« Il est inadmissible qu’un pays ne puisse pas avoir accès aux revenus générés par la vente de ses propres ressources naturelles », a déclaré Abbas Mahamat Tolli, le ministre tchadien des Finances, dans un communiqué publié vendredi.
La semaine dernière, la Banque mondiale avait suspendu tous les nouveaux prêts relatifs aux projets en cours d’exécution dans plusieurs secteurs, ainsi que le versement de 124 millions de dollars américains déjà affectés au pays, après la décision du gouvernement tchadien de modifier des clauses importantes d’une loi destinée à améliorer les conditions de vie des populations démunies.
La mesure prise par la Citibank est la conséquence directe de la modification de la loi portant gestion des revenus pétroliers, telle que stipulée dans l’accord entre le Tchad et la Banque mondiale, a déclaré vendredi Marco Mantovanelli, le porte-parole de la Banque.
La Banque mondiale avait exigé des autorités tchadiennes des mesures visant à la réduction de la pauvreté – dont la création d’un fonds pour les générations futures - en échange de son soutien financier à un projet de développement pétrolier de 3,7 milliards américains. L’oléoduc long de 1 000 kilomètres et inauguré en 2003, part des champs pétrolifères de Doba, au sud du Tchad, pour aboutir au terminal pétrolier off-shore de Kibri au Cameroun, dans l’océan Atlantique.
Dans un communiqué de presse, M. Tolli a déclaré que le gel de ce compte était « entièrement injustifié », ajoutant que le gouvernement « prendrait les mesures appropriées pour revendiquer les droits légitimes du peuple tchadien ».
Le projet pétrolier Tchad-Cameroun, dirigé par le consortium ExxonMobil- était considéré comme un modèle de gestion, permettant d’assurer que la manne pétrolière du pays bénéficierait aux pauvres du pays.
En modifiant la loi portant gestion sur les revenus du pétrole, le Tchad a supprimé le “fonds pour les générations futures”, permettant au gouvernement de rediriger une partie de la somme destinée à la « réduction de la pauvreté » vers la sécurité de l’Etat, désormais promue au rang de secteur prioritaire.
Selon le gouvernement tchadien, l’accès à une plus grande partie des revenus pétroliers était nécessaire pour faire face à une crise fiscale et à une instabilité grandissante dans le pays.
Mais pour la Banque mondiale, la décision du gouvernement de modifier cette loi inédite constitue une « rupture matérielle » de l’accord sur la gestion de la manne pétrolière conclu en 1999 entre le Tchad et la Banque mondiale.
Les représentants de la Banque affirment cependant que les bailleurs ne claquent pas la porte et restent ouverts au dialogue avec le gouvernement tchadien pour trouver une solution.
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