Tchad », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty.

La semaine dernière, John Holmes, le nouveau coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies avait prévenu la communauté internationale qu’elle tardait à financer les opérations humanitaires au Tchad et sous-estimait la gravité de la crise.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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