Selon OCHA, l'insécurité des ONG a conduit à une rupture des approvisionnements en nourriture et en eau potable des déplacés.
A en croire le responsable des affaires humanitaires à Bunia, Modibo Traoré, la dégradation de la situation sécuritaire affecte directement quelque 65 000 personnes installées principalement dans les camps de Kafé, Tché et Gina qui se situent entre 40 et 70 km au nord et au nord-est de Bunia, la ville principale de la province d'Ituri près de la frontière ougandaise.
Les ONG présentes dans la région ont cessé toutes activités dans le secteur nord de Bunia concerné par les récents incidents.
«Il n'y a plus de matériel médical dans les camps de Kafé et Tché depuis que Médecins sans frontières (MSF) s’est retiré», a indiqué Traoré. «Le camp de Tché n'a plus d'eau potable car la pompe ne fonctionne plus. L’ONG Oxfam, qui s'occupe de l'entretien de la pompe, n'y a plus accès maintenant.
Cette situation aura de graves conséquences sanitaires et des risques de diarrhée ou de maladies d'origine hydrique sont à craindre».
L’ONG Action Agro Allemande (AAA) venait de distribuer des vivres à 2 950 familles (environ 5 personnes par famille) dans le camp de Kakwa lorsque des casques bleus bangladeshi sont tombés dans une embuscade dans le village voisin de Kafé. Neuf soldats ont été tués et onze autres blessés.
«Nous avons immédiatement annulé la distribution d'aliments prévue pour 650 familles supplémentaires», a indiqué lundi à IRIN Rudi Stelz, le responsable de l'ONG allemande. «Notre action est très limitée actuellement».
Stelz a aussi rappelé l'incident au cours duquel des personnels de l'AAA ont été pris en otage mercredi dernier par des miliciens de la communauté Héma à Lopa, à 70 km au nord de Bunia.
Selon lui, alors que des travailleurs humanitaires distribuaient des denrées à 1600 familles, des miliciens de l'Union patriotique congolaise (UPC) les ont «contraints à s’allonger sur le sol, les ont injuriés et ont tenté de subtiliser leurs camions».
«Nous avons dû demander l’intervention de la MONUC [la mission de l'ONU de la RDC]», a-t-il dit.
Les miliciens ont pris la fuite lorsqu'un contingent de casques bleus marocains est intervenu.
La situation à Bunia est devenue «beaucoup plus tendue», affirme Stelz, depuis l'assassinat des forces de maintien de la paix.
«Samedi dernier, des Lendus ont été attaqués par des Hémas dans un marché de Bunia avant de les poursuivre à travers la ville. Cette attaque est un signe de mauvaise augure», a conclu Stelz.
OCHA a réuni lundi les travailleurs humanitaires opérant dans le secteur nord de Bunia et fait le point sur la situation sécuritaire.
Alors que les travailleurs humanitaires attendent une amélioration de la situation sécuritaire, le sort des déplacés internes s'aggrave.
Selon Stelz, plusieurs programmes de sécurité alimentaire, notamment la distribution de semences et d'outils à 13 000 familles du nord de Bunia, ont du être interrompus au début de la saison des pluies, un moment très important pour les populations.
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