Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Nous avons faim !” ou “Distributions gratuites de vivres !”, près de 2 000 personnes ont manifesté dans les rues de Niamey, selon la Coordination démocratique de la société civile (CDSC). De sources policières, un millier de personnes environ auraient pris part a la manifestation.
Plus de 3 millions de nigériens sont confrontés à la famille à la suite du déficit céréalier et de l’invasion acridienne qui a dévasté l’année dernière la végétation de ce pays aride, ont indiqué les autorités nigériennes.
Près de 15 pour cent de la production céréalière moyenne et 40 pour cent du cheptel ont été détruits au Niger, état d’Afrique de l’ouest figurant parmi les deux pays les plus pauvres du monde, selon les estimations des l’ONU, et où 63 pour cent de ses 12 millions d’habitants vivent avec moins d’un dollar par jour.
Les organisations non gouvernementales présentes sur le terrain ont enregistré un taux de malnutrition très alarmant chez les enfants de moins de cinq ans et, selon Médecins Sans Frontières (MSF), un enfant sur cinq pourrait souffrir de malnutrition dans les régions de Tahoua et de Maradi, au sud du Niger.
“La CDSC pense que lorsque la population a faim elle doit bénéficier d’une aide alimentaire et avoir droit à des vivres”, a expliqué à IRIN jeudi Moussa Tchangari, le porte-parole de la CDSC.
Selon les autorités locales et les travailleurs humanitaires, étant donné que leur greniers sont presque vides actuellement, de nombreux paysans commencent à consommer des plantes sauvages et d’autres creusent des termitières dans l’espoir de trouver des graines laissées par les insectes.
“Ces gens n’ont plus d’argent et peuvent mourir; le gouvernement ne devrait pas leur demander de payer les céréales”, a déploré Tchangari.
Parce que le Niger est souvent confronté à des déficits céréaliers, les autorités ont mis en place un système de banque alimentaire qui assure la distribution de céréales dans les zones où les réserves de vivres sont insuffisantes. Grâce à ce système, les habitants peuvent, par exemple, acheter 100 kilos de mil à un prix modéré de 10 000 FCFA (20 dollars américains), soit la moitié du prix proposé sur le marché.
Selon Seydou Bacari, coordonnateur de la cellule de crise alimentaire du gouvernement, les autorités ont déjà fourni 42 000 tonnes de céréales à des prix subventionnés et créé plus de 1 200 centres où les gens peuvent travailler et être rémunérés en vivres ou en espèces.
Le gouvernement n’est pas contre le principe d’une distribution de vivres, mais il n’a ni les moyens financiers ni les céréales pour apporter une telle aide.
“Allons-nous donc distribuer les maigres ressources dont nous disposons et nous tourner les pouces, ou trouver un mécanisme qui permettra à un salarié d’acheter sa ration alimentaire avec le peu d’argent qu’il gagne ?” s’interroge Bacari.
Mais le gouvernement, a-t-il ajouté, n’a pas les 43 milliards FCFA (86 millions de dollars) qu’il faut pour acheter les 223 000 tonnes de céréales de nécessaires pour alimenter les nigériens affamés.
“Nous avons lancé un appel à l’aide internationale, mais nous n’avons eu aucune réponse”, a-t-il précisé.
Le mois dernier, l’ONU avait lancé un appel aux bailleurs pour recueillir plus de 16 millions de dollars pour l’aider à face à ce qu’il a appelé la "crise silencieuse" du Niger.
Jeudi dernier, le bureau de Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCAH) a indiqué que jusqu’à présent aucun dollar n’a été donné.
Pour Bacari, même si les ressources financières étaient disponibles, il serait difficile d’acheter suffisamment de céréales car les pays voisins sont également affectés par la crise.
Près de six millions de personnes dans la région semi-désertique du Sahel, en Afrique de l’ouest, sont confrontées à la famine après l’invasion acridienne de l’année dernière et la sécheresse qui ont détruit les cultures et les pâturages.
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