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Prendre en charge les patients VIH à Kibera, le bidonville de Nairobi

Environ 600 000 personnes s’entassent à Kibera, le plus grand bidonville de la capitale kényane, un assemblage de baraques au toit de tôle où les épidémies, sida, tuberculose et paludisme, font des ravages, selon des agents de santé. A en croire le docteur Marjory Waweru, responsable d’un centre de santé établi par la Fondation africaine pour la recherche médicale (Amref), 50 pour cent des patients atteints de tuberculose sont séropositifs, tandis que 40 pour cent des personnes souhaitant se faire dépister sont infectés au VIH, comme 14 pour cent des femmes reçues dans les services de soins prénatals. Nombreux sont ceux qui ont échoué à Kibera après avoir quitté les zones rurales, à la recherche d’un avenir en ville. Rares sont ceux qui parviennent à réaliser leurs rêves et la prostitution est souvent le seul moyen de subsistance des jeunes filles du bidonville. Tandis que les plus jeunes négocient les passes à une vingtaine de shillings kenyans (soit 0,30 dollar américain), juste de quoi manger, les femmes vendent des ‘mandazi’ (des beignets frits), assises sur des tabourets qui jouxtent les égouts, d’où émane une odeur pestilentielle. Pour soutenir les habitants de Kibera, où les infrastructures sociales font cruellement défaut, l’Amref a ouvert un centre de santé communautaire pour environ 97 000 personnes, qui se veut un modèle de ce qui peut être fait dans des zones aussi défavorisées que Kibera, a expliqué le docteur Waweru, responsable du centre. «Nous soignons les malades, nous distribuons des antirétroviraux (ARV) aux patients séropositifs, nous proposons des conseils et nous améliorons les services d’eau et d’assainissement», a-t-elle ajouté. Le centre propose également divers services visant à améliorer la qualité de vie des habitants : il distribue de la farine fortifiée aux personnes qui en ont besoin, s’acquitte des frais de scolarité des enfants orphelins et propose des prêts pour que les habitants de Kibera puissent ouvrir des petits commerces, a décrit le docteur Waweru. A proximité du centre, une rangée d’échoppes, proposant des chaussures comme des téléviseurs, témoigne de la vitalité des programmes de microfinance. «Les gens doivent être en mesure de gérer des activités lucratives afin d’améliorer leur niveau de vie, de quitter le bidonville ou de payer les médicaments lorsqu’ils sont malades», a souligné le docteur Waweru. Les ARV que prescrit l’organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) dans la clinique de Gatwekera, au cœur de Kibera, sont gratuits. Environ 560 personnes en reçoivent, sur les 2 000 patients séropositifs qui sont suivis par les médecins de l’ONG depuis 1997. Selon Florencia Maghanga, l’infirmière en charge de la clinique, les malades redoutent souvent de ne pas être en mesure de se nourrir correctement, faute d'argent. «Un grand nombre de personnes refusent de commencer un traitement ARV car elles savent qu’elles ne pourront pas le suivre correctement», a-t-elle expliqué. «Ces gens se déplacent souvent, parfois pendant plusieurs jours, pour trouver du travail afin d’acheter la nourriture dont ils ont besoin, ce qui les oblige à interrompre le traitement.» Mais malgré les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent, des habitants séropositifs de Kibera tentent de vivre le mieux qu’ils peuvent, aidés par Charles Omondi, 36 ans, qui n’hésite pas à parler ouvertement du VIH. «Je ne suis pas malade», a-t-il dit. «Je suis séropositif.» Charles Omondi a rejoint l’équipe de MSF pour encourager la communauté de Gatwekera à demander des conseils, à se faire dépister au VIH et à commencer un traitement. Selon lui, sa vie prouve que le VIH n’est pas synonyme de mort. «Vivre de manière optimiste convainc les autres qu’ils peuvent vivre de la même façon», a-t-il expliqué. Cependant, Charles Omondi n’a pas toujours été l’homme optimiste et serein que l’on connaît aujourd’hui. «Lorsque j’ai appris que j’étais séropositif, je ne l’ai pas accepté. J’ai poursuivi ma formation d’instituteur, mais mes maladies à répétition m’empêchaient d’étudier correctement», a-t-il confié. «Finalement, un des amis m’a conseillé d’aller à la clinique de MSF, ce que j’ai fait. Là-bas, on m’a donné des conseils et on m’a assuré que je n’étais pas en train de mourir», a-t-il dit. «Puis j’ai annoncé ma séropositivité à ma mère, puis à mon entourage.» Après trois années de traitement ARV, M. Omondi travaille, son état de santé s’est amélioré et il est fiancé à une jeune femme séropositive, avec laquelle il imagine désormais l’avenir. «Une des choses que je préfère chez ma fiancée, c’est que, comme moi, elle est décidée à vivre coûte que coûte», a-t-il confié.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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