Les attaques quasi-quotidiennes perpétrées contre les villages reculés de l’est du Tchad ont fait plus de 100 000 déplacés et plus de la moitié de ces déplacés ont fui leurs villages au cours des six derniers mois de l’année 2006, a indiqué le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr).
Abdoulaye Affadine est la seule autorité locale à parler de la situation qui prévaut dans la région. Représentant à Goz Beida du parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS), il décrit la situation comme étant une « tragédie sans précédent » au Tchad.
Des milliers de déplacés vivent à Goz Beida et ses environs où ont eu lieu les attaques rebelles les plus meurtrières. Le Président tchadien Idriss Deby avait promis de débloquer quatre milliards de francs CFA (8 millions de dollars américains) pour financer l’achat de vivres et fournir une assistance aux 150 000 déplacés vivant dans cette région isolée.
Mais confronté à une rébellion armée, dirigée par d’anciens officiers des forces armées tchadiennes mécontents du régime en place, M. Deby a été très vague sur le dispositif sécuritaire qu’il compte mettre en place pour défendre les quelque 900 kilomètres de frontière non matérialisée qui séparent le Tchad de la région du Darfour, au Soudan.
S’exprimant mardi matin sur les ondes de Radio France Internationale, en marge du sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba, M. Deby a affirmé que le Soudan était responsable de toutes ces exactions.
Le Président tchadien a par ailleurs indiqué qu’il attend toujours que l’envoi de troupes de l’UA et de la communauté internationale pour sécuriser sa frontière avec le Soudan.
« M. Béchir a conduit un génocide au Darfour, ce génocide qu’il a transporté au Tchad sans que la communauté internationale ne dise quoi que ce soit », a expliqué M. Deby.
Selon certains analystes et organisations de défense des droits de l’homme les causes du conflit sont un peu plus complexes. Elles relèvent d’une dynamique locale de conflits entre les divers groupes ethniques présents dans la région et vivant pour la plupart à cheval sur la frontière avec le Soudan.
« Pour le gouvernement tchadien, le plus important est d’assurer la sécurité des populations », a commenté Theo Murphy, spécialiste du Tchad à l’organisation britannique de défense des droits de l’homme, Amnesty International. Dans le rapport qu’elle a publié cette semaine, l’organisation appelle le gouvernement à accorder plus d’attention aux violences qui ont lieu dans l’est du Tchad.
« Ce que les populations [de l’est du Tchad] veulent avant tout, c’est la sécurité. Elles veulent également des vivres et des médicaments, mais elles peuvent s’en passer si leur sécurité est assurée. Il n’est plus supportable de croiser les bras et de ne rien faire pour leur venir en aide », a conclu M. Murphy.
Mariam Ali Moussa, la responsable de la commission gouvernementale chargée de l’assistance aux déplacés, a confirmé que le gouvernement est particulièrement attentif aux problèmes des populations de l’est du Tchad. Comme M. Deby, elle a condamné les attaques transfrontalières perpétrées par les Janjawid – une milice arabe du Soudan – et a expliqué qu’elles sont la cause des déplacements des populations.
« Ces milliers de compatriotes ont été plongés dans cette situation par les actions cruelles des milices Janjawids et des mercenaires du régime de Khartoum. Ils ne connaissent que la cruauté », a affirmé Mme Moussa.
Des vivres et des produits non alimentaires seront distribués aux 150 000 déplacés de la région d’Ouaddai, Waddi Fira et Salamat, a assuré le gouvernement tchadien. Des agents humanitaires internationaux ont confirmé que les distributions de vivres ont commencé, mais ont critiqué la manière dont l’aide est distribuée.
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