Les deux plus puissantes centrales syndicales de Guinée, la Confédération nationale des travailleurs guinéens (CNTG) et l’union syndicale des travailleurs guinéens (USTG) - qui totalisent à elles seules près de 80 000 adhérents - ont appelé à la grève après la rupture des négociations avec le gouvernement.
Les rues de Conakry étaient quasi désertes, très peu de taxis et bus de transport circulaient en ville. La majorité des fonctionnaires avaient aussi suivi le mot d’ordre de grève et les boutiques et administrations étaient restées fermées.
Dimanche, le gouvernement avait décrété la fermeture de tous les établissements scolaires du pays, y compris des lycées et des universités.
« La nuit dernière, le gouvernement s’est rendu compte que la cause était perdue », a expliqué à IRIN un syndicaliste, le lendemain de la rupture des négociations.
Ces dernières années, le Guinéen moyen a de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts. Le prix du riz, l’aliment de base dans ce pays ouest africain de huit millions d’habitants, a presque doublé entre janvier 2004 et novembre 2005, le sac de 50 kg étant passé de 50 000 francs à près de 85 000 francs. Aujourd’hui, le même sac de riz coûte 100 000 guinéens – 22 dollars américains – soit plus de la moitié du salaire mensuel d’un fonctionnaire.
Et alors que le franc guinéen se déprécie chaque jour un peu plus par rapport au dollar, le prix de l’essence a considérablement augmenté ces derniers mois, aggravant le taux d’inflation et rendant encore plus difficile la vie des guinéens.
L’inflation, qui était inférieure à 28 pour cent en 2003 et à moins de dix pour cent en 2001, a dépassé les 30 pour cent au deuxième trimestre 2005, selon le ministère de l’Economie et des finances.
Et malgré les menaces de sanctions que le ministre du travail, Ibrahima Keira, entend prendre à l’encontre des fonctionnaires qui s’absenteraient sans raison valable, Louis Mbemba Souma, secrétaire général du syndicat des enseignants, a confié à IRIN lundi que son mouvement poursuivrait la grève.
« Il y a trop longtemps qu’on nous raconte des histoires », a-t-il déclaré. « Cette fois-ci, même si cela doit durer des mois, nous poursuivrons notre mouvement et obtiendrons ce que nous exigeons du gouvernement ».
Et alors que la grève se durcit, les étales du marché de Madina restent vides et le centre hospitalier de Donka fonctionne au ralenti.
« Nous suivons le mouvement de grève et offrons un service minimum », a expliqué un infirmier de l’hôpital.
« Et si nous ne sortons pas de cette impasse dans les prochains jours, nous serons contraints de fermer l’hôpital. Je sais qu’en tant que professionnels nous ne devrions pas le faire… mais ça suffit maintenant ».
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