Les actions mises en œuvre par la communauté internationale pour réduire les effets du réchauffement de la planète doivent contribuer à renforcer les capacités des pays africains en matière d’observation climatique, a déclaré Achim Steiner, le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) au cours d’une conférence de presse à Nairobi, la capitale du Kenya.
« Les pays africains peuvent ainsi trouver des solutions mieux adaptées à leurs différents problèmes sectoriels - de l’agriculture aux soins de santé - et les bailleurs comprendront mieux les besoins actuels et futurs de l’Afrique », a expliqué M. Steiner.
En effet, un nouveau rapport de l’ONU relatif à l’impact des changements climatiques sur le continent estime que la montée du niveau de la mer pourrait détruire près de 30 pour cent des infrastructures côtières en Afrique. Les aménagements humains le long du Golfe de Guinée et des côtes sénégalaise, gambienne et égyptienne pourraient être submergés du fait du réchauffement de la planète, selon le rapport du Secrétariat de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CCUNCC).
D’ici les années 2080, le rendement des cultures de base comme le sorgho au Soudan, en Ethiopie, en Erythrée et en Zambie, le maïs au Ghana, le mil au Soudan ou les arachides en Gambie pourrait baisser de cinq pour cent du fait du réchauffement de la planète.
Les changements climatiques pourraient également provoquer des catastrophes naturelles telles que des sécheresses extrêmes et des inondations dont les conséquences seraient désastreuses pour la vie des quelque 812 millions d’Africains, précise le rapport.
Ironiquement, l’Afrique est le continent qui produit le moins de gaz à effet de serre responsable du changement climatique.
Autre problème majeur : la pénurie d’eau. Elle touche près de 480 millions de personnes et selon le rapport, d’ici les années 2085, l’Afrique pourrait perdre entre vingt-cinq et quarante pour cent de ses habitats naturels.
« Un renforcement significatif des capacités des pays en africain en matière d’observations climatiques et météorologiques doit également être envisagé dans le cadre des actions et des réponses de la communauté internationale », a ajouté M. Steiner.
Selon le rapport du CCUNCC, quelque vingt-cinq pour cent des stations météorologiques en Afrique australe et de l’Est ne fonctionnent pas et les autres équipements, pour la plupart, sont sous-exploités.
« Le continent africain est le plus vaste de toutes les terres émergées tropicales et avec 30 millions de kilomètres carrés, il représente un cinquième de la superficie totale de la planète. Et pourtant, les systèmes météorologiques en Afrique sont plus obsolètes et délabrés que ceux des autres continents », a déploré Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météorologie.
« Il y a également de graves conséquences dans les zones de haute montagne comme le Mont Kenya et le Mont Kilimanjaro dont les glaciers, la calotte glacière et les eaux de ruissellement sont importants pour l’approvisionnement en eau des populations.
L’Afrique aurait besoin de 200 stations météorologiques automatiques. Par ailleurs, d’importants efforts devront être réalisés pour la récupération de données historiques et le renforcement de la formation et des capacités en matière de prévisions climatiques et météorologiques », a-t-il ajouté.
La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques coïncide avec la deuxième session de la Conférence des parties au protocole de Kyoto, une convention par laquelle les pays signataires s’engagent à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Plus de 6 000 délégués venus du monde entier sont attendus à Nairobi et participeront à la conférence qui se tiendra du 6 au 17 novembre.
Le rapport complet du CCUNCC est disponible sur le site : http://unfccc.int/
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