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Le président Conté exhorte les commerçants à baisser le prix des denrées alimentaires

Un an après les manifestations contre la cherté de la vie qui ont secoué la capitale, le prix du riz, l’aliment de base en Guinée, a subi une hausse bien trop importante par rapport au pouvoir d’achat du guinéen moyen, mais le gouvernement semble incapable de contrôler la situation.

Mercredi dernier, le président Lansana Conte a rencontré les principaux commerçants importateurs de riz du pays et, au cours d’une longue intervention radiotélévisée, leur a demandé avec insistance de réduire le prix de leur produit.

Conte avait tenté l’année dernière de subventionner certaines distributions de riz à Conakry a la suite des manifestations contre le coût élevé des denrées alimentaires qui ont secoué la capitale au mois de juillet ; mais cette fois-ci, le gouvernement est économiquement exsangue et n’a plus les moyens d’offrir ces subventions.

Alors que des douzaines de personnes tentaient d’organiser une manifestation pour protester contre la cherté de la vie dans un quartier périphérique de Conakry, Conte s’adressait aux hommes d’affaires, leur demandant de faire "preuve de compassion et de réduire le prix des produits de base".

Mais le président malade qui souffre de diabète aigu et ne peut plus se déplacer seul, a reconnu qu’il ne pouvait pas obliger les commerçants et les marchands à réduire le coût de leurs produits. "Je ne peux pas vous obliger à vendre vos produits à des prix qui ne vous feraient perdre de l’argent. Je n’ai pas le droit de le faire. Tout ce que j’attends de vous, c’est un peu de compassion pour les personnes pauvres", a-t-il ajouté.

Au nom des commerçants guinéens, Mamadou Diallo, secrétaire général de l’association des commerçants a répondu en fustigeant la rapide dépréciation du franc guinéen qui a entraîné l’année dernière un doublement du prix du riz importé.

Selon lui, la Banque centrale n’avait plus de devise étrangère à un taux officiel. Les importateurs ont été contraints d’acheter des devises fortes à un taux très élevé sur le marché parallèle. "L’absence de devise étrangère à la Banque centrale a déclenché cette flambée des prix", a conclu Diallo.

Sur le marché parallèle, le taux de change pour un dollar est passé en 12 mois de 2 800 francs guinéens à 4 450 francs guinéens, aujourd’hui.

Dans la même période, le sac de riz de 50 kilos vendu au marché libre a pratiquement doublé de prix, passant de 60 000 francs à près de 100 000 francs. Le prix actuel du sac de riz équivaut à peu près à la moitié du salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire.

Entre-temps, le taux d’inflation grimpe rapidement, réduisant encore plus le maigre pouvoir d’achat des Guinéens qui ont la chance d’avoir un emploi. Selon le Fonds monétaire international, le taux d’inflation en Avril était de 28 pour cent, contre un taux d’inflation à un chiffre, il y a deux années.

"Mon salaire ne suffit plus à nourrir ma famille", s’est plaint Yoro Diallo, un enseignant dont le salaire mensuel est de 200 000 francs (45 dollars).

Selon certains témoins, des manifestations apparemment spontanées ont été déclenchées par des personnes qui scandaient des slogans hostiles au gouvernement. Une dizaine d’entre elles a été arrêtée après l’intervention des forces de l’ordre.

Ce incident relativement mineur rappelle les grèves générales de juillet dernier aux cours desquelles, plusieurs centaines de personnes en colère ont, à Conakry, pillé des camions chargés de sacs de riz. Au cours de ces mêmes manifestations, des groupes de jeunes ont rançonné des automobilistes, en les menaçant de casser le pare-brise de leur voiture s’ils ne leur donnaient pas de l’argent.

Conte avait alors réagi en ordonnant que le sac le riz soit vendu à un prix modéré de 40 000 francs, et qu’une certaine quantité de riz soit réservée et proposée aux populations les plus démunies au prix 26 000 francs le sac.

Mais cette vente subventionné de riz a été un échec. Les prix se sont remis à grimper quelques temps après et le Président a limogé près d’une centaine de fonctionnaires en charge de l’exécution du programme de distribution de riz subventionné.

Il n’y a pas que le prix du riz qui a augmenté de manière exponentielle en Guinée ces derniers temps.

Le prix du carburant a connu une hausse de 55 pour cent en mai avec une répercussion immédiate sur le coût des transports publics. Réagissant à cette nouvelle flambée des prix, les syndicats ont demandé une augmentation de 400 pour cent de leur salaire.

"Ce pays ne peut pas survivre dans ces conditions", a confié à IRIN un diplomate occidental qui a suivi le discours télévisé de Conté au cours duquel il exhortait les commerçants à réduire les coûts de leurs produits.

Ancien colonel de l’armée, le président Conté est arrivé au pouvoir à la faveur du coup d’état de 1984. Depuis lors, il dirige d’une main de fer ce pays d’Afrique de l’ouest de huit millions d’habitants.

Diplomates, travailleurs humanitaires et représentants de l’ONU ne cachent pas leur inquiétude quant à l’avenir de la Guinée lorsque Conte, âgé aujourd’hui de 71 ans, disparaîtra de la scène politique. Conté n’a désigné aucun successeur connu, l’opposition est désunie et faible et le pays est profondément divisé entre trois grand groupes ethniques.

"La Guinée est en passe de devenir le prochain Etat en faille d’Afrique de l’ouest ", a prévenu dans son rapport publié en début de mois l’International Crisis Group (ICG), une cellule de réflexion basée à Bruxelles.

Le pays détient un tiers des réserves mondiales de bauxite, le minerai utilisé pour la fabrication de l’aluminium. Il possède également de l’or, du diamant et d’importants gisements de minerai de fer. De plus avec un taux de pluviométrie très élevé, le pays dispose d’un fort potentiel agricole.

Mais pour certains diplomates et travailleurs humanitaires, la mauvaise gouvernance et la corruption endémique ont contribué au déclin économique inexorable de ce pays. Selon l’indice de développement humain des Nations unies, la Guinée fait partie des vingt pays les plus pauvres du monde.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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