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Deux nouveaux cas de grippe aviaire: entre suspicion et dénégation

Pour les éleveurs avicoles ivoiriens, il s’agit d’un coup monté : le gouvernement a déclaré avoir détecté deux nouveaux cas de grippe aviaire afin de faire ralentir la production locale et dégager des profits en encourageant l’importation de volailles plus chères, à l’approche des fêtes de fin d’année.

« Ici, personne ne croit vraiment que la grippe aviaire existe », a déclaré Ibrahim Bakayoko, un éleveur avicole de la région d’Abatta, à une trentaine de kilomètres au nord-est d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. « C’est la presse qui nous a informés de la présence du virus dans notre région.

Les autorités sanitaires sont venues ici et nous, les éleveurs de volailles, leur avons fait part de notre mécontentement. Tout porte à croire à une manigance visant à ralentir notre production. »

Le mois dernier, le laboratoire vétérinaire central de Bingerville a détecté la présence du virus mortel H5N1 sur deux dindes, à Abatta. Aucun nouveau cas de grippe aviaire n’avait été rapporté en Côte d’Ivoire depuis le mois d’avril.

Pour les autorités sanitaires internationales, l’Afrique n’a pas la capacité d’éradiquer l’épizootie, et encore moins de venir à bout d’une souche qui infecterait les hommes. La grippe aviaire est mortelle pour les oiseaux, au moins 258 personnes ont été contaminées par le virus H5N1 et plus de 154 autres en sont mortes depuis 2003, dans le monde.

Une Conférence internationale sur la grippe aviaire s’est tenue à Bamako, au Mali, au cours de laquelle les participants ont lancé, vendredi dernier, un appel de fonds destinés à lutter contre l’épidémie, particulièrement en Afrique. Les pays ayant été touchés par le virus H5N1 sur le continent noir sont la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Cameroun, le Burkina Faso et le Soudan.

Des moyens de subsistance menacés

En Côte d’Ivoire, quelque 2 000 volatiles ont été abattus en avril dernier, après la découverte d’un foyer de grippe aviaire. En outre, les autorités ont commandé des millions de vaccins afin de contenir la propagation du virus.

L’Afrique manque à la fois de moyens techniques (laboratoires et infrastructures sanitaires adaptées) et de fonds pour faire face à l’épizootie. Les mesures préventives qui incluent notamment l’abattage des volatiles ont de lourdes conséquences sur des communautés déjà démunies qui vivent de la vente des volailles et autres produits fermiers.

Invoquant la récente menace de grippe aviaire sur le territoire ivoirien, le gouvernement a décidé de baisser de moitié la taxe à l'importation sur la volaille, en Côte d'Ivoire, afin de satisfaire la forte demande des consommateurs pendant la période des fêtes de fin d’année.

« Nous sommes contre cette décision. Le gouvernement veut nous enlever notre gagne-pain. Il veut tuer la filière avicole », Jean-Marie Aka, président de l'Interprofession avicole ivoirienne (IPRAVI). « Il faut que les gens sachent que les poulets importés des pays voisins et de l’Ouest vont être déversés sur le marché local comme les déchets toxiques et personne n'aura la preuve que ces poulets sont sains. »

Des mesures pour contenir l’épidémie

Le docteur Bian Tano, chargé de programme auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a indiqué que 76 oiseaux avaient été abattus dans la ferme où les cas de grippe aviaire avaient été découverts. En outre, des mesures de surveillance générale ont été prises afin de circoncire la menace.

« Grâce à des mesures sanitaires, comme l’abattage des deux dindes d'élevage traditionnel infectées et la vaccination des volailles qui se trouvaient dans la même ferme que les dindes, l’épidémie a pu être contenue », a expliqué le vétérinaire Kanga Kouame, coordonnateur national de la lutte contre la grippe aviaire.

En mai dernier, après la découverte d’un foyer de grippe aviaire à proximité d’Abidjan, le gouvernement ivoirien avait interdit toute importation de volailles. En outre, il avait exhorté les éleveurs avicoles à adopter des mesures de santé, d’hygiène et de sécurité strictes et à vacciner davantage de volailles afin de lutter contre l’apparition de nouveaux cas.
L’interdiction a finalement été levée au mois de septembre.

Des éleveurs toujours septiques

Les éleveurs ont menacé de perturber la filière avicole si leurs réclamations n’étaient pas prises en compte. Pour beaucoup d’entre eux, la production avicole est leur seule source de revenus. Selon des experts internationaux de la grippe aviaire, des programmes plus efficaces doivent être mis en place pour indemniser les éleveurs dont les volailles ont été abattues.

L’élevage d’Ibrahim Bakayoko compte 5 000 poulets, dont plus de la moitié sera vendue d’ici la fin de l’année. Les éleveurs ivoiriens ont indiqué qu’ils s’apprêtaient à mettre 2,5 millions de volailles sur le marché pour satisfaire la demande des fêtes de fin d’année.

Les habitants d’Abatta souhaitent que de nouvelles mesures soient prises afin de déterminer les origines des dindes infectées, car selon eux les deux volatiles ne proviennent pas de Côte d’Ivoire.

« Personne en Côte d’Ivoire n’élève de dinde », a rappelé Ibrahim Bakayoko. « C’est la raison pour laquelle nous nous demandons comment elles sont arrivées jusqu’ici. »

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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