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Un pont culturel pour promouvoir la santé maternelle

Ving, 30, has delivered all four of her children alone and has never heard of a midwife Natalie Bailey/IRIN
En 2010, pour la première fois depuis plus de 20 ans, 140 sages-femmes ont obtenu leur diplôme au Laos, mais les spécialistes craignent que leurs compétences ne soient pas exploitées, car les femmes laotiennes n’ont pas l’habitude de rencontrer des visiteuses sanitaires.

Seules 34 pour cent des femmes laotiennes consultent des professionnels de santé. Et elles sont encore moins à consulter un professionnel durant leur grossesse, selon les données gouvernementales de 2009-2010.

A l’hôpital régional de Luang Prabang, à quelque 200 kilomètres au nord de la capitale, Vientiane, Magdalen Muraa, une volontaire qui travaille pour le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) assure la formation de 20 sages-femmes qui doivent obtenir leur diplôme en février 2012.

Malaipon, 24 ans, qui comme beaucoup de Laotiens n’a qu’un seul nom, est venue à l’hôpital régional, distant d’un kilomètre, pour l’une des quatre visites prénatales recommandées. « C’est la première fois que je viens dans un hôpital et j’étais stressée à l’idée de venir, » a t-elle dit.

En moyenne, les étudiantes en pratique de sage-femme voient 60 mères par jour et assistent à 100 accouchements par mois, a indiqué Mme Muraa.

Quoique ces chiffres soient assez réduits pour un hôpital qui dessert des milliers de personnes, cela représente tout de même une certaine forme de réussite si l’on compare avec les services souvent vides dans les zones non urbaines, a dit Della Sherratt, la coordinatrice internationale des accoucheurs qualifiés auprès de l’UNFPA, basée à Vientiane.

Mme Sherratt a commencé à travailler avec le gouvernement au Laos en 2009 pour former davantage de sages-femmes, afin d’essayer d’améliorer le terrible bilan du pays en matière de mortalité infantile et maternelle.

Le manque traditionnel d’attention consacrée à la santé maternelle a contribué au fait que le Laos est le troisième pays sur 161 – pays disposant de données sanitaires fiables - le plus dangereux pour y soigner un enfant malade. C’est ce que révèle le dernier Indice d’accessibilité des travailleurs de santé de Save the Children, qui mesure non seulement le nombre de travailleurs sanitaires, mais également leur impact.
 
Midwives in training at Luang Prabang's regional hospital
Photo: Natalie Bailey/IRIN
Sages-femmes en formation à l’hôpital régional de Luang Prabang
Le classement tient compte de la facilité d’accès des femmes aux soins d’urgence durant l’accouchement et place cette paisible nation socialiste juste derrière le Tchad et la Somalie, deux pays dont les infrastructures médicales ont été ruinées par des décennies de conflits.

La mortalité maternelle était de 405 décès pour 100 000 naissances vivantes et la mortalité infantile de 70 décès pour 1 000 ; ces chiffres sont les plus récents qui soient disponibles et datent de 2005.

La réalité rurale

La situation est bien différente de celle de Luang Prabang à 14 kilomètres du centre de santé dans la province d’Oudomxay au nord du pays : un groupe de femmes et d’hommes du village de Moonmeuang interrogés par IRIN ont dit qu’ils ne savaient pas ce qu’était une sage-femme. 

La plupart ont accouché seules ou avec l’assistance de leur mère. Beaucoup ont perdu un bébé ; certaines en ont même perdu cinq. « J’ai quatre petits, » a dit Hom, 36 ans, qui n’a aussi qu’un seul nom. « C’est seulement parce que mon dernier bébé est mort avant terme que je suis allée à l’hôpital. »

Dans ce village et d’autres villages de montagne similaires qui sont difficiles d’accès, les femmes ont l’habitude d’accoucher toute seules. Et comme Hom, les femmes ne vont généralement au centre de santé, empruntant l’unique véhicule du village, que quand elles sont confrontées à des complications sévères ou qu’elles se rendent compte que leur bébé est mort. Ces centres de santé voient en moyenne entre 10 et 30 femmes par semaine, a indiqué Mme Muraa.

Selon le recensement de 2005, 73 pour cent de la population laotienne, qui est de 6,3 millions, vit dans ce genre de zones isolées.

Visibilité

Pour faire la promotion des services de sage-femme à des gens qui n’ont même pas un mot pour en parler, on s’est efforcé d’habiller les étudiantes d’un uniforme rose vif et d’organiser des stages communautaires de huit semaines faisant partie intégrante de la formation. Les enseignants encouragent les étudiantes à se rendre dans la dizaine de villages dont elles sont responsables pour frapper à chaque porte, de case en case.

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« Ce n’est pas quelque chose qu’on peut mettre en place rapidement et ça ne sert à rien de faire comme si c’était le cas, » a dit Mme Sherratt, à propos de l’effort déployé pour réduire les taux de mortalité maternelle et infantile au Laos. Cet effort, a t-elle ajouté, nécessite qu’on y mette de la passion.

« Si vous êtes un bon professeur, vous pouvez enseigner cette passion, » a t-elle dit.

Toutefois tenter de dépasser les traditions culturelles, comme les conseils de grand-mère selon lesquels il faut accoucher seule à la maison, peut être une entreprise assez délicate, a rappelé Mme Muraa.

« Il nous faut faire preuve de tact pour intégrer les soins de santé dans la culture, » a t-elle dit. « Mais si nos sages-femmes se contentent de rester au centre de santé et d’attendre la venue des mères, cela ne marchera pas. »

Le Laos dispose de 859 centres de santé et le gouvernement a l’intention de mettre en place une sage-femme dans chaque centre d’ici 2015.

nb/pt/mw-og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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